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Pour essaimer, l'innovation pédagogique doit être formalisée (I. Robin, après la journée de l'innovation)

Paru dans Scolaire le mercredi 13 avril 2016.

"Beaucoup d'enseignants innovent sans en référer à personne", mais ceux qui participaient à la journée de l'innovation le 30 mars sont passés par la formalisation de leur projet, une étape souvent difficile à franchir mais nécessaire à son essaimage, estime Isabelle Robin qui, au sein de la DGESCO, a organisé cette journée. Elle répond aux questions de ToutEduc (voir aussi ToutEduc ici).

ToutEduc : La trentaine d'innovations présentées représente-t-elle la réalité de l'innovation sur le terrain ?

Isabelle Robin : Nous recevons, depuis la création de cette journée en 2011 (voir ToutEduc ici), 400 à 600 dossiers chaque année. Ce sont, presque exclusivement, des groupes d'établissements, des établissements, ou au moins des équipes, qui nous adressent leur candidature et ce qu'on voit n'est donc que la partie émergée de l'innovation. Quand un enseignant prend en compte la situation particulière d'un élève, il adapte son enseignement, ce qui l'amène à innover. De plus, beaucoup considèrent qu'ils font simplement leur travail, et ne souhaitent pas lui donner une visibilité particulière. Il faut aussi compter avec les freins à l'innovation que sont les coûts en matériel, par exemple pour monter une radio locale, mais surtout le coût en énergie. Formaliser une démarche prend beaucoup de temps. D'autres ont soif de reconnaissance, et il est légitime que le travail effectué soit reconnu.

ToutEduc : Que leur apporte cette journée ?

Isabelle Robin : C'est une vraie promotion de l'innovation, et celle-ci constitue, dans tous les métiers, un gage de la bonne forme de la profession, elle témoigne d'une manière de bien vivre le travail, de rompre avec les routines... A la naissance du département, en 2010, le ministère avait deux ambitions, faire connaître et reconnaître l'innovation, et en rapprocher le monde de l'enseignement scolaire de celui de la recherche. C'est pourquoi ces journées comportent à la fois la présentation d'actions et des conférences de chercheurs en éducation. Nous avons gardé cette idée d'un point de rencontre.

ToutEduc : Et en quoi ces journées font-elles évoluer la vision qu'a l'institution de l'évaluation des innovations ?

Isabelle Robin : Nous savons aujourd'hui qu'il ne faut pas toujours attendre des effets à court terme. Il est de plus pratiquement impossible d'isoler un facteur déterminant. Ces actions prennent en compte l'élève dans sa dimension d'apprenant, mais aussi globalement, dans un projet éducatif qui concerne tout son être. Ce ne sont pas des expériences de laboratoire, et c'est toujours toujours un faisceau de variables qui influent sur leur réussite. Tout n'est pas mesurable, même si nous devons objectiver ce qui peut l'être. Nous avons besoin de rigueur, de recherches mais également de prudence : comment savoir au juste quelle aurait été la trajectoire d'un élève sans tel dispositif dont il a bénéficié ?

ToutEduc : La ministre s'est attardée sur de nombreuses présentations. En quoi est-ce important pour vous ?

Isabelle Robin : Le soutien de la ministre contribue à renforcer la visibilité de l'innovation, pour que davantage d'équipes s'engagent... Et ces journées posent des questions au sein même de l'institution. Les lycées qui ont une forte "plus-value" sont-ils ceux où les enseignants innovent ? A quelles conditions les innovations des uns peuvent-elles constituer des réponses aux difficultés et aux questions que se posent leurs collègues ? Ces journées ont mis en évidence l'importance de leur formalisation. Lorsqu'on a un projet, on voit très bien où on veut amener les élèves, mais le fait de l'écrire, de l'inscrire dans un format, oblige à expliciter des objectifs qui n'étaient pas toujours évidents au départ, de mettre à plat des éléments observables, les résultats attendus, et cela fait évoluer le projet. Sans ce travail, aucun essaimage, aucune appropriation par d'autres enseignants, n'est possible.

ToutEduc : Parmi ces 30 projets, quel est votre préféré ?

Isabelle Robin : C'est le projet qui a reçu le prix du public. J'adore son titre, "Joie de vivre au lycée", c'est tout un programme, l'idée que la joie de vivre va passer par les apprentissages. Mené dans deux classes du lycée professionnel "Ile de Flandre" à Armentières (Nord), il vise à "donner davantage de sens aux enseignements généraux (littéraires et artistiques) par la pratique de la pédagogie de projet en s'appuyant sur les compétences professionnelles acquises et en cours d'acquisition" (voir le site Eduscol, ici).

Propos recueillis par P. Bouchard, relus par I. Robin

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