Corps unique de psychologues: les réactions des organisations et syndicats
Paru dans Scolaire le samedi 04 juillet 2015.
Du Syndicat national des psychologues qui salue "un moment historique pour l'Éducation nationale" ou encore une "avancée historique" dans un communiqué conjoint regroupant les organisations de psychologues de l'Éducation nationale et plusieurs syndicats, à la réaction du SGEN-CFDT qui "ne voit toujours pas concrètement ce que les personnels ont à gagner", l'accueil de la création d'un corps unique de psychologues de l'Éducation nationale, annoncée par le ministère le 1er juillet dernier (lire ici), ne semble pas faire l'unanimité. C'est néanmoins une majorité de syndicats, et ce dans un contexte de grogne suscité par la réforme des collèges, qui accueille avec satisfaction cette annonce qui constitue, selon eux, une véritable reconnaissance de la fonction.
Pour le SNP, les organisations de psychologues*, les syndicats des premier et second degrés de la FSU, SNUIPP et SNES, et le SE-UNSA, cette évolution constitue en effet une vraie reconnaissance de "l'apport des psychologues de l’Éducation nationale", comme le souligne la FSU dans son communiqué du 2 juillet. "Avec les spécificités qui sont les leurs: proposer de l'aide et de l'accompagnement psychologiques, prévenir les difficultés et le décrochage, favoriser l'adaptation et les transitions entre cycles, contribuer à l'élaboration des projets scolaires et professionnels des adolescents, participer au travail des équipes pluri-professionnelles au sein du service public d'éducation".
Satisfaction globale mais des attentes notamment en termes de recrutement
Si la plupart des syndicats saluent le projet, tous se déclarent néanmoins "attentif[s]" voire "vigilants" face à la traduction réglementaire de cette décision qui se fera via un décret attendu pour le printemps 2016. Ils expriment également des attentes fortes, notamment en ce qui concerne la formation et le recrutement qui devra être mis en oeuvre d'ici 2017.
Du côté de la formation, si le SNP se félicite de "l'ouverture des concours à tous les masters professionnels mention psychologie et à toutes ses spécialités", ouverture qui garantit selon lui "un recrutement de professionnels aux domaines de compétences et de connaissances les plus sûres et les plus élargies", le SGEN-CFDT, syndicat le plus septique face à cette annonce, s'inquiète que "la notion de conseil en orientation, identifiant fort du métier de COP, risque d'être mise à mal par l'accent mis, aux yeux des usagers, sur la psychologie". Il estime également que "la formation, conçue comme une année supplémentaire post-master, ne garantira pas la reconnaissance de la qualification professionnelle des futurs psychologues". Plus vague, la FSU évoque juste "des points à préciser pour le cursus de formation post concours". Mais celle-ci réclame avant tout "une augmentation conséquente des recrutements afin de remplacer les départs en retraite et d'améliorer la prise en charge au sein des RASED et des CIO".
Tous déclarent également vouloir être attentifs aux futures conditions d'exercice de la profession mais deux organisations en particulier, les syndicats de la FSU ainsi que le SGEN-CFDT, estiment nécessaire de revoir les régimes indemnitaires. "Non harmonisés par le haut", regrette le premier, "profondément[s] inégalitaire[s]" selon le second. Cette refonte doit passer, selon la FSU, par "une revalorisation significative des psychologues du premier degré".
A noer également que le SGEN n'approuve pas la décision du ministère de réserver l'accès à la fonction de direction de CIO "aux seuls psychologues titulaires de la spécialité 'Éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle'". Une décision, prise selon lui, "sous la pression du SNES" et qu'il juge "inacceptable". Le syndicat en appelle le ministère à "maintenir son engagement initial de permettre l'accès à cette fonction pour tous les psychologues comme cela avait été acté".
* ACOPF (Association des conseillers d'orientation psychologues de France), AEPU (Association des enseignants-chercheurs de psychologie des universités), AFPEN (Association française des psychologues de l’Éducation Nationale), FFPP (Fédération française des psychologues et de psychologie)
Camille Pons