Délinquance des jeunes : une publication pour nourrir le débat sur l'ordonnance de 1945
Paru dans Justice le mardi 27 janvier 2015.
L’ouvrage collectif "La délinquance des jeunes" (sous la direction de Laurent Mucchielli) que La Documentation française vient de faire paraître est destiné aux "policiers et gendarmes, magistrats, travailleurs sociaux et techniciens des collectivités territoriales", mais peut-être aussi aux éducateurs et aux enseignants. A la veille de la célébration du 70 é anniversaire de l’ordonnance sur la justice des mineurs du 2 février 1945 et de l’annonce d'une réforme destinée à maintenir un droit des mineurs spécifique mais "contemporain" selon l’entourage de la garde Sceaux, Christiane Taubira, l’ouvrage présente une étude de la délinquance à travers "la longue durée historique" et permet de comprendre les enjeux du prochain débat parlementaire.
Le point d'orgue en sera la "césure pénale" qui organiserait en deux temps, séparés de 6 mois minimum et 12 maximum, un différé entre le prononcé de la reconnaissance de responsabilité de faits délictueux ou criminels du jeune primo-délinquant et celui de sa sanction judiciaire afin d’évaluer sa réaction et les perspectives d’amendement du jeune en cause.
A noter parmi les articles de ce recueil, "Que reste t-il de la réforme de 1945 ?" de Christophe Daadouch (docteur en droit formateur dans les collectivités territoriales) et "L’évaluation des prises en charge des jeunes délinquants" de Virginie Gautron (maître de conférences à la faculté de droit de Nantes). La figure jadis centrale du juge pour enfants est aujourd’hui minorée au profit de réponses systématisées, "trop rapides, souvent trop lentes mais rarement adaptées". Pour C. Daadouch, la nouvelle procédure pourrait redonner "une perspective éducative que les procédures accélérées ne permettent pas"… ou constituer seulement une adaptation "relative" de l’ordonnance de 1945.
La Délinquance des jeunes (sous la direction de Laurent Mucchielli), les Etudes, La Documentation Française, prix : 14,80 euros.