Lecture et mathématiques, le niveau monte... et redescend (étude)
Paru dans Scolaire le mercredi 08 février 2023.
En français et en mathématiques, les élèves français se situent "en dessous de la moyenne des pays développés" et le niveau stagne ou baisse depuis 20 ans. Mais sur une échelle de temps plus longue, "le niveau a significativement progressé depuis 1970" en lecture et mathématiques, calculent deux chercheurs des universités de Lorraine et de Strasbourg, Nadir Altinok et Claude Diebolt.
Ils se fondent sur les résultats des élèves et adultes français aux évaluations internationales TIMSS, PIRLS, PISA, IALS et PIAAC, et sur les "international Mathematics Studies" et "international Science Studies" ainsi que sur les "Six Subject Survey : Reading Comprehension", pour les premières évaluations internationales. Ils les ont comparés à ceux de vingt économies comparables parmi les pays de l'OCDE. "Puisque ces enquêtes sont de nature diverses, il nous a fallu élaborer une méthodologie permettant de les ajuster entre elles, ceci afin d’éviter tout biais potentiel", précisent-ils.
Premier enseignement, en 2020, le niveau de compétences des jeunes français "est l’un des plus faibles des pays de l’OCDE-20, notamment pour le niveau primaire, que ce soit en lecture ou en mathématiques". Alors que le score moyen de la France est de 483 points en mathématiques au niveau primaire, il avoisine 560 points au Royaume uni,la différence représente près de 3 années d'enseignement. "Les résultats sont plus élevés au niveau secondaire, la France réalisant une performance qui est proche de la moyenne des pays de l’OCDE."
Si on considère les niveaux à partir de 1970, les courbes montent et descendent. A l'école primaire, en lecture, on part de 430 en 1970, on arrive à 524 en 2000, et on redescend à 488 en 2020. En mathématiques, de 457 en 1970, les élèves parviennent à un score de 507 en 1990 avant de redescendre à 482 en 2020. Au niveau collège, les courbes sont assez semblables, en lecture, le score est de 424 en 1970, il monte à 504 en 2000 et redescend à 488 en 2020 : en mathématiques, on part de 490 en 1970, on monte à 538 en 2000 et on redescend à 524 vingt ans plus tard.
Les résultats scolaires sont-ils corrélés à la richesse d'un pays ? La corrélation est "assez forte, avec un coefficient proche ou supérieur à 60 % dans la plupart des cas". Mais en Finlande, la performance est "bien supérieure" à ce qu'elle devrait être "en tenant compte de son niveau économique". Pour la France, c’est l'inverse. En mathématiques, la sous-performance est d’environ 17 points "une fois le niveau économique pris en compte". Et lorsque l’on compare des pays selon leur niveau de dépenses d’éducation rapporté au PIB, "la France accuse un retard vis-à-vis des autres pays de l’OCDE dans le niveau primaire, tandis que la situation est proche du score escompté au niveau secondaire".
L'étude "Bref retour cliométrique* sur 50 ans de performances scolaires en lecture et en mathématique en France : 1970-2020" de Nadir Altinok et Claude Diebolt (U. de Strasbourg) est publiée par l'association française de cliométrie ici, sa présentation sur le site "The Conversation" ici, elle est signalée par l'OZP ici
* la cliométrie est l'étude de l'histoire économique utilisant les méthodes de l'économétrie