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Laurence De Cock "rêve" d'une école qui accueillerait réellement "tous les enfants" (ouvrage)

Paru dans Scolaire le lundi 23 août 2021.

"Rêver qu'une autre école publique est possible (...). Une école commune capable de transmettre des savoirs non hiérarchisés, où la compréhension du fonctionnement d'un moteur à explosion, de la construction d'un mur en pierres ou d'une pièce de Molière et d'un roman de Leïla Sebbar auront une saveur équivalente", une école "libérée de la course à la réussite et de la tyrannie du mérite". Laurence De Cock, historienne, enseignante en lycée et à l'Université, publie "Ecole publique et émancipation sociale" et "rêve" d'une mobilisation de la société, chacun ayant compris "qu'il a tout à gagner à ce que l'école fonctionne bien pour autrui s'il tient à ce qu'elle fonctionne bien pour lui-même".

Ce n'est pas le cas actuellement. Sans donner lieu à une critique systématique ni exhaustive, la politique de Jean-Michel Blanquer est sévèrement épinglée sur plusieurs points, qu'il s'agisse du confinement et du déconfinement, puisque "tout s'est fait dans la plus grande improvisation" tandis que le ministère était "arc-bouté sur la propagande de son efficacité", du principe de concurrence mis en place avec Parcoursup, de la réforme du lycée, "chef d'oeuvre de complexité kafkaïenne", "du scientisme et de la neurobéatitude" qui président aux choix pédagogiques pour l'apprentissage de la lecture, de l'utilisation politique de la laïcité... L'auteure met aussi l'accent sur la répression de la parole, celle des élèves qu'on a vue à l'oeuvre quand quelque 150 jeunes scolarisés à Mantes-la-Jolie ont été "parqués dans une cour et maintenus à genoux, mains sur la tête", ou celle des enseignants, puisque "tout est mis en place pour (les) dissuader de protester".

Mais le mal vient de loin. "S'il y a un péché originel dans l'école de la IIIème République", il se trouve "dans le fossé entre le discours et la pratique, et dans le réflexe de sécession des catégories sociales les plus favorisées" : "le brassage social garant d'une égalité scolaire n'a pas eu lieu." Dès leur naissance, les mouvements pédagogiques se divisent entre ceux qui se prétendent apolitiques et ceux qui affirment leur volonté "de rompre avec l'ordre injuste", entre ceux dont la réflexion repose "sur le binôme maître-élève" et ceux dont la réflexion repose sur "la collectivité de travail". Et Laurence De Cock de fustiger "la gauche souverainiste" qui "s'est construite sur l'idée d'une société sans classe, dans laquelle le principe de citoyenneté suffirait à garantir l'égalité".

Car pour elle, l'éducation n'est pas régie par des abstractions. Elle s'inscrit dans un projet de société, un projet politique de "démocratisation scolaire", et elle passe par le rapport personnel, fait démotions partagées, entre une classe et un enseignant, dont l'utilisation des écrans pendant la première période de confinement a révélé, en l'empêchant, toute l'importance. Cette école doit être mue par le "désir", et sans doute le plaisir, "d'accueillir tous les enfants".

"Ecole publique et émancipation sociale", Laurence De Cock, éditions Agone, 216 p., 16€

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