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Les défis que la science doit relever en matière d'éducation, sans déprécier l'enseignement donné dans les INSPE (revue ANAE)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture le vendredi 01 juillet 2022.

Le dernier numéro de la revue ANAE (approche neuropsychologique des apprentissages chez l'enfant) pose aux chercheurs un certain nombre de questions qui ne sont sans doute pas suffisamment travaillées. Dans son éditorial, Edouard Gentaz en liste quatre. Quelles conditions environnementales la société doit-elle proposer "afin de favoriser un développement psychologique optimum à nos enfants" ? Comment promouvoir la santé mentale des enfants, déceler précocement des troubles et les prendre en charge ? Comment mesurer l'effet des inégalités sociales sur la santé mentale des jeunes et lutter contre ? Quelle est l'efficacité réelle des dispositifs numériques pour l'éducation ?

L'hommage rendu au psychologue Jean-Charles Terrassier, disparu au début de l'année, est l'occasion pour la revue de revenir sur "l'identification et la compréhension des enfants à haut potentiel intellectuel", sujet sur lequel il a été un pionnier en France. La revue souligne que ces enfants peuvent être victimes d'un "effet Pygmalion* négatif" lorsque les enseignants n'ont pas connaissance de leur potentiel et ne leur proposent pas des travaux "à la hauteur de leurs aptitudes".

Le dossier consacré à l'effet des écrans sur le développement des enfants invite les lecteurs "à la prudence". Si les principaux résultats des études "indiquent qu'une forte exposition aux écrans pourrait avoir un impact plutôt négatif", "de nombreux facteurs viennent modérer ces effets", notamment "l'environnement familial ou le niveau socio-économique". L'ensemble des contributions du dossier "invite à donner (à cette question des effets des écrans sur le développement des enfants) des éléments de réponse humbles, complexes, mais en aucun cas tranchés (...). Il est indispensable que les chercheurs se saisissent de cette question (...) afin d'apporter de nouvelles connaissances aux professionnels et aux parents."

Un article de ce numéro contrebat une affirmation de Franck Ramus qui affirmait dans le cadre de la promotion de son blog : "globalement, on peut dire que les enseignants français sont peu formés à la psychologie, et le peu qu'ils en reçoivent est souvent assez daté, et de peu d'utilité en classe." Après "enquête préliminaire", F. Bara, C. Nurra et E Gentaz qualifient de "hâtif" le fait dire que "les résultats de la psychologie scientifique ayant un intérêt pour les pratiques pédagogiques sont peu connus" ou "quasi absents des formations", car "cela ne semble pas être le cas de plus de la moitié des INSPE". Si le nombre d'heures de cours est "très modeste", et variable selon les instituts, la formation dispensée "peut être pertinente et utlie en classe". "Il existe une claire dynamique dans les INSPE concernant la formation en psychologie (...) qu'il convient d'appuyer et de renforcer (et non de déprécier)."

ANAE, n° 178, p. 291 à 434, 39€, site www.anae-revue.com

* On appelle "effet Pygmalion" la dynamique qui amène un sujet, un enfant dans le cas présent, a produire les résultats qu'on attend de lui. L'enseignant qui sous estime ses possibilités obtient des résultats inférieurs aux potentialités de l'enfant, l'enseignant qui porte un jugement positif sur l'enfant obtient de meilleurs résultats.

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