Scolaire » Actualité

La professionnalisation des formations implique un changement de regard sur l'éducation (Colloque de l'ESEN)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 24 octobre 2014.

La professionnalisation des formations initiales oblige à "concilier l'éducatif, le social et l'économique", et à "décliner au plus près" l'articulation d'acteurs très divers. Didier Michel intervenait en clôture du colloque international organisé par l'ESEN (Ecole supérieure de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche) sur "la professionnalisation dans tous ces états", hier 22 octobre. L'inspecteur général de l'Education nationale intervenait avec son homologue de l'enseignement agricole, Hervé Savy, qui a lui aussi, comme tous les intervenants, souligné la nécessité de nouer "différents dialogues" pour des "processus qui sont différents".

Voici d'autres échos de ces trois journées qui ont vu se confronter les points de vue de représentants de l'Education nationale, du ministère de l'Agriculture, du ministère du Travail, des Régions, des organismes consulaires, de la Commission nationale de la certification professionnelle, des écoles d'ingénieurs, des partenaires sociaux, des entreprises, et des acteurs venus de Lituanie, d'Allemagne, de Grande-Bretagne, de Finlande...

Avec les campus, d'autres perspectives pour l'orientation

La seconde vague de labellisation des "campus des métiers et des qualifications" se prépare, mais après la première vague, le ministère de l'Economie et le ministère du Travail ont tenu à être associés. Au niveau régional, les collectivités et les partenaires sociaux, via les CREFOP (comités régionaux de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles, ici) l'ont également souhaité, explique Brigitte Doriath. L'inspectrice générale de l'Education nationale ajoute qu'ils l'auraient aussi voulu au niveau national, ce qui témoigne de l'intérêt que suscitent ces campus, mais au risque d'une complexification extrême du processus.

S'il est en effet encore trop tôt pour disposer d'une évaluation, les premiers retours d'informations portent sur une transformation de l'offre de formation, avec une mise en cohérence des parcours, du CAP à l'école d'ingénieurs dans l'idéal, et des partenariats avec le tissu économique plus solides. Du côté de l'Education nationale, on voit les raisonnements "se modifier, jusqu'à l'administration centrale", pour prendre davantage en compte les prévisions des acteurs économiques. Pour les élèves aussi, les logiques changent. En termes d'orientation, ils ne visent plus seulement un métier, ils voient un champ d'activité, dans lequel ils pourront évoluer. Ils pensent par exemple aéronautique, et non pas seulement telle spécialité de CAP.

Des référentiels pour des métiers en mutation

Richard Wittorski (CNAM, directeur de l'ESPE de Rouen) insiste d'ailleurs sur la notion de continuum, du collège au lycée et à l'université, entre formation initiale et formation continue, entre orientation et emploi, et sur la nécessité d'articuler entre elles diverses institutions, établissements d'enseignement, de formation professionnelle, entreprises, insertion-orientation, mais aussi d'articuler entre eux les outils d'évaluation de chacun, si ceux-ci ne peuvent être communs. Et de telles articulations s'inscrivent nécessairement dans des démarches de projet locales.

Ce spécialiste de la formation professionnelle pose aussi la question de la fonction des référentiels alors que les métiers sont en mutation, que les besoins bougent en permanence. Ne faut-il pas, demande Brigitte Bouquet (CNCP) "faire dans la simplicité", "être rustiques même" et viser la lisibilité ? Patrick Mayen (Agrosup Dijon) insiste. Comment préparer quelqu'un à un profil qu'on ignore ? Il faut cesser de penser les formations professionnelles comme une réponse au chômage, et faire en sorte qu'elles soient les plus riches possibles, mais aussi mettre l'élève ou l'étudiant "en situation de trouver des solutions, et d'évaluer lesquelles sont suffisamment bonnes", plutôt que de lui donner "des réponses". Une telle mutation passe par la formation des formateurs et des enseignants. Mais dans les ESPE, les masters MEEF sont "trop peu liés à la professionnalisation".

Mixer les publics

A noter par ailleurs que le baccalauréat professionnel en trois ans a été mis en cause au moins deux fois, par Bernard Capron, président d'AGEFA-PME, pour qui c'est une "très bonne idée qui ne fonctionne pas", car il faut trouver pour chaque élève trois entreprises qui les prennent en stage pour un an chacune, ce qui est difficile. Julien Henry (Dassault aviation) estime pour sa part qu'avec cette réforme, le niveau des bacheliers a baissé.

Certaines formations peinent à recruter, bien qu'elles aient des débouchés. C'était notamment le cas d'un BTS "outillage" qui comptait trois élèves, et qui était menacé de fermeture. Il a été sauvé en mixant les publics, sous statut scolaire et sous statut d'apprentis. Même chose pour une formation dans la "Plastic valley", qui a accueilli en outre des adultes en formation continue. Julien Henry insiste sur la nécessité d'une bonne connaissance de l'entreprise. Celle-ci a besoin d'embaucher "les meilleurs", mais au regard de ses spécificités. Les meilleurs pour Dassault aviation ne sont pas nécessairement les meilleurs pour Airbus.

Des actes seront publiés.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →