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Médias - Ecole : je t'aime moi non plus... (Revue du CIEP)

Paru dans Scolaire le samedi 11 octobre 2014.

"Le rôle de la presse dans le fonctionnement de l'Ecole et la gouvernance de l'éducation est capital (...) Il est essentiel de diffuser l'idée que chacun doit investir dans l'éducation et en retirera des bénéfices, et la presse doit nous y aider." Abdou Salam Sall, l'ancien recteur de la grande université de Dakar, semble bien être le seul des experts sollicités par la revue du CIEP à attendre quelque chose de la presse. Au Royaume-Uni, "l'éducation était traitée avec plus de considération dans les journaux locaux qu'elle ne l'était dans les journaux nationaux" jusqu'aux années 80 et aux réformes de Margaret Thatcher : "le jardin secret était grand ouvert, permettant à tout un chacun d'en piétiner les plates-bandes." En France, les journaux qui étaient autrefois comme des "salons" où discutaient des gens bien élevés, sont devenus des "arènes", puis des "cirques" où se poursuivent les diatribes et où se cristallise "l'idéologie antipédagogiste". Le conflit structure l'information de façon efficace à défaut d'être subtile et soucieuse d'exactitude. Au Québec d'ailleurs, les chercheurs sont perçus "comme étant des ergoteurs, peu au fait des contraintes de délais de la presse".

En Belgique francophone, les journalistes ont repris les résultats de PISA comme s'ils étaient la réalité même, les ont dramatisés avec des termes éloquents : "catastrophique", "alarmant", "cruel", "cauchemar", "bombe", "choc" et ont de fait légitimé des décisions politiques contradictoires et prises "en l'absence de processus collectif de délibération démocratique". En Allemagne, le rôle joué par PISA est plus positif. "Si les questions scolaires ne font toujours pas gagner une élection, elles peuvent en revanche les faire perdre." Aux USA, c'est la loi "No Child Left Behind" qui a joué ce rôle et "le fait de lancer constamment des messages d'alerte sur la crise, sans proposer d'explications claires et systématiques quant aux solutions possibles ne peut avoir que des effets négatifs sur la volonté du public de soutenir les efforts de réforme du système éducatif".

Partout, comme le souligne Xavier Pons (Paris-XII), coordinateur de ce numéro de la revue, "la médiatisation est fondamentalement une mise en récit, voire une mise en intrigue, susceptible de redéfinir les causalités à l'oeuvre dans le problème évoqué". Le chercheur n'écrit pas "dénaturer", mais c'est, à l'évidence ce que cette revue de diverses situations dans d'autres pays lui donne à penser, alors que cette médiatisation peut "devenir un élément constitutif d'une politique éducative".

"L'Ecole dans les médias", dossier du n°66 (septembre 2014) de la Revue internationale d'éducation du CIEP, 15 €, ici

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