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Collèges, orientation et nouvelles compétences des Régions: F. Bonneau répond à ToutEduc

Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 10 octobre 2014.

Le transfert de la compétence des collèges est logique dans la mesure où il y a continuité de formation avec le lycée et où l'on y retrouve les mêmes métiers, estime François Bonneau, président de la commission éducation à l'ARF. Il répond aux questions de ToutEduc à l'occasion du congrès annuel de l'Association des régions de France, ces 9 et 10 octobre à Toulouse. Pour lui, hériter de la compétence des collèges tout comme de la coordination des acteurs autour des nouveaux CREFOP (comités régionaux de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles) et des SPRO (services publics régionaux de l’orientation), est justifié par la nécessité de simplifier et clarifier les dispositifs, notamment pour les publics les plus fragilisés.

ToutEduc : Les Régions vont récupérer la compétence des collèges. Est-ce logique alors que ces derniers travaillent en réseau avec les écoles ?

François Bonneau : Nous y sommes favorables parce qu'il y a une nécessité de simplification et de clarification et une continuité de formation : cela permettra d'avoir des moyens bien structurés au niveau des bassins d'emploi, de tendre vers les mêmes équipements, le même ENT (Environnement numérique de travail) pour les collèges, lycées et établissements d'enseignement supérieur, d'avoir une continuité dans la politique de restauration scolaire... Nous pourrons mutualiser intelligemment des services qui ne le sont pas actuellement, prévoir par exemple d'héberger un certain nombre de collégiens dans l'internat d'un lycée s'il y en a le besoin. En revanche, il n'y a aucune logique à vouloir récupérer la compétence des écoles, qui de leur côté fonctionnent avec beaucoup de proximité, en relation étroite avec les familles...

ToutEduc : En 2004, le transfert des TOS des lycées avait fait grincer des dents les Régions. Est-ce que ce sera aussi difficile ?

François Bonneau : Non, nous savons déjà faire ! Nous allons intégrer autant d'agents qu'en 2004 [environ 40 000 et plus, NDLR], nous avons les cadres d'emplois et là, nous passons de la fonction publique territoriale à la fonction publique territoriale. Et ce sont exactement les mêmes métiers que nous retrouvons dans les collèges et les lycées : hébergement, construction, entretien, maintenance informatique...

ToutEduc :  Et pour les financements qui serviront aussi à assumer ce transfert ?

François Bonneau : Ça frottera certainement un peu ! Il faut que les ressources qui servent déjà à financer les collèges, dotations de l’État et ressources fiscales, soient orientées tout simplement vers les Régions. Par exemple, la Dotation départementale d'équipement des collèges (DDEC) doit devenir régionale. Nous voulons un financement à euro constant. Même si cela pourra peut-être coûter parfois plus cher au départ. En particulier là où les Régions auront des régimes indemnitaires plus favorables que les Départements qui rémunèrent actuellement les TOS des collèges.

ToutEduc : Comment comptez-vous mettre en place par ailleurs les nouveaux CREFOP et le SPRO ?

François Bonneau : Aujourd'hui, qu'il s'agisse de l'orientation, de l'accompagnement des citoyens vers la formation, à la VAE (validation des acquis de l'expérience) ou encore pour bénéficier de bilans de compétences, personne ne sait qui fait quoi ! Il est indispensable de donner de la visibilité aux services qui vont accompagner les personnes dans la mise en œuvre de leurs droits. Nous ne voulons pas créer une structure supplémentaire mais organiser une mise en réseau pour plus de clarification et d'efficacité, notamment vis-à-vis des publics les plus fragilisés. Nous ne sommes plus dans la construction mais dans la mobilisation partenariale et pour cela il faut un chef de file. C'est un enjeu fort au moment où l'on met en place le CPF (compte personnel de formation) qui remplacera le DIF (droit individuel à la formation).

ToutEduc : Avez-vous des propositions concrètes pour le mettre en place ?

François Bonneau :Nous avons des Missions locales, des Pôles emploi, des CRIJ, des BIJ, des PIJ, etc. Que l'on ne supprimera pas pour garder leurs niveaux de proximité. Mais il faut que les acteurs se connaissent, qu'ils aient tous au moins un premier niveau de compétences pour renvoyer les personnes au bon endroit ! Et qu'ils mutualisent. Pour l'élaboration des supports d'information, par exemple, alors que chacun fait les siens. Nous pouvons également mutualiser les banques d'offres de stages. Une banque de stages pour les jeunes, et non une pour les étudiants, une autre pour les élèves des écoles, une autre pour les jeunes sans emploi ou formation, etc. La mise en réseau peut également permettre d'être réactif dans le cadre du déploiement du numérique et de la fibre optique. Elle permettra de voir, par exemple, s'il existe des formations qui correspondent aux besoins. Dans la région Centre [l'une des 8 régions expérimentatrices du SPRO avec l'Aquitaine, la Bretagne, le Limousin, les Pays de la Loire, Rhône-Alpes, Auvergne et Poitou-Charentes, ndlr], nous avons pu monter des formations réactives grâce à cette mise en réseau. Et nous devons pouvoir faire la même chose dans les domaines de l'orientation, de la formation, de l'accompagnement... Un même pilotage et le travail en réseau nous ont aussi permis, dans la région Centre, de mettre en œuvre, et ce avant l'expérimentation, deux dispositifs pour les décrocheurs qui fonctionnent bien : "Assure ta rentrée", qui permet aux jeunes d'être reçus, en partenariat, et de trouver ainsi une formation dès la rentrée, puis "Assure ton année", pour ceux qui décrochent dans l'année.

ToutEduc : Les Régions vont-elles avoir un cadrage directif pour ces mises en œuvre ?

François Bonneau : Pour l'expérimentation, l'ARF avait déjà défini une charte nationale des valeurs et des objectifs partagés. Ils seront déclinés, avec des pratiques, dans une convention qui devrait être signée avant la fin de l'année, peut-être fin novembre, par le président de l'ARF et l'un des ministres partenaires, sur les 6 concernés, en tête desquels l’Éducation nationale. Les Régions auront donc un cadrage national qui s'appuiera sur les expérimentations menées dans les 8 régions, et le modèle d'une convention "type", mais s'en inspireront librement.

ToutEduc : Quelles sont les principales difficultés auxquelles risquent d'être exposés la mise en place des SPRO ?

François Bonneau : Les évolutions de culture professionnelle. Quand vous dites "vous allez pouvoir mettre vos outils d'information et d'orientation en commun", cela interroge la culture professionnelle de chacun.

 

Propos recueillis par Camille Pons

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