Apprentissage : le discours de F. Hollande. Les premières mesures de l'Education nationale. Peu de réactions syndicales
Paru dans Scolaire, Orientation le samedi 20 septembre 2014.
"Relancer l’apprentissage, c’est aussi relancer l’Education nationale." Cette formule du président de la République, en conclusion de son discours hier 19 septembre lors des assises de l'apprentissage, n'a pas provoqué l'ire de la FSU qui annonce qu'elle restera "vigilante", qui rappelle qu'elle "est hostile au mixage des parcours et des publics" dans les lycées professionnels, mais qui estime que d' "autres chantiers" vont "dans le bon sens". Les autres organisations syndicales n'ont pas encore réagi.
Voici des extraits du discours de François Hollande qui appelle à "un engagement national pour le développement de l’apprentissage". Il y a "à peu près 420 000 jeunes qui sont en parcours d’alternance ou d’apprentissage" et la tendance en 2013 "a été plutôt à la baisse". Il rappelle son objectif, 500 000 apprentis, mais avec un infléchissement du propos: "ce qui compte c’est moins le chiffre lui-même que la qualité des formations."
Hébergement, permis de conduire
L'Etat ne forme que 700 apprentis aujourd’hui. L’objectif pourrait être fixé à 10 000 "d’ici 2 ans", sachant que certains de ces apprentis pourraient "trouver un débouché dans le secteur privé (...) aussi bien dans les domaines de l’environnement, que dans l’éducation, que dans l’accompagnement des jeunes ou des personnes âgées".
Autre levier, l'aide au recrutement, qui sera doublée pour les entreprises de moins de 50 salariés, mais ce doublement ne sera prolongé sur l'année scolaire prochaine "que dans les branches professionnelles où un accord de branche aura été signé d’ici le mois de juin" 2015. De plus, 150 millions d’euros supplémentaires "seront affectés aux Centres de formation des apprentis" et "une nouvelle répartition de la taxe d’apprentissage" permettra que 80 millions soient consacrés à l’hébergement des jeunes. "La question du permis de conduire est également souvent posée. Si des soutiens doivent être imaginés, ils devront être prioritairement dirigés vers les apprentis, ou vers les jeunes en lycée professionnel."
Des lycées qui doivent être sur les "bonnes filières"
Dans ces lycées professionnels, "qui sont des établissements de grande qualité", le nombre des apprentis sera augmenté de 50 % (de 40 à 60 000). Ces établissements "devront avoir les soutiens indispensables et être sur les bonnes filières de formation". D'ailleurs, les professionnels auront "toute leur place, aux côtés de l’Education nationale, pour définir les métiers de demain et pour assurer que les formations débouchent bien vers des emplois".
Dernier levier, "la mobilisation des entreprises" et une cartographie "pour que tous les gisements d’apprentissage puissent être exploités", mais aussi les négociations de branche : "L’apprentissage fait partie des engagements que les entreprises doivent souscrire dans le cadre du pacte de responsabilité." En ce qui concerne la rémunération des apprentis, "aujourd’hui calculée selon un critère d’âge", elle "devrait pouvoir être fondée sur la qualification", un autre sujet de négociation.
Des jeunes qui décrochent, la mixité pour objectif
Pour sa part, l'Etat va lancer "dans les prochains jours" une campagne pour "changer l’image de l’apprentissage". Il va simplifier les procédures administratives. Il est prêt "à ce que le statut de maître d’apprentissage soit valorisé". C'est par la négociation et la concertation qu'il envisage une évolution des règles de sécurité.
Le président évoque aussi les jeunes "qui décrochent de l’apprentissage" : "nous devons faire en sorte qu’il y ait un accompagnement, un conseil, un suivi de l’apprenti tout au long de son parcours". Et en cas de conflit, il "souhaite que les CFA puissent jouer un rôle plus net de conseil des employeurs, mais aussi des jeunes et des familles". Il pose la question du "statut des apprentis" dont les droits ne devraient pas être "inférieurs" à ces des lycéens ou des étudiants puisque "tout jeune, s’il n’est pas dans l’emploi, doit être en formation" et qu'aucun jeune ne doit être "laissé à lui-même". Et François Hollande de souligner aussi les faiblesses de l'apprentissage, où "il y a deux fois moins de jeunes issus de ce que l’on appelle l’immigration": "Nous devons faire de la mixité un objectif dans toutes les filières de formation", mixité sociale et mixité garçons-filles.
D'ores et déjà, l'Education nationale...
Pour sa part, Najat Vallaud-Belkacem indique qu'elle a "d’ores et déjà" demandé aux recteurs de "mettre en place dans les établissements, avant les choix d’orientation, une journée d’information sur les métiers, en réservant une place particulière pour l’apprentissage" dont les formations doivent être intégrées dans les logiciels d'Admission Post-Bac (APB) et AFFELNET. Une expérimentation est engagée "avec huit branches professionnelles pour rénover le processus d’élaboration des diplômes" et, "en concertation" avec le ministère du Travail, il est "convenu d'instaurer pour les apprentis les mêmes droits que les lycéens et étudiants en termes de représentation et d’accès à des services socio-culturels (logement, culture etc.)".
Le discours du président ici