"On ne peut pas mettre les réformes sous le boisseau" (SGEN-CFDT)
Paru dans Scolaire le mardi 26 août 2014.
Le départ du ministre de l'Education nationale et la crise politique actuelle marque "la fin de l'illusion que la crise ne serait qu'une parenthèse. En matière d'éducation, on ne peut rester au milieu du gué en attendant que ça passe, il faut aller au bout des réformes." Ces quelques mots de Frédéric Sève donnent le ton de la conférence de presse de rentrée du SGEN, ce 26 août. Pour le secrétaire général de la fédération de l'Education nationale de la CFDT, plusieurs "gros dossiers" attendent le futur ministre qui devra surtout faire face à un malaise très profond des enseignants qui attendent que les responsables politiques "redonnent du sens" à leur métier.
Pour lui, ce malaise n'est pas le produit de telle ou telle réforme, mais leur succession et le caractère contradictoire des consignes qui les accompagnent y contribue. S'y ajoutent, bien sûr, la question des salaires et des effectifs, mais peut-être plus encore, dans le premier degré, celle de l'organisation de l'école, avec "une chaîne de commandement très hiérarchisée et très lointaine". Dans les collèges et les lycées, les enseignants peuvent au moins, via leurs délégués, intervenir au conseil d'administration et influer sur la vie de l'établissement, ce n'est pas le cas dans les circonscriptions. "Il faut créer les instances qui permettent l'émergence de collectifs de travail". L'intensité propre au premier degré de ce malaise enseignant tient aussi au manque de considération dont jouissent les professeurs des écoles, et le syndicat demande un échéancier pour la parité de l'ISAE et de l'ISOE (les indemnités du 1er et du second degré).
"Combattif et constructif"
Le (la) futur(e) ministre ne pourra pas non plus éluder la question de la réforme du collège, annoncée depuis l'automne dernier, ni celle du bilan de la réforme Chatel du lycée. Quand les divers groupes de travail correspondant aux métiers de l’éducation nationale auront rendu leur copie, il devra également passer aux questions transversales, l'évaluation des enseignants, l'aménagement des fins de carrière, la gouvernance des établissements scolaires et plus généralement de l'Education nationale.
Pour sa part, le SGEN reste sur sa position, celle d'un syndicat "combattif et constructif", mais il considère que le syndicalisme est "à réinventer". Il est trop centralisé, alors que l'Education nationale est aujourd'hui largement déconcentrée et que "90 % des problèmes sont créés et résolus localement". Et pour Frédéric Sève, la "paix sociale" ne doit pas être achetée avec de petites concessions. Par exemple, les 36 heures d'APC (activités pédagogiques complémentaires) dues par les enseignants du premier degré peuvent constituer un "outil" intéressant. "C'est un dispositif qui a son potentiel", y renoncer [comme le demande le SNUIPP, ndlr] serait "une forme de démission pédagogique". Il ne faut pas "imaginer que nos collègues soient gourmands de ce genre d'ajustements", ajoute Frédéric Sève, pour qui les enjeux se situent à un autre niveau.