La "Déclaration de Lyon sur l’accès à l’information et au développement" dessine l'avenir des bibliothécaires et des documentalistes
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mardi 19 août 2014.
La question de la misère intellectuelle et culturelle se pose dans tous les pays, y compris les pays développés, souligne Bruno Racine interrogé par ToutEduc. Pour le président de la BNF (Bibliothèque nationale de France), co-président du comité national français du 80ème congrès de l'IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions) qui s'est ouvert samedi 16 août à Lyon, la bibliothèque peut être un "vecteur d’intelligence communautaire" et de partage des annotations, selon la vision prospective du philosophe Bernard Stiegler, conférencier d’honneur. Elle peut aussi se situer dans la perspective de développement durable des Nations Unies, avec une priorité à "l’égalité d’accès et à l’inclusion", notamment des personnes âgées isolées et des personnes en situation de handicap. C'est le sens de la "Déclaration de Lyon sur l’accès à l’information et au développement", présentée en point d’orgue par la présidente Sinikka Sipilä hier 18 août et d'ores et déjà adoptée par 135 organisations internationales.
Cette déclaration a l’ambition, par "l’amélioration de l’accès à l’information et aux connaissances à tous les niveaux de la société", d’ "améliorer le développement durable" et "la vie des gens". Elle sera présentée en septembre 2014 aux Nations Unies dans la cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement. Après avoir rappelé que "la pauvreté est multidimensionnelle" et que le "développement durable doit avoir lieu dans le cadre des droits humains", elle établit un lien subtil entre "la disponibilité d’informations et de données", "la participation des communautés"… et "une allocation plus transparente des ressources". Elle trace les grandes lignes de l’action à venir des "médiateurs de l’information" que sont les bibliothèques, les archives, les organisations de la société civile et elle insiste sur le bon usage des TIC, tout particulièrement en direction "des communautés les plus éloignées". Elle insiste sur "le rôle important des autorités locales".
Président du Grand Lyon et co-président du comité français, Gérard Collomb rappelle combien les valeurs de la déclaration s’enracinent dans l’histoire du Lyon de la Renaissance où Rabelais diagnostiquait déjà que "l’ignorance est la mère de tous les maux", et où se déployaient une centaine d’ateliers d’imprimerie. Aujourd’hui Lyon est l’une des métropoles pionnières dans "l’écosystème de la lecture publique" en Europe : premier réseau de bibliothèques municipales après Paris, avec 14 sites et 2,5 millions d’usagers par an, innovation du Guichet des savoirs, il y a dix ans, où chaque usager peut obtenir une réponse à n’importe quelle question en 72h, numérisation de 400 000 ouvrages, organisation d'événements majeurs comme les Assises internationales du roman, Quais du polar, Lyon BD festival… Interrogé par ToutEduc, Gérard Collomb évoque l’importance qu'ont eue pour lui, au cours de ses études, les bibliothécaires du lycée du Parc et de l’ENS. Leurs successeurs doivent "savoir être des passeurs de savoirs". Et celui qui, jeune enseignant, donnait des cours d’alphabétisation évoque l’idéal de démocratisation des bibliothèques dans un contexte de diversification des publics.
Comme l’annonçait la présidente de l’IFLA en ouverture : "Strong Libraires = Strong Societies : e-participation for strong information societies".
Le site de la conférence ici
Claude Baudoin pour ToutEduc