Les pédagogues chinois et indiens pour repenser les finalités de l'éducation, un ouvrage d'A. Trouvé
Paru dans Scolaire le vendredi 27 juin 2014.
Mots clés : Trouvé, Confucius, Mencius, Lao-Tseu, Tagore, Aurobindo, Krishnamurti, Prajnanpad
"Savoir qu'on sait quand on sait et savoir qu'on ne sait pas quand on ne sait pas, c'est la vraie connaissance", affirmait Confucius, il y a de cela quelque 25 siècles. Pour lui, il revenait au maître de conduire l'élève sans le contraindre, de lui ouvrir "la voie sans rien lui imposer". Pour l'un de ses successeurs, Mencius, la parole du maître "vise à féconder, plutôt qu'à persuader" tandis que pour Lao-Tseu, "rompre avec l'étude, c'est supprimer les soucis". Le "vieux maître" n'affirmait-il pas que "celui qui sait ne vise pas l'érudition" tandis que "celui qui vise l'érudition ne sait pas"! Ces quelques formules sont tirées des premiers chapitres de "Pédagogues de l'Asie" et comme l'écrit Alain Trouvé, "les doctrines de Confucius et de Mencius paraissent déroutantes pour le lecteur occidental" et la pensée de Lao-Tseu est plus "énigmatique" encore.
La seconde partie de l'ouvrage est consacrée à des pédagogues indiens plus proches de nous, Rabindranath Tagore, Sri Aurobindo, Jiddu Krishnamurti et, moins connu en France mais non moins intéressant, Svâmi Prajnanpad qui ont tous quatre, pour partie au moins, construit leur pensée contre le système éducatif de la puissance colonisatrice. Ils insistent, sans doute par réaction contre la discipline des collèges britanniques, sur la nécessité que l'étude soit un plaisir. Pour Tagore d'ailleurs, "les enfants naissent ignorants afin d'avoir la joie d'acquérir la connaissance par degrés" et les maîtres doivent veiller à ce "que leur enseignement soit à la fois vivant et varié et nourrisse le coeur aussi bien que l'intelligence (...), que l'éducation ne devienne pas chose irréelle, lourde et abstraite". Pour Krishnamurti, "l'éducation doit aider l'individu à mûrir librement, à s'épanouir en amour et en humanité. C'est à cela que nous devrions nous occuper, et non pas à façonner l'enfant conformément à un modèle idéal." Il ajoute que "l'éducation, de nos jours, est une faillite complète parce qu'elle accorde la primauté à la technique". Et Prajnanpad va plus loin encore lorsqu'il enjoint aux enseignants de permettre à leurs élèves "d'être ce qu'ils veulent".
"Pédagogues de l'Asie, sept sages pédagogues de la Chine et de l'Inde", A. Trouvé, Fabert (en partenariat avec les CEMEA), 352 p., 28 €