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L'OCDE pointe la solitude des enseignants français et incite les politiques à tenir des discours positifs sur leur travail

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 25 juin 2014.

"Seuls 5 % des enseignants (de collège) en France pensent que leur métier est valorisé dans la société". Seule la Slovaquie fait moins bien et la moyenne dans les pays qui ont participé à l'enquête TALIS (Teacher and Learning International Survey) 2012-2013 est de 31 %. Or même ce second chiffre est considéré comme inquiétant par l'OCDE qui fait le lien avec les résultats de PISA. Les pays dont les élèves ont les meilleurs résultats sont ceux qui se donnent les moyens d'attirer les meilleurs étudiants, ce qu'ont compris le Brésil, la Corée, Israël et la Russie, ceux qui incitent les enseignants expérimentés à aller là où sont les élèves les plus défavorisés, ceux qui ont su réformer leur formation initiale et continue pour mêler savoirs académiques et savoir-faire pédagogiques, pour savoir différencier les moyens en fonction des élèves... Ce sont aussi ceux qui savent accompagner les jeunes enseignants au-delà de la première année, et qui savent les retenir quand, après 15 ans d'exercice, l'enthousiasme professionnel retombe. Tout cela suppose une "communication positive" sur le métier : il faut "partir du principe que les enseignants travaillent beaucoup", et avoir une réflexion sur le temps qu'ils passent devant élèves, et sur les tâches de préparation et de correction dont Eric Charbonnier (direction éducation de l'OCDE) laisse entendre qu'elles pourraient être diminuées au profit du temps passé avec les élèves.

L'enquête porte exclusivement, en ce qui concerne la France (et la plupart des 33 autres pays ou économies participant à l'enquête) sur les professeurs enseignant en collège. Ce sont, à près de 70 %, comme dans les autres pays, des femmes, mais ils ont un peu plus souvent que la moyenne entre 30 et 50 ans, ce qui écarte le risque d'une pénurie d'enseignants, alors qu'en Italie, la moitié des enseignants a plus de 50 ans. Ils ont revanche rarement eu d'expériences professionnelles hors enseignement, ce qui pose la question de l'attractivité du métier pour les salariés qui envisagent une reconversion. Se pose aussi la question des évolutions de carrière et de reconversion ... pour les enseignants, estime E. Charbonnier en réponse à une question de ToutEduc.

Ceux-ci passent légèrement moins de temps à enseigner que leurs collègues (18h contre 19), mais ils en passent davantage à préparer leurs cours et à corriger les devoirs, et moins pour des tâches administratives, pour le travail en équipe, pour les activités extra-scolaires... Et ils manquent de formation pour répondre aux questions de leurs élèves sur l'orientation.

Satisfaits mais...

Dans l'ensemble des pays, neuf enseignants sur dix se disent satisfaits de leur métier. Ils sont 86 % en France, mais ils ne sont que 58 % à considérer que les avantages compensent les inconvénients (77 % en moyenne Talis). Trois sur quatre choisiraient à nouveau ce métier si c'était à refaire. Ils s'estiment bien, voire très bien préparés à enseigner dans leur discipline, mais pour 40 % d'entre eux pas du tout ou très peu préparés sur le plan de la pédagogie. La moyenne OCDE est aux environs de 10 %. La Malaisie, la Roumanie et Israël arrivent largement en tête, avec des pourcentages de l'ordre de 1 %. Les enseignants français sont logiquement deux fois moins nombreux que les enseignants des autres pays à différencier leurs pratiques pédagogiques en fonction des élèves.

La France est, avec la Serbie et la Croatie, un des pays dont les enseignants débutants bénéficient d'un tutorat, mais d'aucun accompagnement ensuite. Ils ont peu accès à la formation continue, et ce qu'on leur propose ne répond pas forcément à leurs besoins. Les commentaires sur leur enseignement sont faibles et sont presque uniquement le fait d'inspecteurs dont les rapports ne servent qu'à remplir des dossiers. Ils ne vont pas assister aux cours de leurs collègues, ne discutent pas beaucoup entre eux de leurs pratiques, leur efficacité n'est pas récompensée ...

Favoriser les concertations entre collègues

Or, estime l'OCDE, "il existe des corrélations positives entre le sentiment d'efficacité et de satisfaction professionnelle des enseignants et les résultats des élèves (...). Les relations interpersonnelles dans l'établissement ont effet modérateur important sur certaines situations auxquelles sont confrontés les enseignants qui travaillent avec des classes difficiles (....) Les enseignants tirent profit de leurs relations de collaboration avec leurs collègues, fussent-elles limitées (...) L'assouplissement des emplois du temps nécessaire pour permettre aux enseignants de travailler en équipe, demandera quelques efforts aux chefs d'établissement, mais le jeu en vaut certainement la chandelle."

Les données de Talis ici et ici.

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