Comment éviter l’évitement scolaire ? Des stratégies d'établissements présentées aux rencontres de l'OZP
Paru dans Scolaire le jeudi 05 juin 2014.
L’importance du bâti et de la localisation, vaincre les peurs des familles qui sont souvent plus liées aux craintes concernant les incivilités, les violences qu’aux résultats scolaires de l’établissement même si ces derniers jouent un rôle dans leur choix … C’est ce qui ressort des échanges au cours de la dernière "Rencontre" de l’année scolaire organisée le 4 juin par l’OZP (Observatoire des zones prioritaires) autour de la question "Que peut faire un établissement pour contrer l’évitement et rétablir ou développer une certaine mixité sociale ?".
A partir des réalités décrites par la principale d’un collège de la banlieue parisienne et par la principale adjointe d’un collège d’un arrondissement du nord de Paris, établissements tous deux en éducation prioritaire, le fait qu’un établissement soit récent ou remis à neuf récemment, que l’endroit où il est situé soit rassurant ou non, que le climat scolaire soit apaisé ou non, influent énormément sur les choix des familles et donc sur les fluctuations de populations scolaires avec leurs conséquences en termes de stabilité des équipes. Stabilité et cohésion des équipes qui sont elles-mêmes des conditions pour que l’action éducative conduise à ce climat apaisé et pour que les résultats scolaires s’améliorent.
Travailler avec les autres acteurs du territoire
Dans ce qui est du pouvoir des établissements, les liens, les coopérations avec les écoles élémentaires, voire avec les écoles maternelles du secteur, l’attitude des IEN (inspecteurs du 1er degré), les relations avec les lycées qui reçoivent la population du collège, pour peu que les retours sur le devenir de cette population soient plutôt positifs, l’accueil à divers moments de l’année par le collège de ses futurs élèves et de leurs familles, le travail avec les autres acteurs du territoire qui connaissent bien souvent mieux et sous d’autres angles que celui du collège les populations, sont des stratégies qui peuvent contribuer à freiner, à stabiliser, voire à inverser le phénomène d’évitement scolaire, phénomène qui peut provenir non seulement d’autres catégories sociales plus favorisées que celles de l’établissement mais aussi de catégories sociales semblables à celles majoritaires dans l’établissement mais qui veulent s’en séparer.
La mixité permet des résultats et un niveau meilleurs, ainsi qu'une réduction des inégalités. Elle peut être également avancée comme un principe. Si tout cela peut sembler juste du point de l’intérêt général, ce n’est pas forcément le point de vue des parents. D’où la nécessité des stratégies pour bien faire connaitre les atouts de l’établissement. D’où aussi la nécessité de poser également la question de la mixité dans un cadre plus large que les murs de l’établissement en jouant la collaboration avec les autres collèges. Reste une question : dans ces stratégies, faut-il inclure celle consistant à créer dans l’établissement des pôles d’excellence afin de permettre aux "meilleurs" d’avancer et de réussir ou ne vaut-il pas mieux développer des démarches coopératives permettant à tous d’avancer et de réussir même si cela peut, éventuellement, "ralentir" quelques élèves ?
Mais cette mixité ne risque-t-elle pas d'aboutir à occulter, à nier les ressources propres aux communautés existantes dans le territoire environnant l’établissement scolaire ?
Arnold Bac