Rythmes scolaires : l'argument du coût pour un changement total des modalités à Montbéliard
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 04 juin 2014.
Disparition des nouvelles activités péri-éducatives (NAPE) gratuites, passage de la demi-journée supplémentaire du samedi au mercredi, retour à des horaires "homogènes" tous les jours, et identiques en maternelle et en élémentaire : la nouvelle équipe municipale de Montbéliard (Doubs) a totalement revu les modalités des nouveaux rythmes scolaires qui avaient été instaurées par la précédente majorité en septembre 2013.
Le "déficit budgétaire de la municipalité" est "le premier argument" invoqué pour opérer ce tournant radical, explique Annick Lambert, adjointe déléguée aux affaires scolaires. La nouvelle équipe avait annoncé que le coût pour la mise en œuvre de cette réforme en 2013-2014 s'élevait à 900 000 euros. Mais la charge pour la mairie serait de l'ordre d'environ 782 600 euros, après prise en compte des financements de l’État. Celle-ci souhaite aujourd'hui ramener ce coût à 200 000 euros par an. "On ne peut se permettre de poursuivre les NAPE gratuites", précise encore Annick Lambert. D'autant, ajoute David Brandt, le directeur aux affaires scolaires, que "l'aide de l’État est appelée à disparaître à la rentrée 2015".
L'ancienne majorité avait de son côté annoncé un coût de l'ordre de 450 000 euros par an. David Brandt justifie cet écart important par le fait que les premières estimations avaient été faites sans tenir compte des frais de personnels communaux, ceux des personnels des médiathèque, ludothèque, animateurs sportifs qui interviennent dans les NAPE ou encore l'équivalent de "30 % de [s]on poste et la moitié de celui de [s]on adjointe, compte tenu du temps consacré à la mise en œuvre des activités". La direction des affaires scolaires se fondait également sur une estimation du taux de fréquentation, de l'ordre de 75 %, "alors qu'au final 82 % des écoliers ont été accueillis sur les NAPE". Soit 2 158 élèves sur les 2 629 scolarisés en 2013-2014 dans les 15 écoles maternelles et les 9 élémentaires. Enfin, le directeur invoque aussi le retard l'an passé de la publication du décret sur les taux d'encadrement applicables, en juillet 2013 au lieu de février, "alors que l'on avait commencé à faire tourner les moulinettes en mars 2013".
Des repères "flous" pour les enfants et les parents, selon la mairie
Le retour à une grille horaire quotidienne identique pour tous, de 8h30 à 11h30 et de 13h45 à 16h, suivi du périscolaire payant serait de son côté justifié par une organisation qui ne s'avère pas "lisible", selon l'équipe en place. La précédente municipalité avait raccourci deux après-midis par semaine pour proposer les NAPE de 15h15 à 16h30, le lundi et le jeudi dans certaines écoles, le mardi et vendredi dans les autres, suivies par du périscolaire. Une plage horaire que le comité de pilotage instauré pour la mise en place de la réforme, jugeait pertinente "pour pouvoir proposer des activités construites, sur un temps suffisamment long, et pour pouvoir prévoir des déplacements", explique de son côté la vice-présidente de la FCPE du Doubs, Martine Paul. Celle-ci faisait partie du comité qui regroupait 19 personnes : 11 élus et 2 représentants des services municipaux, 2 représentants de l’Éducation nationale, 4 enseignants et 1 représentant pour chacune des deux fédérations de parents d'élèves, PEEP et FCPE.
Pour la nouvelle équipe municipale, les parents ne se retrouvaient pas dans ces horaires, trop hétérogènes. "Les parents mélangeaient les responsabilités des uns et des autres, surtout quand les enseignants s'associaient aux NAPE et passaient d'une fonction à une autre, et ne savaient plus quand et à qui passer une consigne, quand il était opportun de parler ou non de la scolarité de leur enfant...", rapporte Laurent Vaté, le DGA. Celui-ci évoque aussi des "repères devenus flous car tout se passe sur les mêmes sites, dans les mêmes locaux." Avec des enfants, dont les comportements auraient changé dans les salles de classe auparavant "sacralisées", du fait de la tenue des NAPE dans ces mêmes salles "où bavardages et déplacements sont alors autorisés".
Passage à du périscolaire payant indexé sur le temps passé et les revenusL
e passage du samedi au mercredi a été quant à lui décidé suite à une consultation organisée le 6 mai dernier. 76,98 % des bulletins donnaient une préférence pour le mercredi matin, le taux de participation s'étant porté de son côté à 65 %. Le choix serait d'autant plus justifié, selon le directeur des affaires scolaires, que le choix du samedi comme demi-journée supplémentaire aurait généré de l'absentéisme chez les enfants comme les enseignants, précise-t-il.
La FCPE regrette de son côté que cette consultation n'ait été axée que "sur le choix de la 9e demi-journée" alors qu'elle attendait "une évaluation globale". Elle dénonce aussi des modalités de consultation qui "n'étaient pas justes", remarques émises dans un courrier adressé à la maire de Montbéliard le 11 mai dernier, notamment le fait qu'une famille avait une voix par enfant (un parent pouvait donc voter jusqu'à 4 fois dans certains endroits) et "les enseignants votaient au même titre que les parents alors qu'ils ne sont pas dans le même collège". "On nous fait croire qu'on nous consulte, mais on nous remet le périscolaire qui existait déjà avant !", estime Martine Paul, pour qui les changements ne mettent plus "l'enfant au cœur du problème". La fédération des parents d'élèves demande également à ce qu'au moins la première demi-heure de périscolaire soit gratuite.
Sur ce sujet, la nouvelle majorité a surtout prévu de revoir les tarifs, auparavant forfaitaires et identiques pour tous, en les indexant sur le temps passé et les revenus des familles. Ils doivent être discutés par les élus de la majorité ce mercredi 4 juin, avant d'être soumis au vote des conseillers municipaux le 30 juin prochain.
La Ville de Belfort envisage de son côté un retour à la semaine de 4 jours
La FCPE estime par ailleurs que le coût n'est pas un argument suffisant pour supprimer les NAPE. "C'est un choix politique", défend Martine Paul. "Pourquoi ces activités, qui bénéficiaient à des gamins qui n'auraient jamais pu faire ça dans un autre cadre, ne devraient-elles pas être une priorité sur la création de ronds-points ou l'installation de fleurs ?" Enfin, à la question du maintien du comité ou de sa réactivation en vue de réaliser une évaluation des activités, l'adjointe répond par la négative et déclare qu'il n'y aura pas non plus de bilan des activités.
La mairie envisage néanmoins de proposer certaines activités sur la première plage de périscolaire, de 16 à 17h, en faisant appel à du personnel communal (ludothèque, médiathèque, animateurs sportifs...) et à certains partenaires extérieurs dont les activités auront été jugées pertinentes sur la base de remontées des directeurs des écoles.
La Ville de Belfort envisage de son côté un changement plus radical. Elle a lancé une consultation sur l'application de la réforme. 3500 cartons-réponse ont envoyés auprès des parents d'élèves et enseignants avec la question suivante : "au terme d'une année de mise en place des nouveaux rythmes scolaires, souhaitez-vous le retour à la semaine de 4 jours ?" Les bulletins étaient à retourner pour le 28 mai et les résultats doivent être annoncés dans les jours qui viennent.
Camille Pons