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Alain Boissinot affirme l'indépendance du Conseil supérieur des programmes devant les députés

Paru dans Scolaire le mercredi 28 mai 2014.

"Chacun des dix-huit membres (du CSP, Conseil Supérieur des Programmes) vient avec sa culture, son expérience, son envie de bien faire, sa bonne foi. Aucun n’intervient en tant que porte-parole d’une organisation ou de quelque groupe ou organisation que ce soit. Je récuse la tentation, dont les médias se sont fait écho, qu’ont pu avoir certains de compter les représentants supposés de telle organisation ou de tel syndicat." Alain Boissinot, président du CSP, auditionné par la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale ce 28 mai, réaffirme l’indépendance de l’instance devant les députés. "Le dialogue s’est noué entre personnalités d’origine et de parcours différents. Nous ne prétendons pas à dix-huit couvrir tous les champs d’expertise nécessaires. Nous sommes là pour conduire une réflexion qui à chaque fois que c’est nécessaire fait appel à des compétences extérieures, nous mettons en place des groupes d’experts." Alain Boissinot affirme ne jamais recevoir de consignes des ministres, en dehors des lettres de commandes transparentes et publiques.

Il concède toutefois l’existence de "groupes d’intérêt qui représentent des disciplines, des syndicats qui représentent des points de vue. Nous les rencontrons, il s’agit là de débats. Nous avons pour rôle d’aider à faire émerger des points de consensus."

EVALUATION DU SOCLE

Parmi les 22 députés qui interviennent, plusieurs soulignent le fait que dans la question du socle commun la manière dont sera prévue l’évaluation est un enjeu essentiel. Alain Boissinot présente quelques principes que le CSP va proposer au ministre de l’Education national, Benoît Hamon. Parmi ces principes, il y a "l’idée qu’on ne peut pas garder la dualité brevet des collèges et évaluation du socle. Il faut que la même procédure permette de valider socle et programmes, parce que c’est la même chose. Il faut que ce soit simple, compréhensible pour tout le monde." Il plaide en faveur de "procédures d’évaluation à la fin de chaque cycle et pour une validation à la fin de la scolarité obligatoire". Il propose aussi une très forte simplification du livret de compétences, dont la complexité a été décriée.

Alain Boissinot estime que ce travail d ‘évaluation des connaissances et des compétences doit s’organiser autour de cinq domaines. D’abord, "tout ce qui concerne les langages indispensables pour structurer sa pensée et communiquer : la maîtrise de la langue française, des langues étrangères ou régionale… Ce sont aussi un certain nombre de langages scientifiques, numériques, les outils de communication". Un deuxième bloc est constitué par tout ce qui concerne les méthodes et les outils pour apprendre. "Ce ne sera pas forcément l’expression 'apprendre à apprendre' qui est un peu stéréotypée, connotée."

Un troisième bloc concerne la formation du citoyen. Un quatrième l’observation et la compréhension du monde, regroupant tous les enjeux de science et de technique. Un cinquième domaine concerne "les différentes représentations du monde, la manière dont à travers langage littéraire, l’histoire, la géographie, la culture… les hommes tentent de comprendre le monde".  Chacun des domaines se décompose en quatre types de connaissances et de compétences.

Le CSP travaille notamment avec la DEPP

Par ailleurs, Alain Boissinot explique que le CSP travaille avec la DEPP, le CNESCO, l’inspection générale, les universités. "Nous avons l’ambition de développer des réflexions conjointes avec tous ceux qui œuvrent dans le champ de l’évaluation éducative et d’en tirer des conséquences pour l’élaboration des programmes".

Commentant la récente enquête de la DEPP qui montre que les élèves avaient bien fait des progrès dans le maniement de pratiques opératoires lié à la maitrise du code en début de CP, il estime qu’on ne les retrouve pas deux ans après "parce que les élèves n’arrivent pas suffisamment à réinvestir dans les activités complexes, de lecture ou de problèmes, les acquisitions faites à l’école maternelle. On ne peut pas raisonner en disant qu’on va travailler systématiquement l’acquisition des codes, comme certains le suggèrent. On ne peut pas non plus être uniquement sur des activités complexes. Si on ne maitrise pas suffisamment le code, on ne peut pas durablement réaliser des activités complexes. Il faut associer les deux démarches. C’est le travail que nous allons essayer de mener dans l’élaboration des programmes."

Les disciplines doivent accepter d’évoluer

Interrogé à propos de l'absence du mot "curriculum" de la charte des programmes, il explique que "pour tenter d’éviter les polémiques, nous n’avons pas utilisé le mot. Nous avons fait allusion à la pratique curriculaire. L’esprit est celui du curriculum". C’est l’idée qu’en matière de définition des contenus de l’enseignement, il faut partir d’un projet global pour en déduire les parties et pas l’inverse. Et que doivent être articulés les contenus d’enseignement, l’évaluation, les pratiques pédagogiques et la formation des maitres. "Cette volonté de cohérence n’est pas une machine de guerre contre les disciplines. Elles sont un outil indispensable pour structurer et penser les enseignements. Mais elles doivent accepter d’évoluer pour répondre à des besoins nouveaux et dialoguer les unes avec les autres."

Alain Boissinot estime que sur tous ces sujets, le ministère doit définir les grandes priorités mais permettre aux acteurs de s’adapter aux contextes variés. Il faudra développer l’autonomie des établissements et des équipes pédagogiques. "C’est comme ça que le système se régénère."

 

 

 

 

 

 

 

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