Le niveau des acquis des élèves en début de CE 2 entre 1999 et 2013 a "légèrement diminué" (DEPP)
Paru dans Scolaire le mardi 27 mai 2014.
De 1999 à 2013, le niveau des acquis des élèves en début de CE2 est resté stable ou a légèrement diminué. En français, la baisse concerne l’orthographe et le vocabulaire, tandis que le niveau en lecture reste stable. En mathématiques, les élèves éprouvent des difficultés face à des problèmes numériques mais ils maîtrisent mieux la soustraction. C’est ce qu’affirme une note de la DEPP (le service évaluation de l'Education nationale) publiée ce 27 mai. La progression des acquis observée en début de CP à 14 ans d’intervalle, ne s’observe plus à l’entrée du CE2. "Ces résultats interrogent l’implication précise des apprentissages précoces dans les acquisitions ultérieures, ainsi que la fonction des premières années de l’école élémentaire." Pour confirmer les progrès constatés en début de CP, il faut, estime Catherine Moisan, la directrice de la DEPP, "outiller les professeurs. (…) Que les chercheurs, les formateurs s’y mettent. Il faut passer par les ESPE".
La DEPP pointe la baisse des performances globales des élèves. "Sur 79 items utilisés au total, 38 en français et 42 en mathématiques, le taux de réussite moyen passe de 66% en 1999 à 64% en 2013." La DEPP observe également une hausse du pourcentage des élèves les plus faibles : en 1999, les 10% d’élèves les plus faibles ne parvenaient pas à dépasser un certain score global ; en 2013, 12,7% des élèves se situent en-deçà de ce même score" Le pourcentage d’élèves dans les hauts niveaux de performance baisse. En outre, les élèves en retard de 2013 sont moins nombreux et nettement moins performants que les élèves en retard en 1999.
Appauvrissement du vocabulaire et détérioration des connaissances orthographiques
En lecture, la stabilité des performances se confirme sur des texte avec peu d’implicite. Le taux de réussite se maintient à 80%, détaille Catherine Moisan. En revanche, elle fait état d’ "une légère baisse sur ce qu'on appelle la compréhension des textes avec implicite".
La maitrise du vocabulaire est en net recul. De même l’exercice orthographique qui consiste à transformer au genre masculin un texte au genre féminin subit une baisse. "C’est de l’orthographe. C’est la de la conscience du groupe nominal. Ce sont des compétences qui ne relèvent pas du code, c'est-à-dire du déchiffrage et qui sont des compétences langagières de l’écrit absolument essentielles", explique Catherine Moisan. "Ces résultats confirment ceux d’études précédentes sur le sujet et montrent un appauvrissement du vocabulaire et une détérioration des connaissances orthographiques en début de 6e de 1997 à 2007."
En mathématiques, le taux de réussite moyen passe de 64% à 62%. Les élèves peinent en résolution de problèmes numériques et géométriques. Les principales recherches actuelles soulignent l’importance des apprentissages sur le système décimal et sur la décomposition et la recomposition des nombres.
Le débat méthode syllabique vs méthode globale est "totalement stérile"
Interrogée à propos des méthodes d’apprentissage de lecture, Catherine Moisan estime que "nous avons besoin de consensus scientifique. Les enseignants ont besoins de sérénité. Les querelles à la marge des chercheurs ne les aident pas." Pour la directrice de la DEPP, "le débat ‘syllabique/globale’ est totalement stérile. Maintenant on sait qu’il faut faire des méthodes phonologiques. (…) Le sujet, c’est comment on travaille à côté sur des compétences langagières. Comment on fait les dosages, les progressions ? Toute politisation des méthodes pédagogiques est nuisible. (…) Je suis encore plus inquiète pour les maths pour lesquelles ce n’est pas qu’il n’y a pas de consensus, mais qu'il n’y a pas de nourriture".