Scolaire » Actualité

Gouvernance du système éducatif : P. Devin (SNPI-FSU) dénonce les illusions (ou pire) de l'administration

Paru dans Scolaire le dimanche 04 mai 2014.

"On pourrait croire que l’idée d’un pilotage fondé sur la responsabilité est une conception centrée sur la confiance (...) Si c’était le cas, nous ne pourrions qu’y souscrire." Paul Devin, secrétaire général du SNPI dénonce les illusions ou les faux-semblants de la "nouvelle gouvernance" dans l'Education nationale, et notamment le décret pris par Luc Chatel au début de l'année 2012 pour réorganiser le système hiérarchique dans l'Education nationale. Mais alors que ce texte consolide "la chaîne administrative descendante", le responsable du syndicat FSU de l'inspection, dans un long article du dernier numéro de la revue "Inspecteur aujourd'hui", s'attaque plutôt aux illusions du management de proximité. Il y serait favorable s'il s'agissait "de reconnaître les capacités des acteurs à concevoir leurs actions professionnelles" ou "de construire des procédures plus collégiales dans l’élaboration des décisions". Il n'en est rien, assure-t-il.

La rémunération au mérite, par exemple, suppose qu'on soit "capable de définir des indicateurs chiffrés qui vont permettre de rendre compte de l’impact de l’action professionnelle sur l’atteinte d’un objectif". Mais ce n'est pas le cas. "Nous savons, par exemple, que la modulation de l’indemnité des inspecteurs en fonction du mérite est très peu pratiquée", et que, là où elle l'est, "l’opacité des critères rend difficile de croire qu’un inspecteur pourrait objectivement chercher à améliorer sa pratique puisqu’il ignore tout des éléments qui déterminent l’attribution de la part variable".

Un contrat qui n'a pas de valeur

De même pourrait-on être séduit par la contractualisation. "Qu’il faille définir des objectifs, évaluer leurs résultats, concerter des stratégies pour les atteindre, ... nul doute. L’action collective a besoin de cette formalisation." Mais un contrat n'a de valeur que s'il repose "sur la liberté contractuelle" et s'il génère "une réelle obligation des parties".

Quant à la construction du projet académique, elle "est parfois la production d’un cénacle restreint, si éloigné des réalités quotidiennes qu’il ne perçoit même pas la nature profondément inadéquate de ses décisions et par conséquence leur inefficacité à améliorer objectivement la réussite des élèves". Même analyse pour le pilotage par les résultats : "Nos collègues chefs d’établissement savent désormais quelles tournures ubuesques cela peut parfois prendre" et pour le premier degré, les inspecteurs "sont parfois confrontés à de tels jeux superficiels dans le maniement des indicateurs qu’ils ne peuvent faire l’économie du doute!"

Cet article est aussi l'occasion pour le secrétaire général du SNPI de préciser la position du syndicat: "Ce n’est pas l’immobilisme qui guide nos préventions contre la réforme de la gouvernance, c’est la volonté de mettre d’autres valeurs au cœur des évolutions", notamment la conviction qu'il faut "construire les changements avec les personnels" sans imaginer que "la déréglementation sera, par nature, favorable à la qualité du système éducatif".

Le numéro 87 d'Inspecteur aujourd'hui est téléchargeable ici.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →