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L'Ecole doit se réformer, ou accepter d'être engloutie par un "tsunami numérique" (E. Davidenkoff)

Paru dans Scolaire le mercredi 26 mars 2014.

"La question n'est pas de savoir si le numérique entrera ou non dans toutes les écoles", mais s'il le fera avant "qu'une offre purement privée se structure en complément de l'école, ou à sa place". Pour Emmanuel Davidenkoff, le "tsunami pédagogique" va bouleverser notre système scolaire, et "qu'on le veuille ou non, 'l'école 'à la papa', celle de l'enseignement frontal et du psittacisme a vécu". D'ailleurs, si l'institution avance lentement, les enseignants sont, en réalité "ouverts à ces évolutions". Le chroniqueur de France-Info en veut pour preuve que "même la société des agrégés a consacré un numéro de sa revue au numérique". Car si l'auteur consacre une large part de cet essai à l'enseignement supérieur, aux MOOC et au "marché mondial des talents", il s'interroge aussi sur les conditions d'une mutation de l'enseignement scolaire.

Il n'hésite pas à prendre des chemins de traverses. Ainsi cette anecdote. Il interviewe Xavier Darcos, "brillant organiste et mélomane érudit" pour France Musique et celui-ci vante l'importance du désir et du plaisir pour expliquer qu'il ait consenti à tant d'efforts pour maîtriser un instrument aussi difficile. "Pourquoi ne pas instaurer un lycée du plaisir d'apprendre ? 'Cela ne ferait pas sérieux' répondit Xavier Darcos. Tout était dit." Et pourtant, l'Ecole doit "s'interroger sur la façon de susciter le désir d'apprendre qui mènera au plaisir de savoir et de savoir faire", ce à quoi peut contribuer le numérique.

Le journaliste se garde bien d'ailleurs de condamner l'institution. Les mêmes causes produisent les mêmes effets partout dans le monde. "Lors du WISE 2013 de Doha, les initiatives les plus spectaculaires ou les plus disruptives en faveur de l'éducation pour tous ont été présentées non par des Etats mais par des entrepreneurs sociaux ou des ONG. Comme si les systèmes officiels étaient incapables de revoir leur logiciel (...)". Mais c'est notamment le cas de l'Education nationale qui n'a, par exemple, pas su tirer d'enseignements de "La main à la pâte". Et pourtant, "certaines innovations pourraient conduire à l'émergence d'une offre privée concurrentielle", et "la société se saisira des facilités qu'offre le numérique pour inventer un contre-modèle privé, à des tarifs accessibles aux classes moyennes, voire, à certaines conditions, aux classes populaires", le service public se cantonnant "à la formation d'élites archi-sélectionnées (...) et à l'accueil des enfants des classes populaires (...) tandis que le privé - sous contrat et hors contrat - poursuivra sa croissance pour faire jeu égal, quantitativement, avec le public".

"Le Tsunami numérique", E. Davidenkoff, Stock, 200 p., 18 €

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