L'utilisation pédagogique du cinéma suppose de former les enseignants (Les Cahiers Pédagogiques)
Paru dans Scolaire le lundi 24 mars 2014.
"Pratiquer le cinéma nécessite quelques compétences techniques: c'est bien le rôle de la formation que de donner des ressources sur ce point aux collègues qui se lancent dans la réalisation de récits en image avec leurs élèves." C'est ce que note Alain Zamaron, ancien formateur, membre du CIELAM, centre interdisciplinaire d'étude des littératures de l'Université d'Aix-Marseille. Il s'exprime dans les Cahiers Pédagogiques dont le numéro de mars-avril est consacré à la place du cinéma dans les apprentissages. "Le cinéma n'est pourtant pas au panthéon des disciplines scolaires et personne ne souhaite qu'il le devienne", nuance Pascal Bride dans l'édito tout en déplorant que son utilisation pédagogique reste trop souvent du ressort d'initiatives individuelles. Or, cette utilisation peut déboucher sur des pratiques qui mobilisent des élèves sur des projets complexes et développant des compétences variées. "Il serait d'autant plus appréciable que les programmes en préparation légitiment une place importante du cinéma dans les apprentissages." Une professeure d'histoire-géographie rappelle que demander aux élèves de réaliser une vidéo mobilise bien des compétences, de la créativité de la technicité, de l'opiniâtreté. "On ne le fait qu'en catimini, pendant des vacances, en fin de cours, avec les scrupules de prélever ce temps sur celui du bachotage." Alain Zamaron explique, pour sa part, que lorsqu'il est devenu formateur, il a eu le souci de communiquer sa passion pour l'utilisation pédagogique du cinéma "étant donné le vide dans les programmes".
Il a organisé des stages de sensibilisation pour la formation continue des professeurs de lettres. L'objectif était de produire un court métrage. "Deux aspects devaient figurer dans le cahier des charges: l'écriture d'un scénario avec la prise en compte de la partie didactique d'une part et d'autre part la réalisation technique du film, elle aussi vue à travers ses applications pédagogiques." La réalisation technique représentait la principale difficulté. C'est donc sur ce domaine que portait la majeure partie du stage. "Ma priorité était d'obtenir des images convenables, facilement utilisables au montage car le véritable objectif était d'arriver à maîtriser suffisamment un programme de montage pour pouvoir l'utiliser avec des élèves."
Alain Zamaron écrit que son souci de formateur était de montrer comment on pouvait inscrire ce travail dans une progression avec des objectifs disciplinaires, des critères d'évaluation, conformes aux programmes. "Le plus important est de disparaître, de se fondre dans un accompagnement vigilant pour laisser la place à l'expression des élèves. Peu importe la qualité de la réalisation finale, pourvu qu'elle soit le fruit d'un travail réel de la classe."
Par ailleurs, dans le même dossier, un professeur de lettres rappelle que "les rapports personnels que les élèves entretiennent au cinéma rendent imprévisibles leurs réactions face à son utilisation en classe, au détriment des plus belles intentions didactiques. A l'enseignant d'ajuster, entre ce qui résiste et ce qui accroche".
Les Cahiers Pédagogiques, numéro de mars-avril 2014, à commander (ici).