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La responsabilité éducative des enseignants "suppose une culture de la relation avec les parents" (Pascal Balmand)

Paru dans Scolaire le jeudi 20 février 2014.

"Le travail et la mission des enseignants consistent à transmettre des connaissances mais aussi à éduquer à la relation et au vivre ensemble. Cette responsabilité éducative suppose une culture de la relation avec les parents et les familles", affirme Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique (SGEC). Il est auditionné ce 20 février par la mission d’information sur les relations entre l’école et les parents à l’Assemblée Nationale. "Nous ne souhaitons pas nous enfermer dans le piège du discours facile de parents démissionnaires, même si il est évident qu’un certain nombre des parents sont éloignés de l’école ou que l’école n’est pas suffisamment proche d’eux. Je n’ai pas de solutions miracles mais il y a des initiatives prises qui sont porteuses d’espérance", explique Pascal Balmand, évoquant un partenariat entre l’enseignement catholique et le mouvement ATD Quart Monde. "Je porte de grands espoirs dans cette collaboration que nous sommes en train de construire." Il s’agit de "rassurer les familles qui ont peur de l’école".

Dans le cadre de ce partenariat, "au sein de l’agglomération lilloise un certain nombre de nos établissements, mais également des établissements publics, se sont engagés à travailler dans les zones les plus fragiles pour aller vers les familles et pour les faire venir". Invité à fournir des précisions, le secrétaire général de l’enseignement catholique déclare que le mouvement, qui sera auditionné la semaine prochaine, en parlera mieux que lui-même. Il insiste sur la "nécessité d’approfondir nos efforts en la matière et de faire vivre une école qui inspire confiance".

Des micro-initiatives qui renforcent les liens entre l’école et les familles

 Concernant la formation des maîtres, il n’y a pas de modules spécifiques relatifs à la relation aux parents mais une "volonté de la part des formateurs et des tuteurs de prendre en compte les parents quel que soit le sujet abordé, de façon transversale". Il faut que "les futurs enseignants s’approprient la conception de leur métier qui fait des parents des interlocuteurs non-facultatifs". En outre, Pascal Balmand pointe la "responsabilité cruciale et centrale" des chefs d’établissement qui "portent le souci de la participation des familles pour diffuser des orientations au quotidien".

"Nous avons toujours manifesté notre soutien à la politique du socle commun pour des raisons pédagogiques. Mais aussi parce qu’il peut favoriser une meilleure lisibilité pour les familles de ce qui se joue à l’école, de l’ambition scolaire des établissements." Par ailleurs, "les rituels pour formaliser les relations entre l’école et les parents sont importants et aidants". Il rappelle que depuis une dizaine d’années, l’enseignement catholique organise tous les ans, le premier vendredi de décembre, "la journée des communautés éducatives". L’objectif est de "sortir du quotidien et de prendre le temps de traiter ensemble telle ou telle question relative au projet d’établissement". Il rappelle que "les établissements catholiques sont de plus en plus nombreux à offrir des cours de soir et d’alphabétisation pour les parents d’élèves primo arrivants. Ces micro-initiatives renforcent les liens entre l’école et les parents."

Promouvoir la co-éducation

Interrogé à propos de l’insatisfaction de certains parents par rapport à l’enseignement public qui les inciteraient à scolariser leurs enfants dans le privé, il répond que "les raisons qui font que des parents frappent à notre porte ne sont jamais univoques. Elles procèdent d’un faisceau de motivations". "Je souhaite que les familles fassent appel à l’enseignement catholique pour des raisons de projets et pas par défaut. Par défaut, c’est le cas ici ou là. On le sait et on le regrette."

Yves Fournel, président du réseau français des villes éducatrices et adjoint au maire de Lyon, auditionné lui aussi insiste sur la nécessité "d’impliquer les parents et d’en faire des acteurs, pas seulement des usagers". Pour ce faire, le réseau développe plusieurs modes : des réunions classiques d’information, la mise en place de points d’accueil dans les mairies, dans les quartiers, dans les ludothèques. Mais aussi la transparence dans les critères d’admissions dans les structures de la petite enfance. Yves Fournel pointe également la nécessité de développer des actions passerelle entre les structures de la petite enfance et les écoles maternelles. Il faut également renforcer l’accompagnement des parents dans les moments de transition, comme le passage en CP et en 6e.

Yves Fournel fait part de la volonté du réseau de promouvoir la "co-éducation". "Il s’agit de pouvoir répondre aux besoins individuels et collectifs des parents (…) Il ne s’agit pas de donner le pouvoir aux parents mais de leur donner la parole et de reconnaître leur rôle, dans un mouvement de coopération éducative." Interrogé à propos de la faible représentativité des fédérations de parents d’élèves, Yves Fournel met en garde les députés: "si on n’y prête pas attention, on aurait beaucoup à perdre à la marginalisation des fédérations de parents d’élèves. Elles sont un outil pour construire la parole propre aux parents d’élèves."

 

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