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"Ce qui se dit pour l'éducation prioritaire doit irriguer" toute l'Education nationale (V. Peillon)

Paru dans Scolaire le jeudi 16 janvier 2014.
Mots clés : Peillon, REP, REP+, ECLAIR, RRS

Il faut "faire que ces établissements soient des lieux d'excellence" et non pas ceux d'une "exigence inférieure". Vincent Peillon a commenté et détaillé, ce 16 janvier, les mesures annoncées hier en conseil des ministres pour la refondation de l'éducation prioritaire. La plupart de ces mesures concernent l'ensemble des "REP" (réseaux d'éducation prioritaire) soit un millier de collèges et les 5, 6 ou 7 écoles situées en amont. Ces REP correspondent aux actuels RRS (réseaux de réussite scolaire), même si certains nouveaux réseaux peuvent y entrer et d'autres en sortir, un flux évalué à 5 ou 10 %. Le dispositif ECLAIR disparaît, mais, correspondant à peu près au même périmètre, les établissements "REP+" disposeront de quelques moyens supplémentaires. Ces quelque 350 collèges sont ceux dont seuls 42 % des élèves atteignent le niveau 2 aux évaluations PISA, contre 79% en moyenne nationale et quelque 60 % dans les autres REP.

Les enseignants dont les établissements RRS ne seront pas REP conserveront pendant plusieurs années, 5 sans doute, le bénéfice de leur "indemnité ZEP". Ceux des REP pourront plus que les doubler en assurant des tâches de coordination, et ceux des REP+ les tripler. Les "primes modulables" mises en place par la précédente majorité dans le cadre de l'autonomisation des établissements disparaît. Cette augmentation indemnitaire se fera dans le cadre du budget de l'Education nationale, non pas "à moyens constants" comme l'a dit le ministre, mais dans le cadre des moyens des budgets 2015-16-17 tels que leur évolution a été arbitrée (à l'Elysée semble-t-il), précise son entourage. V. Peillon s'est refusé à chiffrer précisément le coût de cette "revalorisation" des indemnités, même s'il parle de 300 à 400 millions pour un ensemble de mesures hors créations de postes.

Les "REP +"

Les REP+ devraient également être avantagés lors de l'affectation des postes qui seront créés dans le cadre des "60 000 postes", qu'il s'agisse des enseignants, des infirmières scolaires, et des assistantes sociales, mais aussi avec trois jours supplémentaires de formation. Toutes les autres mesures seront mises en oeuvre dans l'ensemble des REP à la rentrée 2015, après une préfiguration dans une centaine de réseaux REP+ à la rentrée 2014 : pour les enseignants du premier degré, la pondération (1,1h pour une heure) se traduira par 9 jours pleins, et pour les enseignants de collège, par une obligation de service de 16,4h, mais il ne s'agit pas d'une "décharge". Ce temps doit servir pour la concertation (notamment entre écoles et collèges), pour recevoir les parents, etc. La formation continue viendra en plus et se fera "in situ".

Les autres mesures sont détaillées sur le site du ministère (ici). Elles concernent l'accueil des moins de 3 ans, le "plus de maîtres que de classes" (qui sera évalué constamment pour éviter toute dérive), l'accompagnement par des assistants d'éducation jusqu'à 16h30 et lorsqu'il y a des "trous" dans l'emploi du temps des élèves de 6ème, le dispositif D'Col de renforcement par le CNED du soutien scolaire mis en place dans les établissements, la création (en cours de discussion) d'un grade nouveau et de nouvelles perspectives de carrière, les internats dont la création sera orientée vers le niveau collège, les parcours artistiques et culturels qui ont de premiers résultats "formidables", 500 APS supplémentaires (assistants de prévention et de sécurité), les partenariats pour la réussite éducative et la santé des élèves notamment...

Une philosophie éducative qui s'applique partout

Mais Vincent Peillon, tout comme George Pau-Langevin insiste sur "le sens" de ces mesures. Elles ne sont pas destinées à distinguer certains établissements, "il n'y a pas deux écoles en France", même si certains établissements doivent bénéficier de davantage de moyens, et c'est la même "philosophie éducative" qui doit s'appliquer partout. Le "référentiel" qui servira de base pour la définition des projets des réseaux "doit irriguer le reste" et ses principes valent pour tous les établissements. Les équipes spécialisées de formateurs et les centres de ressources seront installés dans les ESPE pour bénéficier à tous et ne seront "pas réservés" aux REP.

Cette "philosophie" se retrouvera dans l'affectation des postes qui dépendra des difficultés sociales et scolaires des élèves des établissements, et à ce sujet Vincent Peillon évoque la situation de l'enseignement privé sous contrat. La règle du "80-20" (20 % des postes d'enseignants affectés à l'enseignement privé sous contrat) pourrait être mise en cause si certains établissements ne prennent pas leur part de la mixité sociale d'un quartier.

Le russe à Vaulx-en-Velin

S'il n'est pas évident qu'il faille nommer dans les REP des enseignants plus âgés et expérimentés, alors que les jeunes peuvent être davantage enthousiastes, il faut qu'ils soient formés et accompagnés. Les formations, les conditions de travail, les perspectives de carrière, les indemnités n'ont de sens que si elles contribuent à la constitution d'équipes stables. Et plutôt que de revenir à une carte scolaire coercitive, qui oblige les parents à inscrire leurs enfants dans ces établissements, il faut que ceux-ci soient attractifs, parce qu'ils auront davantage de moyens, mais aussi des filières et des options intéressantes. Celles-ci ne doivent pas se retrouver dans les établissements de centre ville. "Vous voulez faire du russe, c'est à Vaulx-en-Velin" s'amuse, mais c'est manifestement plus qu'une boutade, Vincent Peillon.

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