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Rythmes scolaires: il faut élaborer les PEDT dans une perspective de "co-construction" (le SIEN devant les sénateurs)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 14 janvier 2014.

La réforme des rythmes scolaire va "nous apprendre à gérer non plus une vision morcelée de l'enfant mais une vision plus globale dans laquelle chacun des partenaires a un regard qui a la même valeur. Le regard d'un animateur dans le cadre des travaux pédagogiques en dehors du temps scolaire, des travaux périscolaires, a autant d'importance que celui d'un enseignant, d'un parent" estime Patrick Roumagnac, secrétaire général du SIEN (syndicat UNSA des inspecteurs), lors de son audition par la mission d'information du Sénat sur les rythmes scolaires, le 8 janvier. "Il n'y a pas de séparation entre un enfant et un élève si ce n'est une séparation illusoire. Il faut rentrer dans une dynamique large qui implique les collectivités, les parents bien évidemment, les partenaires de l'école et l'école." Comment appréhender cette complexité? Les PEDT (projets éducatifs de territoire) doivent, insiste Patrick Roumagnac, être élaborés dans une "co-construction de la politique éducative" et devenir de véritables outils de pilotage.

"Le paradoxe à l'heure actuelle, c'est qu'ils ne sont pas obligatoires ou seulement sur des opérations formelles." Comme c'est le cas par exemple pour obtenir des dérogations au taux d'encadrement. "Il leur manque un sens", estime le syndicaliste. "L'accompagnement par les inspecteurs doit se faire dans une dynamique de souplesse, pas dans une dynamique de contrôle et de norme", ajoute-t-il. Il juge nécessaire que les IEN (inspecteurs territoriaux) se mettent "au service des collectivités". Il est impossible, indique-t-il, de proposer des réponses formelles qui seraient valables partout. "Il faut de la souplesse pour favoriser les initiatives locales, laisser un espace de confiance." Stéphane Crochet, secrétaire national du SE (syndicat UNSA des enseignants) abonde également dans ce sens: "il faut retourner vers les projets éducatifs territoriaux" et les faire évoluer pour qu'ils ne soient pas, "qu'une étape pour obtenir une dérogation".

"Nous ne pourrons pas refonder l'école si nous ne refondons pas l'encadrement de l'école"

Concernant ce premier "bilan partiel et provisoire", de la réforme des rythmes scolaires "il fallait réaliser l'articulation du temps scolaire dans la journée plutôt que dans la semaine. (…) La semaine de l'enfant ne se découpe pas en journées homogènes", estime pour sa part Frédéric Sève (SGEN-CFDT). Il dénonce une "incapacité d'organiser un dialogue social pour traiter les problèmes là où ils se posent et quand il se posent". Si la réforme paraît être dans l'ornière, c'est en raison de cette "incapacité à raisonner à propos de questions éducatives au niveau local. (…) Il faut s'assurer de se donner les moyens d'un vrai dialogue social dans les écoles, avec les enseignants et tous les personnels qui travaillent à l'école." En outre, pour le SGEN, il faut "aller plus loin et trouver les moyens que la journée soit réduite" mais également prendre en compte la différenciation des âges à l'intérieur de l'école élémentaire. Tout en visant à étendre la réforme au second degré (collège et lycée).

Les directeurs d'école "jouent un rôle qui est surdimensionné par rapport à la considération, la fonction, la posture que leur donnent les textes réglementaires. Ils sont de fait des animateurs d'équipe mais en réalité ils sont les responsables de l'école". Frédéric Sève estime qu'il faut reconsidérer ce rôle et le professionnaliser. Il préconise que ces personnels soient formés dans les ESPE. "La direction, ce ne sont pas des tâches c'est un métier qu'il faut traiter en conséquence." Cette reconnaissance ne doit pas se faire "contre la hiérarchie ni contre les municipalités", mais dans un esprit de dialogue social. En outre, il faut revoir les instances de collégialité qui accompagnent le directeur d'école dans sa fonction. La réforme des rythmes scolaires révèle, en outre, "la carence de personnalité juridique de l'école: tout se décide en dehors de l'école et loin du collectif de travail".

"Nous avons bien besoin de réinvestir et de faire évoluer le conseil d'école",ajoute Stéphane Crochet du SE. Quant au statut de l'inspecteur, il ne pourra évoluer "qu'à partir de l'évolution du statut du directeur d'école", estime de son côté Patrick Roumagnac. "Nous ne pourrons pas refonder l'école si nous ne refondons pas l'encadrement de l'école", insiste le syndicaliste.

Les établissements privés sous contrat sont frileux

Bruno Lamour, secrétaire général de la FEP (le syndicat CFDT de l'enseignement privé, favorable à la réforme), revient sur les difficultés provoquées par le décret du 26 janvier 2013 sur l'organisation du temps scolaire qui prévoit que les écoles privées sous contrat ne sont pas tenues à appliquer la réforme. Il y a "de la frilosité parce qu'on craint que la nouvelle organisation ne fasse fuir les familles". Il évoque également des établissements qui font le pari "que la réforme dans l'enseignement public fera des mécontents et qu'on récupérera des familles". Puis parfois un refus de principe de rentrer dans un dispositif municipal. En outre, le niveau "insuffisant" du fonds d'amorçage peut servir de "prétexte" pour ne pas s'engager. Moins de 10 % des 4 717 écoles de l'enseignement catholique ont mis en application la réforme à la rentrée dernière. "Ce taux ne devrait pas beaucoup augmenter en 2014 (...) Défendre la réforme est un peu difficile. Nous nous posons la question : combien de temps va-t-on tenir ? On a l'impression de ramer à contre-courant."

Les vidéo du Sénat sont accessible sur le site videos.senat.fr

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