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Lutte contre le décrochage : V. Peillon y voit un projet de société, et l'occasion d'une "réforme globale" du système scolaire

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture, Orientation le mercredi 08 janvier 2014.

"Je reste un peu jacobin", déclare Vincent Peillon, et lorsqu'on lui parle coopération avec d'autres institutions, ouverture, le ministre de l'Education nationale a "des doutes". Il le dit ce 8 janvier lors de son intervention au séminaire sur le décrochage qui réunissait ce matin les représentants des collectivités, des associations et surtout les représentants du réseau Foquale créé à son initiative pour "poursuivre et compléter" la politique mise en place par son prédécesseur, car sur un tel sujet "nous avons besoin de continuité" pour l'action publique. Et il constate que, dans le cas présent, non seulement l'ouverture à des partenaires extérieurs  "porte des fruits", mais qu'elle est "une source profonde d'enrichissement" pour le système scolaire, lequel "produit de l'échec". Le ministre de l'Education évoque notamment le redoublement, qui ne serait efficace que dans un quart des cas. Et il en appelle à une évolution profonde des mentalités et de l'organisation de  l'école, à "une réforme globale", à "un changement de regard sur l'élève", il "veu[t] de l'interdisciplinarité", de meilleures liaisons entre école et collège, et entre collège et lycée, entre le scolaire et le périscolaire. Le réseau Foquale a "la vertu" d'incarner "une philosophie au coeur de la refondation" et "un projet de société" où on ne dit pas à chacun qu'on "lui donne sa chance", comme s'il n'en avait qu'une, mais où "chacun se construit", a droit à l'échec et a un parcours.

L'entourage du ministre précise à ToutEduc que l'objectif des 20 000 "raccrochés" en 2013 a été atteint alors que le réseau Foquale se mettait en place, ce qui permet d'envisager davantage, 25 000 cette année. Il permet à chacune des 360 plates-formes d'appui et de suivi des décrocheurs mises en place lors du quinquennat précédent de disposer d'un interlocuteur unique au sein de l'Education nationale, disposant d'une recension précise et à jour des places disponibles dans les établissements scolaires. Les responsables sont souvent des chefs d'établissement ou des chefs de travaux qui disposent d'une vue d'ensemble sur les formations des autres établissements du bassin. Il admet volontiers que les évaluations statistiques du nombre des décrocheurs ne sont qu'indicatives. Quelque 180 000 jeunes ont été repérés comme étant potentiellement des décrocheurs, 100 000 ont pu être contactés, plus de 20 000 ont repris une formation scolaire, mais des solutions ont souvent été trouvées pour la plupart des autres.

La prévention du décrochage au LP

interrogé sur la prévention du décrochage, il fait valoir que le phénomène touche notamment des jeunes en première année de formation professionnelle. Ceux-ci ne récusent pas, sauf exception, leur orientation dans cette voie, mais leur affectation dans une section, qu'ils aient mal compris les réalités des métiers ou qu'ils aient été affectés dans une section ne correspondant pas à leur choix. Sans évoquer, comme dans l'enseignement général et technologique une année de détermination, le conseiller du ministre parle d'un premier trimestre d'observation qui doit permettre, dès que les difficultés d'un élève sont repérées, d'envisager avec lui une autre affectation. Il évoque aussi, pour la prévention du décrochage, les parcours d'orientation au collège qui devront bénéficier d'un temps dédié pris sur l'horaire des élèves.

S'exprimant avant le ministre, Anne Armand avait reçu une véritable ovation de la salle quand elle évoqué la nécessité d'un "changement d'état d'esprit profond" des personnels de notre système éducatif, et d'une "alliance" des enseignants avec la vie scolaire. Membre de la mission d'inspection générale sur le décrochage, elle dénonce le fait que trop souvent, l'Ecole ne se sent pas responsable du décrochage. D'ailleurs, ajoute-t-elle, "des inspecteurs n'ont pas jugé intéressant de nous rencontrer". Et elle pose la question, l'enseignant qui exclut un élève de sa classe prévoit-il un travail à effectuer, se demande-t-il comment il l'accueillera ensuite ? Une "école bienveillante" n'est pas, souligne-t-elle, une école avec "une dose de gentillesse en plus", ou qui tiendrait un discours démagogique, mais une école pour qui chaque élève a un projet porté par une équipe, et qui passe "d'une logique de tri" à une logique de formation pour tous.

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