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La liaison lycée-université est marquée par la défiance, alors que la porosité est de plus en plus forte (rapport IGEN –IGAENR)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 05 décembre 2013.

Un rapport émanant de l’IGEN et de l’IGAENR fait le constat de "la piètre qualité de la liaison entre lycée et université". Selon ses auteurs, les relations entre lycées et universités sont souvent marquées par "la triple empreinte de la distance, de la concurrence et de la défiance".

La distance se manifeste d'abord dans la différence entre les conditions de travail : "une classe à effectif limité face à des amphithéâtres de première année parfois surchargés, un emploi du temps contraignant et obligatoire face à un cursus aux horaires impératifs limités et, sauf exception, à une assiduité non strictement contrôlée, un espace physique compact face à des ensembles ouverts et multi-sites, parfois éclatés sur des villes différentes".  

Les expériences de rapprochement ne sont pas évaluées 

En outre la concurrence entre lycées et universités dessert la coopération. "Au fil des ans, le grand lycée francilien ou de métropole régionale est souvent devenu un mini campus rassemblant formations scolaires et supérieures, générales, technologiques et parfois professionnelles. Il peut être lycée des métiers et offrir des formations initiales sous statut scolaire, mais aussi par apprentissage, ainsi que des formations professionnelles continues."  À titre d’exemples, les rapporteurs citent les STS, sections de techniciens supérieurs, les CPGE, classes préparatoires aux grandes écoles mais aussi une multitude de formations supérieures dans des domaines comme l’expertise comptable ou la santé. "On imagine que dans de nombreux cas, ces formations soient, sinon privilégiées par les lycéens, à tout le moins mieux repérées que les formations universitaires. On connaît aussi l’attachement porté par les équipes de direction à la qualité de cette offre interne et donc à son recrutement", poursuivent les inspecteurs.  

Par ailleurs, soulignent-ils, les nombreuses expériences de rapprochement ou de partenariat entre l’université et le lycée n’ont pas prévu de dispositif d’évaluation. "Il est légitime de s’interroger sur la pertinence de certaines expériences par rapport à d’autres qui, à l’évidence, apportent une réelle plus-value pour les élèves et/ou les enseignants." Si certaines demandent surtout un minimum d’organisation pour pouvoir être mises en œuvre, d’autres impliquent une logistique lourde et un coût élevé, elles ne peuvent concerner, compte tenu de leurs modalités, qu’un nombre réduit d’élèves et d’étudiants. "La mutualisation entre les académies de l’information concernant ces expériences innovantes est essentielle. Cela passe par une évaluation de ces expériences et par une diffusion des conclusions qui en résultent, afin d’encourager celles qui s’avèrent être un vrai succès, mais aussi afin d’éviter la reconduction de celles qui ne sont pas concluantes."

Il faut améliorer les actions d'information 

"Longtemps le paysage de l’enseignement supérieur s’est traduit par trois modèles d’études supérieures caractérisés par le fait qu’il n’existait aucune passerelle entre eux, voire qu’ils étaient en concurrence", rappellent les inspections. Il fallait choisir entre des études longues à l’univesité, des études supérieures courtes, notamment en STS ou à l’IUT ou des classes préparatoires aux grandes écoles. "Il existe désormais une forte porosité entre ces trois grands modèles d’études supérieures, mais peu d’enseignants et moins encore de familles ont conscience de cette évolution." Il serait essentiel "d’informer et de sensibiliser les personnes concernées (professeurs, élèves et parents), dans la perspective de contribuer à l’égalité des chances des lycéens et des étudiants et de dépasser des stratégies d’évitement ou de contournement observées".

Le choix de s’inscrire à l’université ne ferme plus l’accès aux grandes écoles. Elles ont multiplié les voies d’accès ouvertes aux étudiants en parallèle du recrutement traditionnel via les classes préparatoires classiques. Par ailleurs, "de plus en plus d’élèves des grandes écoles, une fois diplômés, s’inscrivent dans un master 2 recherche, préalable à la préparation d’une thèse à l’université". Les étudiants titulaires d’un bac + 2 peuvent, quant à eux, poursuivre en licence professionnelle, voire sous certaines conditions en licence et à l’issue de la L3 s’inscrire en master ou tenter une des voies parallèles de recrutement des grandes écoles. "C’est désormais de véritables entrelacs de parcours qui se développent au sein des trois grandes voies de poursuite d’études. Il est essentiel que les rapprochements entre lycées et universités organisés avant le baccalauréat permettent aux futurs bacheliers au moins autant d’appréhender pleinement le paysage nouveau de l’enseignement supérieur que de se familiariser avec ce que sont aujourd’hui devenues les études à l’université."

L'intérêt très limité des salons

Concernant les actions d’information, "toutes les personnes rencontrées par la mission, à l’université comme au lycée, ont souligné l’intérêt très limité des salons organisés en partenariat entre les acteurs de l’enseignement supérieur : les élèves se dispersent, prennent des brochures et ne sont pas, à l’issue de la journée ou demi-journée passée au salon, mieux informés des choix possibles après le baccalauréat". Plutôt que les salons, les inspecteurs préconisent la formule des conférences thématiques. "Organisées plusieurs fois par an au lycée ou à l’université (ce qui pose toutefois dans cette dernière hypothèse le problème du transport des élèves ou des professeurs), ces conférences seraient dispensées par des universitaires ou des professionnels connaissant bien l’université ou les grandes écoles, les formations courtes ou longues. Elles auraient pour objectif de présenter l’ensemble du champ de l’enseignement supérieur et de montrer la pluralité des parcours possibles. Organisées durant les heures d’accompagnement personnalisé et préparées en amont avec un enseignant du lycée, ces conférences représentent un coût très faible et peuvent bénéficier aux élèves de lycées qui ne sont pas scolarisés dans une ville universitaire." Les inspecteurs encouragent également "les opérations d’immersion de courte durée (qui) permettent aussi de faire découvrir le travail en autonomie et l’usage que font les étudiants des ressources numériques ou papier dans leurs apprentissages". 

Le rapprochement et l’articulation des formations de premier cycle du supérieur entre lycées et universités "apparaissent comme des leviers puissants pour améliorer la qualité de l’orientation des lycéens et leur réussite dans l’enseignement supérieur". Ce qui se traduit par "une anticipation raisonnée des adaptations requises par le passage dans l’enseignement supérieur et par l’impératif de sécurisation des parcours". 

Le rapport "Évaluation des expériences de rapprochement et d’articulation des formations de premier cycle du supérieur entre lycées et universités" à consulter en ligne (ici

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