Parcours : le lycée polyvalent d'Héricourt (70) met l'accent sur la mixité des publics pour favoriser les ponts entre filières et les poursuites d'études dans le supérieur
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 25 novembre 2013.
Au lycée Louis Aragon d'Héricourt, en Haute-Saône, se croisent et se rencontrent des lycéens des filières générales et technologiques et des filières professionnelles, des étudiants de BTS, d'université et des futurs ingénieurs de l'UTBM (Université de technologie Belfort-Montbéliard) et, parmi eux, des apprentis. Ici, la mixité est encouragée à différents niveaux, au-delà de la vocation même du lycée estampillé polyvalent, afin, explique le proviseur Jean-Pierre Schmitt, "de valoriser les élèves des filières professionnelles et les mettre sur un pied d'égalité avec les autres élèves". L'objectif est double : "leur donner une bonne estime d'eux-mêmes et la bonne information au bon moment en favorisant les rencontres, y compris avec des étudiants, afin de leur donner la motivation pour poursuivre vers les études supérieures".
Au-delà des espaces communs, les lycéens - 650 au total - ont l'occasion d'échanger et de travailler ensemble lors de rencontres et de projets. La manifestation annuelle "Lycéens au cinéma" permet des regroupements lors de projections et ce sont les mêmes enseignants qui assurent l'éducation à l'analyse filmique. La "Journée des talents sportifs", mise en place depuis trois ans pour "mettre à l'honneur les élèves des sections UNSS méritants qui ont contribué au rayonnement de l'établissement", tout comme la cérémonie des bacheliers instaurée depuis l'année 2012-2013 sont organisées avec et pour l'ensemble des effectifs, et le CVL (Conseil des délégués pour la vie lycéenne) est également représentatif de la diversité des publics.
Une proximité des enseignants qui favorise la "réflexion intégrée"
Mais ce sont surtout les ponts d'une filière à l'autre qui sont fortement favorisés par les interventions des enseignants dans toutes les filières et leurs échanges. "Des passeurs" explique le proviseur, car "ils permettent aux différents mondes de communiquer entre eux". Les enseignants peuvent mettre en contact des élèves de différentes filières afin de permettre à certains "d'ajuster leurs projets", faire assister l'un d'entre eux à des cours d'une autre filière dans la même logique et permettre ainsi des passages d'un bac général à un bac technologique, d'un bac technologique à un bac professionnel et inversement. "Un élève l'an passé a ainsi quitté sa filière professionnelle pour une seconde générale et il a fini parmi les meilleurs élèves en mathématiques en fin d'année", rapporte Jean-Pierre Schmitt.
"Les enseignants peuvent aussi appuyer une candidature plus facilement car ils se connaissent bien, adapter leurs cours ou permettre à des élèves d'assister à des cours de BTS pour les motiver à poursuivre des études supérieures", souligne encore Jean-Pierre Schmitt. Inversement, les enseignants de BTS peuvent "conseiller des axes de travail aux enseignants de bacs professionnels". "Nous avions noté que l'une des grosses difficultés des bacheliers professionnels résidait dans leurs méthodes et leur capacité de travail. Nous nous sommes mis d'accord pour leur donner davantage de travail à la maison", poursuit le proviseur. "C'est cette proximité qui permet une réflexion plus intégrée." Résultat, les BTS du lycée d'Héricourt accueillent 40 % de bacheliers professionnels.
Des parcours peu fréquents
Enfin, le lycée accueille chaque année une quinzaine d'étudiants de l'UTBM, et une soixantaine de l'université de Franche-Comté, de l'UFR STGI (Sciences, techniques, gestion de l'industrie) et de l'IUT de Belfort-Montbéliard, dans le cadre de TP sur sa plate-forme technologique intégrée qui permet de travailler sur les problématiques énergétiques. Outre la mise à disposition des équipements, les cours sont animés par les enseignants du lycée. La première convention a été signée en 2008. Cette présence permet aussi d'organiser des rencontres dans le cadre de l'orientation de lycéens qui envisagent des poursuites d'études et peut donner lieu à la réalisation "de parcours peu fréquents, à l'image de cet élève issu d'un bac STG, qui a poursuivi au lycée Louis Aragon en BTS technico-commercial et poursuivi en licence professionnelle", rapporte encore le proviseur.
Camille Pons