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Rythmes scolaires : les difficultés ne sont pas liées au décret (Frédéric Sève, SGEN-CFDT)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 26 novembre 2013.

Alors que plusieurs fédérations appellent les enseignants à faire grève pour demander l'abrogation ou la suspension du décret sur les rythmes scolaires, Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT, qui soutient la réforme, répond aux questions de ToutEduc.

ToutEduc: Quelle est, aujourd'hui, votre position sur la réforme des rythmes scolaires?

Frédéric Sève: Selon nous, le débat ne porte pas sur la réécriture ou la suspension du décret de janvier 2013. L'application de la réforme rencontre effectivement des difficultés importantes que nous connaissons bien mais elles sont concrètes, et aucune solution ne relève du décret de 2013. Il s'agit par exemple du transfert de responsabilité des enfants entre les enseignants et les animateurs ou du lieu de travail du professeur des écoles quand la salle de classe est utilisée pour les ateliers périscolaires. Ces problèmes ne peuvent être résolus qu'au niveau local et certainement pas par un report du décret.

ToutEduc: Certains enseignants s'inquiètent de ce que la réforme dévalorise leur profession en faisant entrer les animateurs dans les classe. Comment les rassurer?

Frédéric Sève : Que la réforme dévalorise les enseignants, c'est un mythe et de la désinformation. Le débat qui va émerger avec l'articulation de plus en plus étroite entre le scolaire et le périscolaire doit au contraire être conduit dans la perspective d'une revalorisation des animateurs. Concernant les problèmes qui se posent concrètement maintenant, il n'y a pas confusion des rôles. Il faut définir le rôle de chacun, et pourquoi pas écrire une charte, au niveau local ou national, qui définisse les missions et les activités des uns et des autres. Nous avons aussi la chance à la CFDT d'être une confédération. Je rencontre la fédération des animateurs et les agents municipaux et je sais que nous pouvons trouver des terrains d'entente.

Lorsque les corps intermédiaires répondent à ces difficultés en attaquant le décret, leurs intentions sont avant tout déterminées par les échéances électorales de 2014. En outre, traditionnellement, les syndicats font du lobbying ministériel.

ToutEduc : Vous avez dit lors d'un colloque de l'IREA (institut de recherche du SGEN-CFDT) que les missions des syndicats devaient se recentrer vers le terrain. Où en êtes-vous ?

Frédéric Sève : Les syndicats font aujourd'hui du lobbying ministériel parce que historiquement leur action était dirigée vers l'Etat pendant la construction de la fonction publique. Depuis, l'Education nationale a connu la déconcentration, qui se poursuit, et les syndicats sont pris de biais. Ils doivent se rediriger vers l'équipe locale. Pour cela, nous avons, depuis 2001, modifié la structure du syndicat de départementale en académique, nous constituons des réseaux de militants dans les établissements, nous travaillons sur la formation de nos élus, nous devons encore développer le travail militant dans chaque établissement. Cela pose des questions en termes de priorité. Par exemple, devons-nous nous focaliser sur l'agenda du ministère, qui lance les négociations métiers? Ou sur celui des établissements, qui d'ici un mois devront fixer leur DHG (dotation horaire globale). Nous faisons les deux bien entendu, mais cela illustre mon propos.

ToutEduc: Est-ce qu'une revalorisation salariale aurait suffit à apaiser les professeurs des écoles ?

Frédéric Sève: S'il y avait moins d'inégalités salariales entre les enseignants, ce serait évidemment plus facile. Les professeurs des écoles sont globalement les moins payés des enseignants. Mais les conditions de travail sont aussi importantes. Au-delà du mercredi matin et des programmes, la question du collectif de travail au sein des écoles est essentielle. L'absence d'autorité de l'école, puisque ce n'est pas un établissement, rend la confrontation avec la hiérarchie plus brutale. Par exemple: lorsque le ministère de l'Education nationale a lancé une consultation sur les programme au printemps, la DGESCO a produit un questionnaire avec quatre items pour cadrer le débat. Dans une circonscription, ce questionnaire est arrivé entre les mains des enseignants avec 147 questions. Chaque échelon avait ajouté ses préoccupations. Face à la hiérarchie de l'Education nationale, les professeurs des écoles sont sentent trop isolés. Avec une structure du 1er degré, il plus facile de résoudre ce type de problèmes.

ToutEduc : Pensez-vous que l'allègement des programmes pourrait se régler par la substitution de certaines heures devant élèves à des heures dédiées à d'autres missions ?

Frédéric Sève: J'aimerais bien! Avec la réforme des cycles, la liaison école-collège, ça va dans cette direction. De fait, on s'est trop appuyé sur les heures de classe comme seule modalité d'action pédagogique. De nouvelles formes émergent, comme le travail en groupes réduits et l'accompagnement personnalisé, le tutorat en petits groupes, ou individuel. Cela suppose des programmes adaptés. La préparation à l'enseignement supérieur suppose moins une accumulation de programmes qu'un travail sur les élèves et leurs compétences.

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