Tablettes et éducation : comment une start-up spécialisée dans la cuisine fédère un département, un CDDP, des éditeurs...
Paru dans Scolaire le dimanche 24 novembre 2013.
Comment une entreprise française, Unowhy ("vous savez pourquoi" en français) qui a lancé une tablette, QOOQ, dédiée aux recettes de cuisine, a-t-elle pu intéresser des éditeurs scolaires à un projet de diversification de son produit "pour une e-éducation sur mesure" ? C'est un des récits que le salon Educatec-Educatice permet de constituer puisque les stands des divers acteurs sont côte à côte.
Le projet a été amené par cette start-up qui a été retenue en novembre 2012 par l'appel à projets "investissements d'avenir". Elle rassemble autour de son initiative un fabriquant, Oléane (en Saône-et-Loire) pour l'aspect industriel, le Conseil général et le CDDP de ce même département, un groupement d'éditeurs scolaires Editis éducation (Bordas, CLE International, Le Robert, Nathan, Paraschool et Retz), un laboratoire universitaire (Techné à Poitiers), un éditeur de solutions logicielles (Logospapience), et obtient 2,2 millions de crédits d'Etat pour un total estimé à 2,5 millions. Avant toute commercialisation en effet, le projet est développé dans deux collèges d'abord, dans 10 depuis cette rentrée, dans 15 à partir de janvier, dans des classes de 6ème, 5ème, 4ème et en anglais, histoire-géographie, français et maths. Des manuels numériques et des exercices interactifs sont installés sur quelque 2 000 tablettes et les éditeurs les font évoluer en fonction des retours des enseignants, dont le CDDP assure la formation et le suivi.
Pour les éditeurs, c'est le moyen de tester des hypothèses sur le passage du manuel numérique, transposition plus ou moins fidèle du manuel papier, à un autre format, la granularisation des contenus, de façon que chacun puisse "faire son marché" et piocher ce qui l'intéresse. Ce serait une façon de lutter contre le "photocopillage", puisque de nombreux enseignants, au lieu de suivre une méthode, prennent un document ici, un exercice là, et photocopient divers livres. La solution "logolab" de Logosapience évolue également pour permettre la supervision des élèves, la sauvegarde de leur travaux et le traitement de leurs résultats. L'expérimentation doit s'achever avec l'année scolaire 2014-2015. La TED, la "tablette pour une éducation digitale" apparaîtra-t-elle alors comme la solution, ou l'une des solutions, pour "faire entrer l'école dans l'ère du numérique" ?