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Culture scientifique : les colporteurs de Franche-Comté inspirent le Haut-Rhin et le Jura suisse

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture, Orientation le dimanche 24 novembre 2013.

Il aura fallu un peu plus de 40 minutes pour relier les 20 km qui séparent Montbéliard du collège de Blamont, petite commune du Doubs d'un petit peu plus d'un millier d'habitants, située non loin de la frontière suisse. Dans un brouillard à couper au couteau, à travers des prés, des champs, des forêts... Un trajet "pittoresque" qui constitue le lot de Guillaume Kuntz, le "colporteur des sciences" depuis 16 ans au service du Pavillon des sciences de Montbéliard, qui compte parmi la soixantaine de CCSTI (centres de culture scientifique technique et industrielle) français. Le colporteur parcourt quelque 20 000 km chaque année en Franche-Comté pour rallier en priorité des établissements du premier et second degrés éloignés des grands centres urbains, et y réaliser 80 à 90 interventions auprès de 6 à 9000 élèves.

La particularité de cet animateur diplômé d'un DUT de chimie, d'un "doctorat en curiosité" et d'un "master en bavardage et racontage d'histoires" ? Avec son camion de 11m3 rempli d'outils, de matériels et de jeux, il vient proposer des animations scientifiques autour de thématiques très diverses, des mathématiques à l'astronomie, en passant par l'optique et les ponts. En plus de "compenser les difficultés d'accès à des expositions ou à des musées", Guillaume Kuntz vient montrer aussi, par des démonstrations et de la manipulation, "que la science ne fait pas mal à la tête, qu'on peut s'amuser et que tout le monde peut y comprendre quelque chose !".

Aujourd'hui, ce sont les maths que deux classes de 3e découvrent "par l'autre bout de la lorgnette". Car ici, pas question de proposer des cours, mais des animations complémentaires. Quelques exemples : le métier de géographe est associé concrètement à la formation de mathématicien grâce à une démonstration réalisée autour d'une carte plane ; le théorème de Pythagore est découvert en déconstruisant des morceaux de deux carrés disposés sur les deux plus petits côtés d'un triangle rectangle et en les ré-assemblant dans le carré créé sur le côté le plus long, l'hypoténuse. "Une manière différente de comprendre alors que ce théorème est enseigné de manière arithmétique en cours. Et ceux qui sont meilleurs en dessin comprendront davantage le jeu que l'équation", poursuit Guillaume Kuntz. 

Un animateur "livré" avec les outils

De la même manière, sensibiliser au tri des déchets est plus percutant quand le colporteur ramène l'équivalent des ordures produites par une personne dans l'année dans un sac immense qui finit par toucher le plafond. Dans le planétarium mobile du colporteur, "les jeunes remarquent tout seuls que l'étoile polaire ne bouge pas". Et la poussée d'Archimède n'est jamais aussi bien introduite que lorsqu'il gonfle sa montgolfière de 7 mètres de haut.

"Un peu d'esbroufe", concède Guillaume Kuntz, "mais ça marche car les jeunes s'en souviennent, et longtemps". 13 ans plus tard, un jeune n'avait pas oublié les poupées de chiffon à taille humaine dédiées à l'étude de l'anatomie, qui présentent chacune un système différent, digestif, circulatoire, nerveux..., "sans que ce soit effrayant, ce qui est pratique pour des élèves de maternelle". Une élève d'Ornans s'est, elle, destinée à des études d'optique après une intervention sur cette thématique.

C'est de cette action, longtemps quasi unique par sa forme - des animations mobiles qui rentrent dans les classes et un savoir scientifique "livré avec un animateur" -, dont la Nef des sciences du Haut-Rhin s'est inspirée pour installer un dispositif similaire à cette rentrée. Il s'adresse aux enseignants d'Alsace mais aussi de la République et Canton du Jura suisse puisque l'originalité est d'associer le Centre Nature Les Cerlatez (Saignelégier), basé à une trentaine de kilomètres. La dimension transfrontalière a été un moyen de décrocher des fonds européens du programme Interreg IV Rhin supérieur pour la période 2012-2015, et de mutualiser le matériel pédagogique (des mallettes) et les moyens humains, les colporteurs des deux pays pouvant être amenés à intervenir de part et d'autre de la frontière sur les thèmes de la géologie, l’archéologie et la paléontologie, l’eau, l’énergie, la chimie ou encore la vie animale. 

Sensibiliser aux formations et débouchés scientifiques dans le Haut-Rhin et la Suisse

250 interventions sont prévues dans l'année, principalement dans des écoles élémentaires où le besoin est plus important car "les enseignants, issus en grande partie de filières littéraires, n'ont pas de bagage pour traiter cette partie du programme alors que les collèges disposent d'enseignants disciplinaires", explique le coordinateur du projet, Adrien Duda. L'objectif va au-delà de la diffusion du savoir scientifique en milieu rural, puisqu'il s'agit aussi de faire naître des vocations et de les orienter "vers les métiers de l'industrie et de l'entrepreneuriat en lien avec le tissu économique régional, enjeu surtout très important pour les partenaires suisses", précise encore Adrien Duda. Des fiches d'informations qui présentent formations et débouchés des deux côtés de la frontière ont donc été élaborées pour certaines animations.

L'apport financier des principaux partenaires, Conseil général du Haut-Rhin et Académie de Strasbourg côté français, Confédération helvétique, Canton du Jura et Loterie Romande côté suisse, permettent de proposer la gratuité des animations pour les classes pendant la durée du projet.

Le Pavillon des sciences de Montbéliard a de son côté développé une autre originalité en dédiant depuis 2010 un autre colporteur à une mission de diffusion du savoir sur les thématiques de l'alimentation, de la nutrition et de la santé. Aujourd'hui les CCSTI et des associations s'intéressent de plus en plus à cette forme de diffusion après avoir longtemps privilégié les mallettes pédagogiques destinées aux enseignants. Un autre colporteur œuvre ainsi à Sablé-sur Sarthe, dans les Pays de la Loire. Le Conseil régional et le Conseil général du Doubs sont les deux principaux financeurs de l'action franc-comtoise, le Conseil général finançant intégralement les interventions dans les collèges du département.

En savoir plus :

Colportage scientifique en Franche-Comté : ici

Colportage scientifique transfrontalier (Haut-Rhin et Canton du Jura suisse) : ici

Camille Pons

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