Scolaire » Recherches et publications

Programmes de 2008 : l'inspection générale met surtout en cause le fonctionnement de l'école élémentaire

Paru dans Scolaire le samedi 23 novembre 2013.

"Déficit de formation continue", des inspecteurs de circonscription qui accordent "une place de choix à la maîtrise de la langue et depuis peu aux mathématiques", mais qui négligent "totalement" l’histoire, la géographie ou l’instruction civique et morale... Le Monde s'est procuré et a publié le rapport de l'inspection générale sur "le bilan de la mise en œuvre des programmes et de l’aide personnalisée issus de la réforme de l’école primaire de 2008". Il porte bien peu sur l'aide personnalisée, et il est plus sévère pour les enseignants et leur formation, initiale et continue, comme pour le fonctionnement de l'institution que pour les programmes eux-mêmes. Ceux-ci sont "un peu plus ambitieux que les précédents, notamment en matière d’étude de la langue, sans que les exigences soient aussi élevées qu’elles avaient pu l’être par le passé, dans les programmes de 1985 notamment". 

En français, l'inspection dénonce notamment l'abondance des photocopies, la prégnance du déchiffrage aux dépens de la littérature de jeunesse, une lecture à haute voix "sans beaucoup d’exigences"... Elle dénonce également une "juxtaposition hétéroclite" et l'absence de lien entre vocabulaire, grammaire, orthographe, lecture et rédaction au point qu'elle évoque une "panne didactique". Pour les langues vivantes, les ressources sont "nombreuses", mais "peu connues des maîtres" qui "préfèrent fabriquer eux-mêmes leurs supports photocopiés". De plus "progression et cohérence dans les apprentissages ne sont pas assurées" et d’une année à l’autre, "les élèves font et refont à peu près la même chose". D'ailleurs, les acquis des élèves "ne sont que fort peu pris en compte au collège" dont les enseignants, "alléguant la trop grande hétérogénéité des acquis des élèves (...) s’en tiennent à leur pratique ancienne". Les inspecteurs vont jusqu'à dire que l'enseignement des langues vivantes à l'école élémentaire "a incontestablement une apparence" sans qu'on puisse "parler d’un véritable enseignement".

Défense des programmes en mathématiques

En mathématiques, "les programmes de 2008 ont introduit une approche de l’enseignement sensiblement différente de celle des programmes antérieurs" au point qu'ils sont "apparus à certains comme un retour" aux programmes "de 1887 ou de 1923". Les inspecteurs défendent pourtant des programmes qui "ont permis de renouveler des questions didactiques et pédagogiques fondamentales", un bénéfice en partie annulé par les évaluations nationales qui avaient lieu trop tôt : les connaissances à acquérir en CM2 n'étant pas testées, "beaucoup de maîtres ne les ont abordées que très tardivement et superficiellement, voire pas du tout". En revanche, les enseignants feraient un meilleur usage des manuels et des ressources en ligne". Quant aux activités de mémorisation, elles "commencent à retrouver une place, qu’il s’agisse des tables d’addition et de multiplication, de procédures de calcul mental, de techniques géométriques, etc.", tandis que la différenciation et l’individualisation des activités des élèves en fonction des besoins de chacun progressent.

Le rapport est plus sévère pour les sciences : "les leçons restent très succinctes, parfois même absentes. Elles reposent le plus souvent sur des photocopies issues de fichiers obsolètes (non-conformes aux programmes 2008)". La nécessité de renseigner le LPC (livret personnel de compétences) expliquerait des "progrès quantitatifs en matière de démarche d’investigation", même si "les enseignants semblent avoir des difficultés à élaborer des tâches complexes pouvant servir de support d’évaluation aux compétences du socle (et aux programmes)". Les inspecteurs généraux ne sont pas plus positifs en matière d'usages du numérique. En histoire, "les séances d’enseignement sont uniformément construites autour de l’explication de documents trop souvent hors de portée des élèves (...) Les questions au programme sont difficiles pour des enseignants peu formés". En géographie, les inspecteurs relèvent "régulièrement un manque de connaissances des enjeux actuels de la [discipline] chez de nombreux enseignants démunis en la matière". L'histoire des arts n'est pas mieux traitée. Quant à l’instruction civique et morale, elle "est une variable d’ajustement des horaires scolaires", d'autant que manquent les outils pédagogiques : " il est aujourd'hui difficile de trouver quelques ouvrages encore préoccupés par l’enseignement de la morale à l’école, deux ou trois peut-être depuis 1990." L'EPS est négligée par l'encadrement.

Quant aux programmes de 2008 eux-mêmes, si la "quasi-totalité des équipes pédagogiques rencontrées par la mission d’inspection générale [les] juge trop lourds, voire infaisables", c'est davantage le "manque de temps" que "la légitimité des contenus à faire acquérir" qui est en cause.

Le rapport peut être téléchargé ici, le blog du Monde ici

 

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →