L'INSEE donne la première définition du décrochage
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 19 novembre 2013.
"Parmi les 800 000 jeunes inscrits en 6e à la rentrée scolaire 1995-1996 en France métropolitaine, on estime à environ 200 000 le nombre de ceux qui ont décroché de l’enseignement secondaire, dont 40 000 sont diplômés d’un CAP ou d’un BEP." L'INSEE dans son "portrait social" donne du décrochage une définition fondée sur le code de l'éducation : "un décrocheur est un élève qui quitte un cursus de l’enseignement secondaire sans obtenir le diplôme finalisant cette formation (...) Le décrocheur peut être un élève diplômé d’un CAP ou d’un BEP qui entame un parcours menant au baccalauréat professionnel ou technologique mais qui quitte le lycée sans l’obtenir (...) Cette définition des décrocheurs n’inclut pas les étudiants qui commencent des études dans l’enseignement supérieur mais qui n’en valident aucun diplôme."
L'INSEE évalue à un peu plus de la moitié (53 %) la proportion des "décrocheurs" qui n'ont aucun diplôme et à un peu plus d'un quart (26 %) la proportion de ceux qui ont "seulement le brevet des collèges ou le certificat de formation générale". Il rappelle que 62 % des jeunes entrés en 6ème en 1995 ont obtenu le baccalauréat, et que 87 % de ces bacheliers "se sont ensuite engagés dans l’enseignement supérieur", mais que "près d’un sur cinq en est sorti sans diplôme".
Tous les décrocheurs n'ont pas été de mauvais élèves. "5 % étaient de bons lecteurs, 6 % avaient un bon niveau en mathématiques et 7 % un bon niveau en français", mais la moitié des décrocheurs "avaient des résultats inférieurs au quart des notes les plus faibles". Près de la moitié d'entre eux a redoublé au moins une classe au collège. Parmi les décrocheurs, la proportion d’enfants d’ouvriers est plus élevée que parmi les non-décrocheurs (48 % contre 31 %). Leurs mères sont moins diplômées, ils vivent plus souvent dans une famille nombreuse, et ce sont plus souvent des garçons. Les ambitions scolaires des familles sont moindres, ils sont "plus nombreux à avoir rencontré des problèmes de santé" ou à avoir connu "un événement grave" survenu à l’un de leurs parents ou encore la séparation de leurs parents.
A noter que la définition de l'INSEE et du code de l'éducation est différente de celle qui prévalait jusqu'à présent, un jeune sorti du système scolaire sans diplôme autre que le brevet ou le certificat de formation générale. L'institut évalue leur nombre à 160 000, alors qu'il était le plus souvent estimé à 120 000 (140 000 avec les DOM). Il réévalue également le nombre des jeunes élèves entrés en 6ème et nés avant le "baby booom" des années 2 000 (800 000 au lieu de 760 000). Dans les deux cas, sont considérés comme "décrocheurs" des jeunes sortis du système scolaire (ou de l'apprentissage) sans diplôme mais avec un emploi.
Le document à télécharger sur le site de l'INSEE, ici.