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Rythmes scolaires : échos de la journée (favorable à la réforme) organisée par La Gazette des communes

Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 15 novembre 2013.

"Quand ça marche bien, qu'enseignants et animateurs travaillent ensemble, la réforrme des rythmes scolaires constitue une vraie révolution, et du bonheur qui rayonne sur les gamins", s'exclame Pierre Regnault, maire de La Roche-sur-Yon et représentant des villes moyennes, hier 14 novembre, lors d’un colloque organisé par la Gazette des Communes et le groupe Territorial. Voici des échos de ce colloque dont Georges Fotinos, chargé de la synthèse, souligne qu'il s'est tenu "un peu en dehors du tohu-bohu" lié à la grève de ce jour, et qu'il réunissait, dans "un climat très positif", des représentants de collectivités qui ont tous souligné qu'il s'agissait d'une "bonne réforme" et d'un "levier de changement" pour l'Education nationale comme pour les villes. Vanick Berberian (villes rurales) ajoute qu'il n'a jamais entendu un maire remettre en cause le bien fondé de cette réforme.

Philippe Relin, élu à Eragny-sur-Oise, une commune d’environ 16 000 habitants a rappelé l’ambition de la municipalité "d’inscrire les enfants de manière universelle et gratuite dans un parcours éducatif de qualité et cohérent avant, après et pendant l’école". Le PEDT (projet éducatif de territoire) a d'ailleurs pour objectifs "l’ouverture d’esprit des enfants, la découverte des cultures partagées, l’apprentissage de la vie ensemble, la pratique du langage, du sport et de la musique, la construction de la confiance en soi, la perception d’équilibres entre les droits et les devoirs de chacun, entre l’individu et le collectif". En termes de budget, l'élu considère que "c'est supportable" et "bien moins onéreux que l’échec scolaire".

La fatigue des enfants

La fatigue des enfants a été évoquée à plusieurs reprises au cours de cette journée. Pour Jacques Salvator, maire d’Aubervilliers, le discours ne vient jamais des enfants, qui sont "ravis et intéressés". Georges Fotinos estime de même qu'ils "ont retrouvé le plaisir d'aller à l'école", que cette fatigue "n'est pas réelle", même si elle est invoquée par les enseignants et les parents, lesquels ne veillent pas à ce qu'ils dorment suffisamment. "Il faudrait mettre en place une campagne de communication nationale, avec des déclinaisons locales."

Autre thème récurrent, "l'irresponsabilité d'un certain nombre de médias", selon l'expression d'Eric Favey (Ligue de l'enseignement). Anne-Sophie Benoit (ANDEV) dénonce un "déferlement médiatique". Jacques Salvator dénonce la polarisation de l’attention médiatique dans sa commune sur l’école Robespierre qui a fait de "la résistance", alors qu’il y a 32 écoles à Aubervilliers.

Mais tous pointent aussi "le risque d'échouer" si le temps de la concertation n'est pas suffisant, et ne permet pas de mettre tout le monde "autour de la table. A Eragny-sur-Oise, la concertation a démarré au mois de novembre l’année dernière et les familles ont préféré le mercredi matin au samedi, ce qui n’était pas le choix de la municipalité, laquelle a dû "batailler ferme avec l’Education nationale" pour avoir trois fois 1 heure d’activités éducatives complémentaires avec des emplois du temps alternés. "Nous avons pu faire appel à des associations venant d’un peu plus loin qu’Eragny en leur offrant deux heures d’activités sur l’après-midi" au lieu d'une.

PEL ou PEDT ?

A Aubervilliers, "les retours étaient mitigés entre l’acceptation de la réforme et une volonté émise par les conseils d’écoles de demander de partir en 2014", explique Jacques Salvator. La municipalité a alors acté son "premier divorce avec la communauté éducative" et a plutôt répondu "aux interrogations des parents". Yves Fournel, à Lyon, demande de "la visibilité" à long terme sur les financements, et plaide pour "une période transitoire", correspondant au temps d'un mandat municipal, pour en améliorer la mise en place.

Eric Favey évoque lui aussi la nécessité de prendre le temps de la concertation, et sans doute d'avoir un tiers pour favoriser les échanges entre les parties, mais il met en garde contre "les officines" qui proposent leurs services aux municipalités. Anne-Sophie Benoit, forte de l'expérience des PEL, projets éducatifs locaux, n'est pas très favorable aux PEDT, projets éducatifs de territoire, qui voient le produit de cette concertation avalisé par le DASEN (directeur des services de l'Education nationale) et le préfet. Elle y voit "un encadrement étatique", "une mise au pas plus qu'une reconnaissance du rôle des collectivités".

Les problèmes de recrutement des animateurs ont aussi été évoqués à plusieurs reprises, même si Eric Favey est convaincu qu'il y a "des talents partout" et qu'on peut "remobiliser les habitants" autour de l'éducation, en faire "un objet collectif". A Eragny, les difficultés "ont été résolues à la Toussaint". A Aubervilliers, l'une des raisons invoquées pour "partir en 2013" est que la Ville "aurait eu les pires difficultés à recruter des animateurs" si elle avait été en concurrence avec ses voisines. Patrice Weisheimer (Syndicat UNSA de l'éducation populaire) estime à 300 000 le nombre des animateurs à former. D'où "un gisement d'emplois", mais aussi la nécessité de "finir la filière" avec la création d'un diplôme de niveau bac+3, et de participer au travail des ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) pour une culture commune avec les enseignants.

Les animateurs et  les enseignants

Car "le mépris dont les animateurs font l'objet" de la part des enseignants est un autre motif de colère pour Eric Favey. A Eragny d'ailleurs, parmi les problèmes rencontrés, l'élu cite "la transmission des informations entre le temps de classe et les activités éducatives complémentaires, notamment pour le recensement des élèves", mais il évoque aussi "la pression des parents qui souhaitent savoir ce que font leurs enfants à chaque minute (…) Il y a une disproportion importante entre l’exigence que les parents peuvent avoir vis-à-vis du temps Education nationale et celui consacré aux activités complémentaires. On demande beaucoup plus à un agent territorial qu’à un enseignant."

Mais Pierre-Alain Roiron, maire de Langeais, est "très content que des activités soient proposées aux enfants durant la pause méridienne. Nous avions 3 animateurs auparavant contre 8 actuellement" pour "une demi-heure de plus". Sandra Gomes, directrice du service enfance-jeunesse de Pont-de-Buis-sur-Quimerch, explique que sa commune a "utilisé cette réforme comme un levier de changement" et qu'elle a "réorganisé les services pour proposer des activités de qualité".

Et cette satisfaction, tous les participants en parlent à propos des enfants. Anne-Sophie Benoit, directrice de l'éducation à Dunkerque, estime que certains "pourront pratiquer des activités qu'ils ne pratiquaient pas", par exemple, "aller à la mer", aussi étonnant que cela puisse paraître pour une ville portuaire. Bernard Defrance, administrateur de DEI-France considère d'ailleurs qu'on ne peut opposer l'apprentissage des "fondamentaux" et les activités périscolaires. "Lire, écrire, compter n’ont de sens qu’habités par le désir d’aller à la découverte du monde, des cultures, le désir de s’inscrire dans les traditions, les transmissions qui caractérisent l’école"; il pointe l’importance du plaisir et de l’investissement pour lutter contre la fatigue scolaire.

Sur l'intervention en clôture de Vincent Peillon, lire ici.

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