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Formation professionnelle initiale : la FSU en interroge les principes fondateurs (colloque)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 15 novembre 2013.

La formation professionnelle initiale ne peut pas avoir pour objectif de résorber le chômage. Cette affirmation à G. Aschieripremière vue paradoxale, Francis Vergne (co-auteur de La nouvelle école capitaliste) la défend lors de la journée organisée, hier 14 novembre, par l'institut de recherche de la FSU. Gérard Aschieri, président de l'institut et ancien secrétaire général de la fédération syndicale, avait d'ailleurs d'emblée posé la question. Qui a la responsabilité de la formation professionnelle ? Ne faut-il pas de plus distinguer deux fonctions, qui doivent collaborer sans se confondre, la formation des jeunes et la formation des salariés ou des demandeurs d'emploi ?

Pour Henriette Zoughebi, vice-présidente de la Région Ile-de-France en charge des lycées, il faut bien évidemment "prendre en compte l'emploi", et les élèves de la voie professionnelle veulent trouver un emploi, mais il ne doit pas y avoir de "fléchage direct", ils sont demandeurs d'une "formation de la personne", avec une dimension culturelle "plus ample", qui leur donne davantage l'estime d'eux-mêmes, et qui laisse ouvert "le champ des possibles", cette formation ayant aussi pour fonction "la remotivation scolaire". Elle souligne que les jeunes sont attachés à tout ce qui donne du sens à leur travail, et elle cite une section de chaudronnerie qui a gagné en dignité depuis que l'établissement qui l'accueille, situé près de l'aéroport de Roissy, est lycée de l'aéronautique.

Ecoles internes et compétences

Bernard Guirkinger, membre du Conseil économique, social et environnemental, ancien DG adjoint de Suez-environnement, fait remarquer que certaines entreprises peinent à trouver les compétences dont elles ont besoin, en plomberie par exemple, et qu'elles sont amenées, comme à Florange, à créer des écoles internes. Elles sont aussi amenées à monter des formations sur les compétences élémentaires en calcul et écriture qui font parfois défaut. Mais Francis Vergne se méfie du discours sur les compétences et l'employabilité et craint "un glissement vers le comportemental". On demanderait essentiellement au futur salarié "d'apprendre à bien se comporter" au lieu de lui permettre "l'acquisition de la maîtrise durable des savoirs généraux, techniques et professionnels nécessaires à l'exercice d'un métier dans un champ professionnel donné". Il plaide pour un "grand service public de la formation professionnelle qui puisse unifier sans uniformiser formation initiale et formation professionnelle" et qui reprenne "ce qu'il y a de meilleur dans l'éducation populaire et dans l'éducation permanente".

Autre question posée lors de cette journée, l'orientation n'est-elle pas "entrée dans l’œil du cyclone" alors que trois lois qui la concernent la loi de refondation, l'acte 3 de la décentralisation et la réforme de la formation professionnelle sont votées ou en passe de l'être ? La FSU considère qu'elle peut avoir "deux branches", une scolaire avec les CIO et une autre en lien avec Pôle emploi, mais elles ne doivent pas se confondre, y compris pour les jeunes de 16 ans sortis du système scolaire pour lesquels la fédération réclame "une compétence au moins partagée".

L'apprentissage n'est pas une voie magique

A noter qu'aucun des orateurs n'a contesté l'existence de l'apprentissage sous statut privé, même s'ils ont considéré qu'il ne constituait pas une panacée. Bernadette Groison ajoute : ce n'est pas non plus "une voie magique", "ce n’est pas parce qu’un jeune ne réussit pas scolairement qu’il réussira en apprentissage".

Pour la secrétaire générale de la FSU, la fédération qui syndique "de l’éducation à l’emploi travaille à tous les bouts de la chaîne de la formation" et elle "a pesé lors de la dernière la conférence sociale" (même si elle ne participe pas aux négociations formation professionnelle, ndlr). Elle défend des "parcours choisis et un travail émancipateur", et non pas l'emploi conçu comme une "réponse immédiate à un besoin économique ici ou là". Bernadette Groison a d'ailleurs adressé à Vincent Peillon une lettre ouverte dans laquelle elle estime que les orientations prises pour l'enseignement professionnel dans la loi d'orientation vont "dans le bon sens", mais où elle réaffirme "son opposition au mixage des parcours sous statut scolaire puis par apprentissage ainsi qu’à tout mixage des publics (...) par le développement de l’apprentissage privé ou public dans les EPLE".

La fédération ne s'opposera pas aux campus des métiers, "une douzaine sont déjà prévus", mais elle considère qu'ils sont "mis en œuvre sans aucun dialogue social ni au niveau national, ni surtout au niveau académique". La FSU dénonce enfin le risque d'un "retour en force de l’adéquationisme" qui amènerait le service public d'éducation à "répondre avant tout au besoin de qualification des entreprises" et elle rappelle son attachement aux diplômes nationaux et au statut des enseignants qui sont "les garants de la qualité des formations dispensées dans les EPLE".

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