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Cartes de la formation professionnelle : en méconnaissance de cause (Inspections générales)

Paru dans Scolaire, Orientation le samedi 26 octobre 2013.

"Les inspections générales ont été sollicitées par le ministre (...) pour connaître l’évolution des cartes de formation professionnelles et technologiques dans les académies" mais "les inspecteurs généraux n’ont pas rencontré d’autres acteurs que ceux relevant du ministère de l’Education nationale. Ils n’ont mené d’entretiens ni avec les branches professionnelles, ni avec les conseils régionaux." Le rapport qui vient d'être publié sur le site du ministère donne donc une vision partielle des nombreuses difficultés que rencontre l'élaboration de ces cartes. Il relève d'ailleurs que les grands axes des CPRDFP (contrats de plan régionaux de développement des formations professionnelles) sont trop généraux et "ne sont pas traduisibles tels quels (...) en conséquences pratiques sur l’offre de formation". De plus, les élus auraient tendance "à ne pas assumer les fermetures de divisions ou d’établissements nécessaires, mêmes lorsqu’il n’y a pas de débouché pour les élèves, ou que les effectifs sont devenus squelettiques". Peut-on, dans ces conditions envisager un transfert de la compétence d’élaboration de la carte des formations à la région "alors que l’État reste l’employeur des enseignants et donc largement le payeur". Les inspecteurs prennent l'exemple de la Corse : la collectivité ouvre "régulièrement des formations, ce qui oblige le rectorat à mettre les moyens en place, sans jamais en fermer. Cette situation ne manque pas de préoccuper le recteur qui voit arriver le moment où il ne sera plus en situation de suivre, en termes de moyens, cette politique systématiquement inflationniste". Mais ils notent que pour les recteurs aussi, "les décisions de fermeture sont difficiles à assumer".

Le rapport met d'ailleurs en cause les faiblesses de l'organisation académique. "Les anciennes procédures reposaient sur des appels d’offres assez ouverts adressés aux proviseurs, qui présentaient chacun des demandes (d’ouverture le plus souvent) (...) sans connaître clairement les objectifs académiques, ni les moyens disponibles, ni les demandes des autres établissements, ni une bonne part des données nécessaires à la connaissance des situations locales et régionales". Depuis, "de nombreuses académies ont changé la procédure" et indiquent à présent aux chefs d'établissement quelles sont les priorités "déjà arbitrées avec le conseil régional".

Le privé sous contrat, l'apprentissage

Autre difficulté, la segmentation. Les demandes d’ouvertures de l’enseignement privé sous contrat ne sont pas examinées "selon le même calendrier et avec les mêmes procédures que celles de l’enseignement public". D'ailleurs, que savent les régions de la carte du privé alors qu'elles n'ont pas "de contacts fonctionnels réguliers" avec les responsables de l’enseignement catholique sous contrat" ? L'enseignement agricole fait l’objet d’une réflexion séparée, de même que l'apprentissage, pour lequel les inspecteurs envisagent deux scénarios, le développement de l’apprentissage public dans les LP, ou "le développement de formules permettant de mixer apprentissage privé et statut scolaire", avec à nouveau deux scénarios, "un an sous statut scolaire, deux ans sous statut d’apprentissage", ou "des formations mixtes (accueillant dans une même groupe classe des élèves sous statut scolaire et des apprentis, voire des stagiaires de la formation continue)". Mais ils signalent "des résistances de toutes natures" et les "réticences des chambres consulaires, des conseils régionaux, des proviseurs, des enseignants." Le montage des projets "est si complexe, notamment du point de vue pédagogique, que les chefs d’établissement et les équipes y renoncent le plus souvent".

Au total, "la carte des formations s’inscrit dans un système de contraintes structurelles", les besoins des entreprises "ne sont pas toujours faciles à énoncer", "le souci de l’accueil de tous les jeunes en formation ou la recherche d’un équilibre entre territoires infrarégionaux, joints aux pesanteurs naturelles de chaque appareil de formation, conduisent finalement à des évolutions prudentes des cartes de formation". Les inspecteurs souhaitent que les décideurs régionaux se mettent d'accord "sur la manière de travailler concrètement ensemble" et qu'ils disposent d' "un outillage précis permettant la connaissance des secteurs économiques, par filière et par bassin". Ils plaident pour une simplification de l’offre des diplômes professionnels dont "le nombre élevé et la spécialisation" ont un impact négatif "sur la gestion des enseignants, sur l’orientation des jeunes au sortir du collège ou du lycée, sur le coût des formations et des examens". Ils demandent aussi que soient assouplies "les règles d’intervention des enseignants en apprentissage".

Un point positif pourtant, le rapport note "des relations de travail plus constructives" entre les rectorats et les collectivités depuis l'année dernière: "les changements politiques ont mis fin au refus de certaines régions de travailler avec l’État, et quelques changements de recteur ont mis fin à une situation de blocage" tandis que "l’annonce d’un projet de loi de décentralisation a joué un rôle incitatif évident, plusieurs conseils régionaux accélérant le rythme de travail sur cette problématique de l’offre de formation professionnelle". Joue aussi un autre facteur : "la dégradation économique et la raréfaction des ressources publiques conduisent les acteurs et décideurs locaux à davantage de solidarité."

Le rapport est téléchargeable ici.

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