Education-Economie : "un dialogue indispensable" (J-M Ayrault)
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 18 octobre 2013.
Le dialogue entre éducation et économie est "indispensable" à la refondation de l'école et à l'économie elle-même, déclare Jean-Marc Ayrault ce 18 octobre. Le Premier ministre installait le CNEE, le "Conseil national éducation économie", présidé par Jean-Cyril Spinetta qui a été "directeur des collèges" au ministère, inspecteur général de l'Education nationale et président-directeur général d'Air France-KLM, et qui a donc, a souligné Vincent Peillon, "une double culture assez rare dans notre pays". Pour le Premier ministre, la composition même du CNEE* et son "cercle le plus large possible" en fait "une fabrique de consensus".
Après avoir souligné, non sans malice, que le précédent Haut Comité Education-Economie avait été supprimé "au milieu des années 2000" [donc par la Droite, ndlr], qu'il avait été créé par Jean-Pierre Chevènement et que Jean-Luc Mélenchon en 2001 avait vanté la nécessité de rapprocher école et économie, J-M Ayrault lui assigne plusieurs missions. La première porte sur la prospective, "le point faible de tous nos dispositifs", et qui suppose "d'élargir au maximum la réflexion". Deuxième axe, "consolider toutes les formes d'alternance", dont l'alternance sous statut scolaire, les deux formes d'apprentissage n'étant pas "destinées à se concurrencer mais à être complémentaires".
Redressement productif et redressement éducatif
Le Premier ministre évoque également les "parcours d'orientation que l'Ecole doit offrir à chaque élève" et "le nouveau service public d'orientation, coordonné par les Régions". Pour lui, "ces efforts nouveaux ne porteront leurs fruits que si les partenaires de l'Ecole y contribuent activement". Il faut que les visites de professionnels dans les classes et les rencontres de terrain "s'amplifient" et qu'elles "s'intègrent pleinement" au travail pédagogique. J-M Ayrault évoque enfin "l'esprit d'entreprendre". Même s'il s'agit de "faire comprendre l'entreprise dans toutes ses dimensions", le terme entreprendre doit être pris au sens large, "dans tous les domaines, économique, mais aussi social, sportif, culturel, artistique".
Vincent Peillon développe plusieurs de ces points. Il fait le lien entre "redressement productif et redressement éducatif" et il considère que la question de l'orientation a été, jusqu'à présent, "sous traitée", alors que chaque élève doit "apprendre à construire son orientation", une préoccupation pour le Conseil supérieur des programmes. En ce qui concerne la révision des cartes régionales de la formation professionnelle initiale, il fait remarquer que l'Education nationale a renoncé à avoir "le dernier mot", et qu'il s'agit de les définir "ensemble", les syndicats patronaux étant "bienvenus". A condition que les entreprises proposent des stages et que ces stages soient "de qualité", l'Education nationale étant prête à former les tuteurs, à les accompagner.
Le ministre de l'Education nationale se déclare "favorable au développement de l'apprentissage", il prend d'ailleurs l'engagement d'une augmentation de 50 % du nombre des apprentis sous statut scolaire. Il "aime" l'enseignement professionnel qu'il entend "conforter". Il s'engage enfin à respecter les avis du CNEE.
Qui fait quoi ?
Interrogée par ToutEduc, Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, voit dans ce Conseil le "signal" qu'il est temps qu'entreprises et établissements scolaires "se parlent normalement" et que sont derrière nous les visions caricaturales d'une école incapable de s'adapter et d'entreprises exclusivement intéressées par l'exploitation de la main d'oeuvre. "Ce qui n'empêche pas les débats" pour savoir "qui fait quoi".
* Le CNEE est constitué pour 5 ans et comprend 5 chefs d'entreprise (J-L Beffa, Saint-Gobain, P. Berna, comité Richelieu, X. Huillard, Vinci, H. Lachmann, Schneider electric, M. Penivaud, DRH Danone), ses 5 représentants des employeurs (UDES, UPA, MEDEF, CGPME, ANDRH), des salariés (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT et CGT-FO), ses 5 représentants des personnels enseignants (SE-UNSA, CGT Educ'action, SNALC, SNES, SGEN), ses 4 directeurs d'administrations centrales (DGESIP, Supérieur; DGESCO, Education nationale; DGCIS, Redressement productif et DGEFP, Travail) et ses deux présidents de conseils régionaux (J. Auxiette et F. Bonneau)