S’éloigner de sa discipline pour l'accompagnement personnalisé (Fr. Lecocq à l'IREA)
Paru dans Scolaire le jeudi 17 octobre 2013.
Aide au projet personnel de l’élève, apports des activités culturelles et sportives pratiquées en dehors des temps d’enseignement, aide aux apprentissages en termes d’approfondissements et d’outillages méthodologiques qui ne se limitent pas aux disciplines mais concernent également des compétences transversales pour lesquelles l'élève doit voir le lien avec les cours comme la prise de notes, la mémorisation, l’attention, la concentration, la capacité à comprendre des énoncés… tout cela fait partie de l’accompagnement personnalisé mis en place dans les lycées, qui doit être conçu comme un accompagnement global de la personne.
C’est, en substance, le propos introductif tenu par Yves Lecocq, professeur de lycée et auteur de "Accompagner au lycée", ouvrage qu’il est venu présenter lors du "5 à 7" qu’organisait hier 16 octobre l’IREA (Institut de recherches, d’études et d’animation du SGEN-CFDT). Ce moment était commun avec le Cercle de recherche et d’action pédagogiques (Crap-cahiers pédagogiques), l’ouvrage, qui croise les regards de chercheurs et de praticiens, ayant été réalisé en partenariat avec ce dernier dans le cadre de la collection Repères Pour Agir –SCEREN ( CNDP CRDP), dirigée par Jean-Michel Zakhartchouk.
L'institution est à la traîne
Si le dispositif de l’accompagnement personnalisé a fait disparaitre un certain nombre d’actions déjà mises en place dans ce domaine par des enseignants innovants, il leur a donné une audience plus grande, leurs collègues faisant appel à eux pour les aider à la mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé. L’enseignant se trouve ainsi confronté à une double révolution : s’éloigner de sa discipline, rentrer dans une relation duelle, au risque d’être purement dans l’affectif et de rendre plus difficile l'autonomisation de l'élève. Les formations initiale et continue des enseignants ont à intégrer cette double révolution. D’autre part, l’importance du rôle du chef d’établissement est soulignée, notamment sur le plan des priorités à fixer pour l’accompagnement et de la répartition des moyens qui en découle.
Dans une posture d’artisan du développement personnel de l’élève et de conseiller qui, entre autre, essaye de comprendre comment fonctionne l’élève et le questionne pour provoquer des prises de conscience, l’enseignant, par la voie de l’accompagnement personnalisé, change sa relation aux élèves. Ce changement, fondé également sur l’association des élèves au diagnostic des besoins, à l’élaboration des actions et à leur évaluation, ne peut être que bénéfique, en particulier pour les plus fragiles… et aussi pour les enseignants. En définitive, l’accompagnement se révèle comme devant être central dans le système éducatif. Il répond à une demande forte des élèves, des parents… et des enseignants. L’institution, elle, est encore à la traîne.