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"La société a-t-elle intérêt à instruire le peuple ?", une question posée par "Problèmes de l'école démocratique" (B. Garnier)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 16 octobre 2013.

"La société a-t-elle intérêt à instruire le peuple ?" La question est brutalement posée dès les premières pages d'un ouvrage collectif coordonné par Bruno Garnier (Université de Corse) qui éclaire les "problèmes de l'école démocratique" par une plongée historique. Dans la France de l'Ancien régime, "l'éducation avait essentiellement pour mission de conserver l'ordre existant" et l'instruction de permettre à chacun d'exercer la fonction dont il hériterait. Dès la fin du XVIIIème siècle apparaît l'idée que l'élargissement de l'instruction augmenterait la prospérité collective. S'y ajoute bientôt "la mission d'effacer toute forme d'inégalité liée à la naissance". Mais "l'instruction est-elle un bien à partager entre tous les hommes" ? Les familles ont-elles leur mot à dire ?

Dans la première moitié du XXème siècle se pose une nouvelle question, celle de la détection et du développement des aptitudes, et donc d'une "association entre pédagogues et psychologues". Mais Jean Zay ne put mener à bien la grande réforme qu'il envisageait, et, après guerre, "la IVème République renonça, elle aussi" aux ambitions de la Libération. Cela n'a pas empêché que l'on passe peu à peu de la "démocratisation de la sélection" à la "démocratisation de la réussite"... ce que contrariait "l'absence de tronc commun au début de la scolarité secondaire". Le socle commun peut-il y pourvoir ? "Il participe d'une actualisation des connaissances de base indispensables à la compréhension du monde, il permet l'accès à la formation tout au long de la vie et il transmet les outils de la mobilité et de l'intégration sociale à tous". C'était déjà, en 1925, le projet du "Cartel des gauches" qui avait défini "la culture générale commune à tous les élèves" comme "tout ce qui, indépendamment de la profession, prépare l'enfant à la vie".

Toutefois, ce socle est-il "la traduction de directives européennes d'inspiration libérale, ou un nouveau jalon dans l'histoire française de la démocratisation de l'enseignement", à moins qu'il ne faille y voir "une tentative de conciliation entre plusieurs impératifs d'inspiration différentes, un objet hybride" ? Et se trouve toujours posée la même question "nodale", "comment peut-on former tous et les meilleurs" ?

Outre Bruno Garnier, ont participé à cet ouvrage Catherine Dorison (Certy-Pontoise), Pierre Kahn (Caen), Frédéric Mole (Saint-Etienne), Noëlle Monin (Lyon-I), André D. Robert (Lyon-II), Jean-Yves Séguy (Lyon-II), Marianne Thivend (Lyon-II).

jean-Paul Delahaye, IGEN, directeur général de l'enseignement scolaire, et professeur associé à Paris-V signe une importante postface.

"Les problèmes de l'école démocratique", sous la direction de Bruno Garnier, CNRS éditions, 271 p., 22 €

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