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Un ouvrage recense les souffrances des enseignants

Paru dans Scolaire le lundi 14 octobre 2013.

L'ouvrage "Souffrir d'enseigner... faut-il rester ou partir?" s'est nourri de témoignages quotidiens d'enseignants sur leur mal-être parvenus à l'association Aideauxprofs.org entre le 1er janvier 2011 et le 1er juillet 2013. Il est écrit par Rémi Boyer, agrégé de géographie, créateur du site aideauxprofs.org, et José-Mario Horenstein, médecin psychiatre à la MGEN, la mutuelle de l'Education nationale. Quelques 6 000 enseignants ont contacté le site, spécialisé dans l’accompagnement vers la reconversion depuis 2006. "Seuls les enseignants qui souhaitaient changer de métier, dans 80% des cas pour quitter des conditions de travail qu'ils ne supportaient plus, ont crée sur le portail un compte personnel (...) en confiant eux-même leurs doutes, leurs peurs, leur mal-être, leurs attentes, leurs besoins, leurs envies", expliquent les deux auteurs dans l'introduction.

"Devenir enseignant, c'est se préparer à être polyvalent"

"Devenir enseignant, c'est se préparer à être polyvalent dans ses savoir-faire et savoir-être en exerçant de multiples fonctions auprès des élèves: à la fois animateur, assistante sociale, chef de projet, coach, concepteur, éducateur, formateur, gendarme, infirmier, médiateur, psychologue, secrétaire, surveillant". Mise à part cette relation aux élèves source de mal-être, les auteurs pointent des contacts parents-profs tendus et des relations hiéarchiques possibles "sources de frustration et de harcèlement moral". Evelyne, qui enseigne l'anglais, est gênée par "ce regard critique croisé des élèves et des parents." "A la base j'aime toujours préparer des cours (...) mais je n'aime pas la pratique de l'enseignement. Je n'aime surtout pas l'image fausse que le public a de ce que je fais, les élèves pénibles et insolents, les parents qui pensent pouvoir mieux faire que moi (...) les problèmes avec certains collègues et principaux, ne jamais pouvoir travailler où je veux, devoir travailler chez moi le soir ou le week-end, les réunions inutiles ainsi que les évaluations supplémentaires (...). J'envisage d'arrêter d'ici 2 ou 3 ans". Edith, professeure des écoles, va dans le même sens  : «Je n’ai plus la motivation nécessaire : classe difficile, élèves de plus en plus insolents, relation difficile avec certains parents qui s’imaginent qu’on est des fainéants.» Christelle; 33 ans, professeur des écoles, dit qu'elle ne veut plus aujourd'hui de ce métier " qui prend tout mon temps libre, qui m'occupe l'esprit en permanence". Elle dénonce également "la non-reconnaissance de la hiéarchie (...) l'impression de travailler pour rien, de se battre contre des moulins à vent".

Les affectations indésirables sont sources de frustrations

Les deux auteurs décrivent également "l'affectation non désirée (comme) source de frustrations et de difficultés". Qui plus est "le lieu d'affectation est facteur de stress, tellement le nombre d'établissements difficiles a augmenté depuis plus d'une décennie." Ceux-ci sont "rudes" à vivre au quotidien. "Les découragements sont très fréquents parmi ses enseignants, et il leur est difficile de s'extraire de ce type d'affectations, de moins en moins bien valorisées dans las baromètres de mutation." Le manque d'autorité ou la difficulté de "tenir une classe" ou par exemple faire cesser le bavardage est "sources de problèmes de santé." Cela engendre la "démotivation, du découragement, des déprimes à répétition." En outre, les auteurs pointent que " au-delà de 6 à dix années d'enseignement la routine gagne, si l'enseignant enseigne toujours aux mêmes niveaux de classe, dans le même établissement". Le sentiment d'avoir fait le tour de son métier engendre "lassitudes, désillusions, amertume, découragement, démotivation, déprime."

Georges Fotinos, chercheur ex-enseignant et inspecteur, explique dans la préface, que "les temps changent et l'espoir est à nouveau permis". Il rappelle la déclaration de Vincent Peillon qui reconnait "un malaise diffus chez les professeurs qui s'interrogent sur le sens de leur métier et sur le cadre dans lequel ils l'exercent; ils ne se sentent plus soutenus voir respectés". Le ministre, "ne vient-il pas d'ouvrir le grand chantier sur la redéfinition du métier d'enseignant, attendu depuis des décennies, et dont dépend fortement l'avenir du système éducatif", insiste Georges Fotinos. Les deux auteurs estiment quant à eux que c'est urgent que le pays développe la qualité de vie des professeurs et préserve leur santé.

"Souffrir d'enseigner... faut-il rester ou partir", de Rémi Boyer et José Mario Horenstein, les éditions de la mémoires, 26 euros à commander ici



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