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Notation et évaluation des élèves : incohérence, absence de réflexion, absence de pilotage (inspection générale)

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 14 octobre 2013.

"Si la variété et la diversité des systèmes de notation est l’apanage de l’école primaire, il n’en est pas de même au collège où la culture de la note chiffrée est très profondément ancrée dans les mœurs", constate l'IGEN (Inspection générale de l'Education nationale) qui ajoute que les professeurs des écoles recourent "majoritairement aujourd’hui aux appréciations littérales et ensuite à la validation de type 'acquis, en cours d’acquisition, non acquis' (...) La notation chiffrée intervient en troisième position." Mais "une différence apparaît clairement dans leur utilisation selon les trois cycles de l’école primaire" puisque la notation chiffrée est beaucoup plus fréquente dans le cycle 3, mais qu'elle "n’intervient guère avant".

En revanche, "les écoles ont fait preuve depuis la loi de 1989 d’une grande inventivité dans [le] domaine" de l'évaluation, et elles sont "très nombreuses à avoir inventé leur propre code, à base de trois, quatre ou cinq couleurs,"à base de smileys qui peuvent être à leur tour combinés avec des couleurs", de dessins (soleil, nuages) "qui peuvent aussi être combinés avec des couleurs". Et souvent chacun fait ce qu'il veut. Dans une école qui compte 18 enseignants, "quatre codes couleurs différents sont utilisés: un code à trois couleurs dans un des trois CP ; un code à quatre couleurs dans un second CP, un code à quatre couleurs, différent, dans un CM1, un code à cinq couleurs encore dans un CM1 / CM2, un code à trois couleurs dans un CM2"...

Une démarche marginale au collège

Au collège, "la démarche de classe sans note est, sinon marginale, du moins beaucoup plus rare". Elle est toujours le fait "d’un petit nombre de pionniers", de "quelques professeurs particulièrement investis", et "on n’assiste à aucun endroit à l’élaboration d’un projet qui répondrait à une analyse de besoins collectivement réfléchie sur des bases objectives et qui intégrerait des résultats à atteindre". Pourtant, "au fur et à mesure de l’avancement de leur travail, chacune des équipes prend conscience que la notation n’est pas un but en soi, qu’elle constitue au mieux un simple repère, mais que l’essentiel est de donner à l’élève les outils pour progresser. Dès lors, la réflexion des professeurs porte logiquement sur la valeur à donner au travail fourni par les élèves et sur la nature des informations les plus pertinentes à leur transmettre pour qu’ils puissent se positionner dans l’acquisition de leurs apprentissages."

Sans se prononcer pour ou contre les notes, l'inspection générale relève que "l'un des effets les plus positifs d’un système sans notation chiffrée est la participation des élèves, y compris les plus en difficulté": moins d'absentéisme, moins de problèmes de vie scolaire, meilleure estime de soi, moins de stress, moins de compétition entre élèves et développement de l’entraide, prises d’initiative... mais ces effets positifs relèvent-ils "du dispositif lui-même, d’un changement dans la démarche pédagogique" ou sont-ils "la conséquence d’un investissement renforcé d’équipes particulièrement motivées et mobilisées" ?

Absence de pilotage

Autre constat : "les liens avec le premier degré sont pour le moins ténus. Les professeurs, même les plus impliqués, ne savent pas comment sont évalués les élèves à l’école élémentaire". Et l'inspection d'en appeler à "un pilotage fort", sans lequel "aucune réflexion commune sur la question de l’évaluation n’aboutira, alors même que le LPC [livret personnel de compétences] traverse toute la scolarité obligatoire". Mais l'IGEN n'a pas trouvé des IA-IPR (inspecteurs pédagogiques régionaux) particulièrement motivés : "les seuls interlocuteurs extérieurs [à l'établissement] que voient les équipes sont les membres de la cellule académique en charge de l’innovation et de l’expérimentation".

Au total, "dans la plupart des écoles et des collèges, la réflexion sur l’évaluation n’a guère abouti (...) On ne sait pas ce qu'on évalue (...) Il est impossible de savoir ce que maîtrisent effectivement les élèves et de comparer les résultats d’une classe à l’autre, d’une école ou d’un établissement à l’autre" d'autant que les enseignants ne différencient pas "évaluation formative et sommative" et que la place faite à "des formes d’évaluation reçues positivement par l’élève" comme l’auto-évaluation est très réduite. Il conviendrait donc de "repenser un véritable cadrage national de l’évaluation" quitte à "lever l’ambiguïté du concept de liberté pédagogique au regard de la nécessité de rendre compte des résultats des élèves", en clair, même si ce n'est pas explicitement écrit, de la remettre en cause.

Le rapport ici.

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