R-F Gauthier s'interroge sur les principes présidant à l'élaboration des programmes (CRAP-Cahiers pédagogiques)
Paru dans Scolaire le jeudi 03 octobre 2013.
Pour Roger-François Gauthier, "la conception française dominante des programmes d'enseignement, la plupart du temps définis par discipline et par année, dans une construction de superbe apparence, mais bâtie sur le sable (...) n'est plus recevable". Dans sa "relecture" du dossier "Questions aux programmes", publié dans le numéro de septembre des Cahiers pédagogiques, l'inspecteur général, professeur associé de politiques éducatives comparées à l'université Paris-Descartes, s'interroge notamment sur "les finalités de l'enseignement qui, si elle ne sont pas explicites, ne permettent pas de valider ou non l'inscription autrement que par la routine ou l'effet de mode de tel ou tel savoir au programme. Rappelons que les documents programmatiques qu'on trouve dans certains pays étrangers n'hésitent pas à associer en permanence les programmes à des valeurs qui les justifient: cela oblige à passer à l'explicite, cela sert de repère à chacun, et surtout cela donne aux savoirs scolaires une légitimation sociale bien supérieure; par exemple, puisqu'il s'agit d'un mot avec lequel la loi nous fait désormais obligation de travailler dans le cadre du nouveau socle commun, quel sens, quelle place allons-nous donner désormais à la notion de culture, chargée de toutes ses ambiguïtés?"
Il suggère également de restructurer les programmes pour les aborder non pas comme un ensemble de savoirs à couvrir mais de manière "spiralaire", c'est-à-dire définir les savoirs scolaires comme des savoirs qui s'approfondissent progressivement, avec précisément "une visée de profondeur plutôt que d'encyclopédisme". Il affirme que "les professionnels de l'éducation doivent être les premiers à être persuadés que les savoirs de l'école valent par eux-mêmes, et valent au-delà de l'école".
Enfin, il considère que l'élaboration des programmes ne peut se faire sans lien avec l'évaluation des élèves : "quand on ne lui trace pas son empire dans le cadre même des programmes, le risque existe qu'elle fasse preuve d'excès de pouvoir".
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Judith Veil