Numérique : un rapport pour rattraper le retard français
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 24 septembre 2013.
Pour "imposer le passage au numérique des ressources éducatives", plusieurs pays ont introduit "le numérique dans les examens" ou ont fixé "une échéance au-delà de laquelle les achats de ressources par l’État ne porteraient plus que sur des ressources numériques". La mission composée des deux inspections générales de l'Education nationale, de celle des Finances et du Conseil général de l'économie (le CGEIET) n'envisage ses mesures extrêmes que comme un scénario au-delà des "dix préconisations principales, déclinées en vingt-sept propositions" qu'elle fait en conclusion de son rapport sur "la structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel".
Ii a été remis officiellement à Vincent Peillon ce 24 septembre, et le ministre de l’Education nationale "partage les analyses du rapport". Certaines des recommandations sont déjà prises en compte : mise en place prochaine d’une direction du numérique éducatif au sein du ministère, formation des enseignants et personnels d'éducation dans les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation, collèges connectés et déploiement du très haut débit pour les établissements scolaires.
Des atouts et des freins
Le rapport souligne le retard de la France "en matière de passage de l’école au numérique" et le risque de voir "le basculement vers le numérique se traduir[e] par la domination de grands acteurs globaux souvent américains". Notre pays ne manque pourtant pas d'atouts : "une tradition pédagogique forte; des enseignants motivés et créatifs (...); des opérateurs publics tels que le CNDP, le CNED, ou encore la Caisse des dépôts et consignations(...) ; un secteur de l’édition scolaire puissant, disposant d’un grand savoir-faire en matière pédagogique". Mais les rapporteurs identifient aussi un certain nombre de freins, ce qui explique qu' "il n’existe pas aujourd’hui de véritable filière industrielle identifiée et économiquement puissante du numérique éducatif scolaire". C'est "un attachement au support imprimé", "une faible valorisation des compétences numériques au niveau des examens, une politique de recherche et d’évaluation assez peu développée sur ce sujet, et une formation à l’intégration du numérique insuffisante, du monde enseignant comme de son encadrement". Se pose aussi "la question des infrastructures (réseau) et des équipements des salles de classe et des élèves", l’absence d’interopérabilité des ENT (espaces numériques de travail), des incertitudes juridiques, qu'il s'agisse des droits d'auteur, de la protection des données personnelles ou prix unique du livre... Manquent aussi "un pilotage en mode projet" et une stratégie commune à l'Etat et aux collectivités.
De plus, les éditeurs scolaires sont "encore en quête d’un modèle économique pour passer au numérique", et les grands acteurs du numérique comme les opérateurs télécoms "restent relativement prudents face à ce nouveau domaine", par "manque de visibilité sur la demande".
Le rapport est téléchargeable ici.