"Les parents ont beaucoup d'idées très intéressantes, l'Education nationale ne les écoute pas assez" (V. Marty, PEEP)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 19 septembre 2013.
Mots clés : PEEP, Marty, rentrée, rythmes
Les élections scolaires sont trop souvent un "grand souk", estime Valérie Marty, présidente de la PEEP (la fédération des parents d'élèves de l'enseignement public) qui a perdu un siège au CSE (Conseil supérieur de l'éducation) l'an dernier, et qui espère bien le retrouver cette année. Trop souvent, constate-t-elle sur le terrain, les textes ne sont pas suivis, l'administration les connaît mal et les parents isolés, qui constituent des listes sans être affiliés à une fédération, plus encore, qu'il s'agisse des dates de dépôt des candidatures, de la taille des bulletins... "Il faudrait qu'au minimum ils soient membres d'une association dont les statuts ne soient pas incompatibles avec les principes de la République et de notre système scolaire, notamment en termes de laïcité".
Cette question constitue d'ailleurs un des chapitre du "questionnaire de rentrée" adressé comme chaque année par la PEEP à ses adhérents. Près de 6 500 d'entre eux l'ont retourné. Si 60 % d'entre eux considèrent que la laïcité est respectée dans les écoles, collèges, lycées, ils sont 41 % à penser qu'elle n'est pas comprise par les élèves. Pour V. Marty, cela témoigne du bien fondé de la charte, même si son affichage ne suffira pas à combler cette lacune. Cette enquête montre aussi l'attachement des parents, à 84 %, à la liberté en matière de carte scolaire. Pour la présidente de la PEEP, ils sont surtout inquiets des problèmes de violence, puisque dans les établissements de l'éducation prioritaire, les "enseignants sont motivés".
Filles-garçons, orientation, rythmes scolaires
Elle a été agréablement surprise de l'intérêt porté par les parents à l'égalité filles-garçons, puisque la moitié de ceux qui ont répondu trouvent importante l'action entreprise par le ministère. Ils sont près de 4 sur 10 à souhaiter voir reculer les préjugés et le sexisme. Ils sont en revanche bien peu nombreux (4%) à penser que "le principe du dernier mot laissé aux familles" en fin de troisième soit une bonne réforme. Plus de la moitié d'entre eux estime qu'il faut que les familles soient "bien informées et guidées par les équipes pédagogiques pour décider au final de l'orientation de leur enfant". Pour Valérie Marty, ils font preuve d'une "très grande lucidité".
Interrogés sur la réforme des rythmes scolaires, ils sont 3 sur 4 à penser qu'il n'est pas "normal que les activités périscolaires soient payantes", et ils sont presque autant (69 %) à penser qu'elle ne permettra pas aux élèves de mieux réussir. La présidente de la PEEP constate que "le message n'est pas passé" d'autant qu'un très grand nombre d'écoles était à la semaine de 4 jours (avec réduction des vacances) avant la réforme Darcos, et que les élèves y réussissaient. En revanche les parents attendent massivement du ministère qu'il lutte "plus amplement" contre le décrochage scolaire", qu'il travaille à la revalorisation de l'enseignement professionnel, à "apaiser le climat scolaire", à favoriser la réussite des élèves en situation de handicap. Ils sont aussi nombreux à s'inquiéter des emplois du temps des collèges et des lycées. Valérie Marty évoque des journées de 8 heures de cours, avec une heure pour déjeuner...
Elle annonce le lancement d'une campagne "exprimez-vous sur les rythmes" pour faire, d'ici décembre, "un état des lieux", et qu'on voie ce dont les gens "ont envie" et ce qu'ils refusent. Il s'agit surtout de se faire entendre alors que le ministre "a voulu aller trop vite", et que la réforme "est partie dans de mauvaises conditions".