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"Les manifestations ressemblent parfois davantage à des kermesses qu'à des actions efficaces" (UNSA)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 09 septembre 2013.
Mots clés : syndicats, grève, statut des enseignants, ESPE, PEDT, morale laïque, pédagogie

"Nous ne participons pas à la grève du mardi 10 septembre car nous plaçons l'efficacité au centre de l'activité syndicale." A la veille d'une mobilisation contre la réforme des retraites, le secrétaire général de l'UNSA, Laurent Escure, a profité de la conférence de rentrée de la fédération pour rappeler que "l'action syndicale ne se limite pas au fait de faire grève".

Il estime que le taux de grévistes parmi les personnels éducatifs sera "relativement faible". Il s'agit selon lui d' "un signe important" dans la direction prise par l'UNSA, qui privilégie "un dialogue constructif". L. Escure a rappelé que le principal acquis de ces derniers mois, une "indemnité de suivi" de 400 euros en faveur les enseignants du premier degré, a été obtenu "sans roulements de mécaniques ou d'appels à la grève, qui ressemblent parfois davantage à des kermesses qu'à des actions efficaces".

"Il ne faut pas penser que toute discussion va déboucher sur des régressions. Il faut entrer sans tabous dans les négociations", a-t-il ajouté, tout en précisant que "les prochaines élections professionnelles dans la fonction publique, en décembre 2014, serviront de juge de paix pour évaluer la pertinence des différentes stratégies syndicales".

Pas de "chiffon rouge"

C'est dans cet esprit que le SE-UNSA entend discuter de l'évolution du statut des enseignants. "Il serait stupide de faire de ce sujet un 'chiffon rouge' contre le ministère". Laurent Escure a reconnu qu'il était indispensable d'apporter des "adaptations" au métier d'enseignant, qui "ne peut plus répondre à un modèle élaboré au milieu du siècle dernier", mais ces évolutions ne devront pas s'accompagner d'une détérioration de leurs conditions de travail.

Le syndicat ne se dit "pas fermé" à l'idée d'un service "toutes charges comprises", à condition qu'il s'accompagne de certains aménagements. "On ne peut accepter un cumul des activités sans changement au niveau des rémunérations", a affirmé L. Escure, pour qui certains éléments "vont déjà dans ce sens", comme l'indemnité de suivi des élèves. "Ces éléments sont déjà installés dans le paysage et doivent désormais être clarifiés".

Au-delà du métier d'enseignant, qui est parfois "un peu trop la star des mesures prises", le syndicat a salué la "rentrée plus apaisée" de l'ensemble des personnels de l'Education nationale. Il regrette cependant "l'empilement des statuts", directement lié aux créations de poste, qui "a mis en difficulté les services de gestion des personnels". Pour améliorer ce "point sombre de la rentrée", l'UNSA estime qu'il faudrait créer des postes dans les sevices de gestion et rappelle que F. Hollande en a promis 500 sur l'ensemble du quinquennat. 

"Il y a urgence", estime Laurent Escure. "On ne comprendrait pas que le budget de cette année ne prévoie pas de création de postes administratifs. Ce serait un caillou dans la chaussure de la Refondation."

Cessation progressive d'activité

A la suite du SGEN-CFDT et du SNES (lire ToutEduc ici et ici), l'UNSA estime que l'une des priorités des mois à venir réside dans une meilleure "reconnaissance" du travail des personnels. L'UNSA pense "en priorité" aux enseignants "souffrant d'une iniquité", à savoir les enseignants du premier degré, et aux personnels de catégorie C.

Actuellement, d'après un sondage publié en juin dernier, 67% des enseignants du 1er degré manquent de reconnaissance dans leur métier, contre 63% des enseignants en général, et 92% des personnels de catégorie C ont le sentiment que leur rémunération n'est pas à la hauteur de leur qualification, contre 83% des non titulaires, 82% des catégories B et 74% des catégories A. Les personnels de catégorie C sont également deux fois moins que leurs homologues de catégorie B à trouver leurs perspectives de carrière suffisantes (9% contre 18%).

Les conditions de travail des enseignants d'outre-mer sont aussi "particulièrement préoccupantes''. L'UNSA sera reçue par le ministre "mardi 17 septembre" pour discuter de ce sujet.

La fédération voudrait également améliorer les "évolutions professionnelles" des personnels, notamment en aménageant les fins de carrière des enseignants ayant eu des conditions de travail difficiles. "Il faudrait remettre au goût du jour des dispositifs de cessation progressive d'activité", affirme L. Escure.

L'amélioration des évolutions de carrière des personnels dépendra de l'efficacité des nouvelles ESPE. Ces nouveaux établissements de formation doivent devenir "un opérateur de la formation continue" qui devrait, selon le syndicat, devenir obligatoire.

Au niveau de la formation initiale, les ESPE ne doivent être "ni des écoles normales ni des nouvelles IUFM" afin de ne pas devenir "une antichambre des concours". L'intégration de pratiques professionnelles dans le cursus est cependant indispensable, de même que l'association des personnels scolaires et périscolaires. "Il faut faire de la pédagogie une valeur centrale du système éducatif. C'est parce qu'un enseignant aura été sensibilisé à des éléments pédagogiques qu'il sera capable d'assumer des sujets transversaux, comme la morale laïque", soutient l'UNSA.

Bonnes pratiques

Comme les ESPE, les projets éducatifs de territoire (PEDT) sont "une occasion inespérée d'associer différents acteurs" et la "porte d'entrée vers un changement d'éducation global". Selon le syndicat, les difficultés de mise en place de la réforme des rythmes ou des ESPE témoignent d'une "occasion manquée" par F. Hollande : la création d'un grand pôle éducatif, regroupant l'éducation et la jeunesse, dont l'absence "pénalise" la démarche de Refondation en complexifiant la communication entre les différents acteurs.

L'UNSA prévoit de recenser les  bonnes pratiques mises en place par les villes qui ont adopté la réforme des rythmes dès cette année, en collaboration avec la Ligue de l'Enseignement. Elle espère ainsi montrer "la plus value éducative d'une pensée globale" et accélérer le "changement de culture" des personnels.

L'enseignement laïque de la morale pourrait devenir un autre "levier pédagogique" propre à introduire une nouvelle "culture de l'évaluation" dans les classes. Il faudrait pour cela que cette discipline soit transversale et ne fasse pas l'objet d'une notation, trop souvent proche de la sanction. Le syndicat se dit favorable à une "évaluation formative", comme l'autoévaluation, qui pourrait remplacer avantageusement la note de vie scolaire.

par R.G.

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