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Le SNPDEN approuve la démarche de "refondation", mais pose quelques questions gênantes

Paru dans Scolaire le lundi 26 août 2013.
Mots clés : SNPDEN, refondation, carte scolaire, cycles, Tournier

"Effet démobilisateur", "perte de confiance", "occasion ratée"... Sans remettre en cause la démarche de Vincent P. Tournier (dr)Peillon, et tout en rappelant que le SNPDEN (syndicat UNSA des personnels de direction) a voté tous les textes d'application présentés au mois de juillet, Philippe Tournier, son secrétaire général, pointe, à une semaine de la rentrée, les défauts de la méthode. C'est d'abord la lenteur du processus, engagé dans un certain enthousiasme avec la grande concertation de l'été 2012, mais qui n'aboutit au vote de la loi qu'un an plus tard.

C'est aussi l'absence d'avancées sur la carte scolaire, dont Nicolas Sarkozy avait annoncé la suppression pour 2010, suppression qui n'a pas eu lieu. Or depuis, il ne s'est "rien passé" et "on ne sait toujours pas très bien où en est". Le logiciel de gestion des affectations des élèves, Affelnet, "aggraverait plutôt le risque de polarisation", voire d'ethnicisation des établissements, au point que la mixité sociale y est parfois moindre que dans le quartier où ils sont situés. Entre deux élèves, c'est en effet à celui qui a les meilleures notes qu'est donnée la préférence, ce qui va dans le sens d'un renforcement des inégalités. Mais Philippe Tournier ne se fait pas d'illusions, il n'y a pas de retour en arrière possible à une carte qui ne visait d'ailleurs pas la mixité scolaire. De plus, tout volontarisme se trouverait contredit par les modalités actuelles de contractualisation avec l'enseignement privé, qui amènent l'Etat à en financer le contournement. "Il faut que le contrat qui lie ces établissements soit subordonné à l'intégration d'un objectif de mixité sociale et scolaire." L'organisation syndicale devrait toutefois publier cet automne quelques scénarios possibles. Elle estime qu'il y a urgence, quand la distance entre les discours sur l'égalité et la justice et les réalités que constatent les élèves contribuent à une perte de confiance dans l'institution.

Cycles, brevet, bac

Le SNPDEN s'inquiète aussi d'une réforme des cycles qui risque de manquer de contenu, et du silence sur "une réforme radicale du collège" à laquelle "on n'échappera pas". Faute d'avoir modifié la dénomination des classes, le collège apparaît en effet comme l'antichambre d'un lycée dont le bac serait la finalité. Il faut supprimer le brevet, dont la logique entre en contradiction avec le socle commun, lequel devrait être validé en fin de 4ème, avant un cycle d'orientation progressive sur deux ans, le lycée d'enseignement général s'inscrivant ensuite dans le LMD. Le bac doit retrouver son sens premier, redevenir un examen d'entrée dans l'enseignement supérieur. Il est de fait aujourd'hui un certificat de fin d'études secondaires, et il est logique que le taux de succès approche progressivement les 100 %...

En ce qui concerne les missions des enseignants, "l'encadrement est plus que las" de constater que les textes ne correspondent pas aux discours. "Si on ne touche pas au statut de 1950, qu'on revienne aux missions de 1950", mais qu'on ne déclare pas que le remplacement ou l'accompagnement éducatif sont des priorités, tout en faisant appel au volontariat ! Le SNPDEN demande aussi un rapprochement progressif de tous les corps d'encadrement, personnels de direction, inspection du premier degré (IEN) et du second degré (IA-IPR) pour permettre des évolutions de carrière. Il reprend d'ailleurs une enquête menée il y a dix ans sur les conditions de travail des personnels de direction. Philippe Tournier considère que "le climat est plus favorable" à des évolutions qu'il y a 10 ans, mais qu'il ne faudrait pas "rater cette occasion" comme à la fin des années 80... Autre motif d'inquiétude, les contrats tripartites établissement-rectorat-collectivité. Le SNPDEN y est très favorable, il en est même l'inventeur. Mais il craint que les représentants de l'Etat ne jouent pas le jeu, et ne respectent pas leur parole, ce dont l'Etat est coutumier.

Contractuels

En revanche, l'une des sources d'inquiétude du syndicat semble s'éloigner. Les établissements ont prévu des plages de 6 heures dans les emplois du temps pour les reçus au deuxième concours 2013 titulaires d'un M2. Il n'était pas du tout certain qu'ils soient très nombreux à accepter un contrat à temps partiel. Certaines académies craignaient même qu'ils ne soient pas plus de 25 % dans ce cas. Au niveau national, il semblerait qu'il soit près de 70 %, et que la plupart des académies aient bien géré cette incertitude, en évitant de proposer des heures dans des établissements difficiles, loin de l'université. Philippe Tournier se refuse à désigner celles des académies qui l'ont moins bien géré...

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