Jean-Marc Ayrault en appelle à l'inventivité des enseignants, mais en lien avec la recherche
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 23 août 2013.
Mots clés : Ayrault, Hollande
"Il faut réinventer une nouvelle alliance" entre le monde universitaire et le monde de l’enseignement scolaire pour "surmonter ce paradoxe qui veut que l’école ait réussi à accueillir tous les enfants mais soit encore toujours impuissante à assurer la réussite de tous". Jean-Marc Ayrault a réuni hier 22 août à Matignon les recteurs et directeurs académiques des services de l’Education nationale. La démarche est inédite de la part d'un Premier ministre.
Il a rappelé la genèse de la loi d'orientation qui "marque l’ambition du Gouvernement et de la majorité d’une refondation profonde et globale de notre système scolaire", ainsi que les mesures prises en termes de moyens humains et financiers: "toutes les conditions sont désormais réunies pour nous permettre de réussir ce chantier décisif", mais "beaucoup dépendra de [leur] implication personnelle et de celle de [leurs] équipes".
Une autre façon de travailler
Il attire notamment l'attention de ces cadres supérieurs sur le fait que "le modèle pédagogique sur lequel [notre école] a été construite fonctionne bien pour 80% des élèves": "Nous devons tout faire pour favoriser aussi la réussite des 20% restants. C’est à travers cet objectif que doit désormais se mesurer l’efficacité de l’école." Encore faut-il adopter "une autre façon de travailler, adaptée au public scolaire d’aujourd’hui". Mais "nous ne savons rien ou presque sur la façon dont il faut enseigner [dans les quartiers difficiles] pour faire reculer l’échec scolaire". Pour le Premier ministre, il est pourtant clair que "là où la norme est impuissante, là où elle a failli, il faut en changer", ce qui suppose de ne pas brider les initiatives des enseignants, de "redonner tout son sens à l’idée de liberté pédagogique".
Pourtant, l'innovation suppose un travail en équipe, des outils numériques "mis au service de la liberté et de l’inventivité pédagogiques", et elle suppose de nouer "une nouvelle alliance (...) avec le monde de la recherche". Cela vaut aussi pour la formation des 300 000 enseignants qui seront recrutés dans les 10 ans à venir, et qui passeront par les ESPE, écoles supérieures du professorat et de l'éducation: "nous faisons le pari que l’on peut concilier une formation universitaire de haut niveau et une formation initiale et continue très professionnalisée". Jean-Marc Ayrault n'ignore pas que des "dérives sont possibles" et il demande aux recteurs-chanceliers des universités, "d’être les garants de cette ambition".
"La France dans 10 ans"
Le Premier ministre clôt son discours avec des accents républicains, "soyez audacieux dans votre action et sachez rendre audacieux ceux dont vous avez la responsabilité !" Il s'inscrit dans le prolongement des propos du président de la République qui, introduisant le séminaire gouvernemental sur "la France dans 10 ans" avait fixé comme objectifs : "organiser un système de formation initiale et continue lié aux métiers du futur, (...) 'diplômer' la moitié d’une classe d’âge dans l’enseignement supérieur, (...) mettre les nouvelles technologies à la portée de tous", mais aussi "introduire des dispositifs pour prévenir les échecs, pour réduire les inégalités scolaires" et "faire de l’apprentissage et de l’alternance une filière d’excellence".
Le discours du Premier ministre ici, le discours du président de la République ici.