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Une école inclusive suppose d'autres structures et d'autres valeurs (Université d'été PRISME-PEP)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 09 juillet 2013.

Pour que notre système scolaire devienne réellement inclusif, comme le veut la loi, il faut modifier le collège, "créer un collège pour tous, mais modulaire". Jean-Pierre Delaubier, IGEN (inspecteur général de l'Education nationale), intervenait hier 9 juillet dans le cadre de l'université d'été du réseau PRISME et des PEP (association pour l'enfance et le handicap), et il a notamment évoqué la nécessité d'une école qui maintienne les élèves dans leur classe d'âge, plus ou moins un an, mais qui, au moins en français et en mathématiques, les différencie en fonction de leur niveau. Pour cet inspecteur du groupe "école primaire", connu pour ses travaux sur la scolarisation des enfants intellectuellement précoces, une école inclusive est "accessible à tous", et il ne pense pas seulement à l'accessibilité matérielle et aux enfants porteurs de handicap.

Elle est gratuite, elle ne fait aucune discrimination, et elle est ouverte aux enfants sans papiers, aux Roms, aux malades... Bien plus, elle est organisée en fonction de chacun, y compris les enfants qui ne parlent pas français, une question posée notamment outre-mer. Bienveillante et bientraitante, elle vise à l'inclusion dans la société : ses objectifs sont explicites, qu'il s'agisse du socle commun, de l'accès à l'emploi, du plein exercice de la citoyenneté...

Ecole inclusive, école intégratrice

Cette école inclusive n'est pas, pour Jean-Pierre Delaubier, une "école intégratrice", qui vise à rendre l'autre pareil au groupe, qui lui demande de faire un effort, de se plier aux règles, elle s'organise en fonction de ce qu'est la personne et de ce qu'elle veut. Mais si on veut inclure, il faut sans doute transformer notre système d'évaluation et avoir pour chaque élève, au moins pour chacun de ceux qui ont des "besoins éducatifs particuliers", un projet personnalisé. Il faudrait donc étendre les PPS (parcours personnalisés de scolarisation), actuellement mis en place pour les élèves porteur d'un handicap, à tous les enfants pour lesquels on identifie une difficulté, et peut-être même à tous...

Peut-être faudrait-il aussi qu'au collège, tout élève se voie désigner un tuteur, un enseignant qui le suive, et qui, s'il perçoit un problème, pourra agir aussitôt. Il faudrait encore mettre un peu d'ordre dans l'ensemble des dispositifs d'intégration et de remédiation existant pour les élèves non francophones, les gens du voyage, les enfants de la batellerie, les enfants intellectuellement précoces, les enfants malades, les mineurs sous main de justice, les troubles du langage, les enfants à domicile, les décrocheurs, ceux des "quartiers" de la politique de la Ville... dont l'action n'est pas cohérente, qui étiquettent les élèves, et qui ne prennent pas en compte la complexité. "A-t-on le droit d'être à la fois étranger, handicapé, et intellectuellement précoce ?" s'exclame Jean-Pierre Delaubier. qui parle en son nom propre, mais dont on peut penser que les préoccupations sont partagées au ministère.

Les valeurs contre les structures

Il intervenait au terme d'une matinée de débats au cours desquels Marie-Christine Philbert et Sophie Cluzel, l'ancienne et l'actuelle présidente de la FNASEPH avaient mis en garde contre une formation des enseignants qui viseraient à en faire des "spécialistes du handicap", ce qui serait une illusion, et ce qui reviendrait à fonder leur démarche sur des réponses techniques. Déçues par les textes sur les ESPE qui ne prévoient pas une "vraie incitation" à cette formation, elles demandent que ces "écoles supérieures du professorat et de l'éducation" les amènent à "changer de posture", à "ne pas avoir peur" du handicap, et à penser que certaines techniques valables pour des enfants en difficulté peuvent aider d'autres enfants. Jacques Guyard, ancien ministre, insiste, "c'est par les valeurs qu'on fera évoluer les structures".

D'autres propositions ont été faites hier dans le cadre de cette université d'été, notamment rapprocher physiquement le monde médico-social et les écoles, pour constituer des "groupes scolaires médico-sociaux" pour éviter la dichotomie, et "déconstruire les frontières" sans nier la nécessité de prises en charge spécifiques. Jean-Louis Auduc rappelle d'ailleurs l'importance de certaines ruptures, et il se demande si "la fracture sexuée", marquée par l'échec massif des garçons, n'est pas liée à l'absence de rite de passage. Alors qu'une fille réglée sait qu'elle a passé un cap, le garçon a besoin de se prouver qu'il est sorti de l'enfance. Il faudrait lui dire qu'à 13 ans, il peut être élu au conseil d'administration de son collège. Jean-Pierre Villain, président de la fédération générale des PEP, souligne pour sa part plusieurs motifs d'inquiétude, le risque de voir les inégalités s'accroître sur le territoire, le risque de la marchandisation des activités périscolaires et le risque de voir se développer les communautarismes. L'école inclusive n'est pas seulement un concept, elle doit s'ancrer dans des espaces dont on ne sait qui les pilote... Sera présenté en fin d'université, ce 10 juillet, un "guide méthodologique des projets éducatifs territoriaux".

Le site de l'Université d'été ici

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