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Le Concours général récompense des "talents pluriels"... et "prédestinés"

Paru dans Scolaire le mardi 09 juillet 2013.
Mots clés : Peillon, sciences, professionnel, technologique, mérite, éducabilité, reproduction

"Tous les talents se valent et doivent être exploités. Notre école ne reconnaît pas assez la diversité des talents." A l'occasion de la remise des prix du Concours Général, hier 8 juillet, Vincent Peillon a tenu à féliciter "une jeunesse qui honore son pays parce qu'elle a atteint l'excellence". Cette excellence recouvre aussi bien "les travaux théoriques que pratiques", a précisé le ministre de l'Education nationale. "L'enseignement professionnel de notre pays est à valoriser, sa culture scientifique à améliorer", a confirmé George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative, également présente.

La culture scientifique a été mise en valeur par le déroulé de la cérémonie : sur les dix premières récompenses attribuées, sept concernaient des disciplines scientifiques et/ou technologiques. La composition française et la dissertation de philosophie des séries L n'ont été remises qu'en 31e et 37e position. La version latine a été davantage mise en valeur (12e récompense remise), sans doute en réponse aux polémiques liées à la place du latin au lycée (lire ToutEduc ici).

Excellence plurielle

Selon G. Pau-Langevin, la médiatisation du Concours Général a permis de couronner "l'excellence dans ses aspects divers". Initialement limité au français, au latin, au grec, à l'histoire, aux mathématiques et à la physique, le concours général s'est progressivement ouvert aux disciplines technologiques (1981) et professionnelles (1995). Aujourd'hui, la moitié des prix remis concernent les séries générales, l'autre moitié les filières technologiques et professionnelles. Les trois premières disciplines récompensées cette année recoupaient les trois types de baccalauréat: sciences de l'ingénieur (baccalauréat général), fonderie (baccalauréat professionnel), technologies industrielles (baccalauréat technologique).

Sollicité pour remettre les prix dans ces trois domaines, Vincent Peillon a eu l'occasion de féliciter des candidats aux profils divers. Les neuf primés respectaient une parité presque parfaite (4 filles, 5 garçons). "Je suis très touché de voir deux femmes primées en fonderie: c'est nouveau et cela mérite d'être salué", a notamment commenté le ministre. Les élèves qu'il a personnellement "honorés" représentaient six académies (Lyon, Strasbourg, Orléans-Tours, Paris, Nantes et Strasbourg). "L'excellence est vraiment bien répartie dans tous les coins du territoire", a souri G. Pau-Langevin. L'unique représentant Parisien avait valeur de symbole, puisqu'il provenait de la seule filière technologique du lycée Louis-le-Grand, dont V. Peillon a "salué" la création.

La "diversité" de ces talents mérite cependant d'être nuancée. Plus de 60% des élèves récompensés étaient masculins. Les deux jeunes lauréates du prix de fonderie venaient de la même classe qui ne comportait, en-dehors d'elles, que des garçons. Au niveau géographique, deux académies (Paris et Lyon) ont remporté près de la moitié des premiers prix (20 sur 48). Accessits et mentions inclus, plus de la moitié des 233 lauréats du "concours général des lycées" venaient de Paris (71), Versailles (31) ou Lyon (19). La répartition des prix professionnels ("concours général des métiers") est en revanche plus homogène, les trois académies les mieux représentées (Nantes, Lyon et Caen) hébergeant 37% des récompensés.

Lyon figure à la fois parmi les académies les plus récompensées au concours général des lycées et au concours général des métiers. La moitié des premiers prix descernés aux lycéens de l'académie de Lyon concernent ainsi des établissements professionnels et les filières technologiques. En revanche, à Paris, neuf des onze premiers prix reçus sont liés à des filières générales (pour deux technologiques). Sur les 72 lauréats parisiens (accessits et mentions inclus), 1 seul provient d'une filière professionnelle, et 3 de filières technologiques.

"Etrange aristocratie"

Parmi ces trois lauréats figure la section technologique du lycée Louis-le-Grand, qui n'hébergeait jusqu'alors que des filières générales. Le succès de cette nouvelle classe renforce l'hégémonie des deux "grands" lycées Parisiens, Louis-le-Grand et Henri-IV, qui concentrent 8 des 11 premiers prix parisiens. A eux seuls, ces deux établissements ont remporté près d'un tiers des premiers prix liés aux filières générales et 16% de l'ensemble des premiers prix (8 sur 50).

Or, depuis son institution en 1744, le Concours Général est toujours aussi décisif dans la réussite des élèves, comme l'a rappelé Vincent Peillon. "C'est un sésame qui permettra aux élèves récompensés de réussir leur vie personnelle et favorisera leur épanouissement." Tous les élèves peuvent l'obtenir à condition de le "mériter" en misant sur "la patience et l'effort".

"L'excellence du Concours Général illustre un principe fondateur, le principe selon lequel tout être humain est perfectible, tout être humain est éducable. On n'est pas coincé une fois pour toutes, nous avons la possibilité de surmonter les obstacles initiaux", s'est félicité le ministre de l'Education.

"Etange aristocratie de l'adolescence que le Concours Général ! [...] Une preuve de valeur, le premier témoignage public d'une prédestination", écrit pourtant Maurice Druon, ancien président de l'Association des lauréats du Concours Général, dans un texte placé en tête du dossier de presse. 

Raphaël Groulez

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