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Petite enfance : la taux de préscolarisation ne fait pas tout (OCDE)

Paru dans Scolaire le jeudi 04 juillet 2013.
Mots clés : petite enfance, OCDE, international, financement, Corée

L'efficacité d’un système d’accueil de la petite enfance ne se mesure pas seulement au taux d’élèves préscolarisés. C'est ce qu'affirme clairement l'OCDE dans son dernier rapport sur les systèmes éducatifs de la zone (*). Alors qu'en 2012 l'analyse de l'Organisation mettait l’accent sur le "taux de préscolarisation dans les structures de la petite enfance", la version 2013 de Regards sur l’éducation précise que "développer l’accès à ces structures sans améliorer la qualité de leurs services ne garantit pas de résultats individuels ou sociaux probants". Le niveau de qualification des enseignants, leurs conditions de travail et le nombre d‘élèves par classe sont des paramètres aussi importants que le taux de préscolarisation des enfants de 4 ans.

Quantité et qualité

Ces précisions sont autant de pierres dans le jardin de la France. En 2012, l’OCDE soulignait l’excellent taux de préscolarisation de l’Hexagone, seul pays de la zone (avec les Pays-Bas) où tous les enfants de 4 ans étaient scolarisés. En 2013, non seulement ce taux a légèrement diminué (de 2%), mais l’OCDE a davantage souligné une autre particularité française : son faible taux d’encadrement, qui pourrait menacer la "qualité des services" proposée.

Avec en moyenne 21 élèves par enseignant, la France avait en 2011 le 6e service d’accueil le plus chargé de l’OCDE et se situait largement au-dessus de la moyenne de la zone (14 élèves par enseignant).(**) En 2010, ses dépenses par enfant étaient aussi inférieures à la moyenne de l’OCDE (6362 $ contre 6762)

L’avertissement de Regards sur l'éducation 2013 ne s’applique pas seulement à la France. Sur les 7 pays de l’OCDE où le taux de préscolarisation des enfants de 4 ans est le plus important, 5 ont des classes plus chargées que la moyenne de l’OCDE (Belgique, France, Mexique, Pays-Bas, Royaume-Uni) et 5 ont des dépenses par enfant inférieures à la moyenne de l’OCDE (Belgique, Espagne, France, Mexique, Royaume-Uni). Le Mexique, notamment, scolarise la totalité de ses enfants de 4 ans mais a les classes les plus denses de l’OCDE (25 enfants en moyenne) et le plus faible budget par enfant de la zone (2280 $).

Des progrès généraux

Entre 2010 et 2011, la plupart des pays de l’OCDE ont vu leur taux de préscolarisation progresser. En moyenne, le taux de scolarisation des enfants de 3 et 4 ans est passé de 81% à 84% dans la zone, et les dépenses publiques au titre de l’enseignement préprimaire ont augmenté de 20% (passant de 0,5% du PIB à 0,6% en moyenne). Trois pays ont particulièrement développé leurs services d’accueil à la petite enfance : Israël, dont le taux de scolarisation des 4 ans et moins est passé de 86% à 94%, et les Etats-Unis, dont le taux est passé de 69 à 78%, suite à une augmentation de près de 25% de ses dépenses par enfant (passant de 8 300$ à 10 020$).

D’autres pays ont mis l’accent sur la réduction des effectifs de leurs classes de préprimaire. Le nombre d’enfants par enseignant est passé de 7 à 6 en Islande, de 13 à 12 en Israël, de 17 à 16 en Corée. Le Royaume-Uni a choisi d’embaucher davantage d’auxiliaires d’éducation puisque le nombre d’enfants par enseignant a légèrement augmenté (passant de 16 à 17) quand le nombre d’enfants par personnel éducatif diminuait (de 15 à 12).

Les Britanniques ont choisi de développer leurs services d’accueil à la petite enfance en privilégiant le public au privé. Le taux d’enfants accueillis dans un service préprimaire public est passé de 71% à 79% en un an. Israël a suivi le même mouvement : en 2011, 95% des enfants accueillis en préprimaire l’étaient dans le public, contre 89% en 2010.

Développement des financements privés

Les Pays-Bas ont spectaculairement pris le contre-pied de cette démarche, puisque le taux d’enfants accueillis dans une structure publique a diminué de 30% en un an, passant de 100% à 70%, augmentant d’autant le proportion des enfants accueillis dans le privé. Cette évolution résulte du développement des sources de financement privées aux Pays-Bas. En 2010, elles avaient pris en charge 5,8% du financement total du périscolaire, contre 1,3% un an auparavant.

Les Etats-Unis ont suivi la même dynamique. La participation des sources de financement privées a augmenté de 50% entre 2009 et 2010, passant de 19,1% à 29,1% des dépenses étas-uniennes totales. A l’inverse, la Corée a augmenté la part des ressources publiques jusqu’à inverser son modèle : le principal bâilleur de fonds des dépenses préprimaires n’est plus le privé mais le public, qui prenait en charge 52,5% du financement total en 2010, contre 42,6% un an auparavant. La Corée reste cependant le pays de l’OCDE où l’Etat participe le moins au financement des structures d’accueil de la petite enfance, juste derrière le Japon (45,2%).

"Un financement public pérenne est essentiel pour garantir la qualité des structures d’accueil de la petite enfance et permettre leur développement. En l’absence de financement public direct ou d’aides financières aux parents, le risque est plus grand de voir la qualité varier entre ces structures d’accueil ou de limiter leur accès aux enfants dont les parents sont plus aisés", rappelle l’OCDE.

(*) L’édition 2013 de Regards sur l’Education reprend des données de 2011 (excepté pour les sources de financement des services préprimaires, dont les données datent de 2010).

(**) Cet écart se réduit cependant si l’on prend en considération les auxiliaires d’éducation. Le nombre d’enfants par personnel d’éducation tombe à 14 dans l’Hexagone, contre 12 dans l’OCDE. La France fait en effet partie des 9 pays où le nombre d’élèves est nettement inférieur par auxiliaire d’éducation que par enseignant (de deux élèves au moins).

ToutEduc a publié d'autres syntèses des données publiées par l'OCDE :

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Raphaël Groulez

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