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Un plan national de lutte contre l'illettrisme prévu à l'automne (G. Pau-Langevin)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mercredi 03 juillet 2013.
Mots clés : Langevin, illettrisme, ANLCI, collectivités, régions

"Les dispositifs de lutte contre l'illettrisme sont parfois éparpillés, souvent sans cohérence et les enseignants n’en connaissent pas l’existence." A l'occasion des Assises régionales de lutte contre l'illettrisme, qui se tenaient le 2 Juillet à Toulouse, George-Pau Langevin a voulu "décréter la mobilisation générale de l'Education nationale dans la lutte contre ce fléau". Selon la ministre déléguée à la Réussite éducative, les moyens manquent actuellement pour coordonner efficacement les initiatives régionales, alors même que la lutte contre l’illettrisme a été labellisée grande cause nationale le 1er mars 2013 dernier. "Je présenterai, à l’automne prochain, un plan de lutte contre l’illettrisme", a-t-elle annoncé.

Des progrès à poursuivre

Ce plan devrait permettre de recruter davantage de coordinateurs académiques pour "renforcer le pilotage au niveau académique et départemental des dispositifs de prévention de l’illettrisme". Il cherchera aussi à mieux associer les différents acteurs éducatifs. "Pour prévenir efficacement l’illettrisme dans l’école, il convient de regarder ce qui se passe hors de l’école, dans l’environnement éducatif des enfants, pour dégager les outils les plus efficaces de prévention", a expliqué G. Pau-Langevin. Elle appelle à une "mobilisation générale" de tous les acteurs, "les associations, de terrain ou nationales, les collectivités, les familles" mais aussi les "fondations qui sont déterminées à agir". La ministre a prévu de les réunir "courant juillet" dans le cadre de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), qui devrait permettre de "mieux coordonner leurs actions".

Depuis sa création en 2000, l'action de l'ANLCI a eu des effets positifs, selon G. Pau-Langevin. En 2011, 7% des personnes de 18 à 65 ans qui ont été scolarisées en France étaient considérées comme étant en situation d’illettrisme, contre 9% en 2004. "Ce progrès relatif vient signifier que la méthode proposée est la bonne : fédérer au sein d’une même entité toutes les forces qui agissent, pour donner une cohérence à leur action", s'est félicitée la ministre, qui a appelé à "poursuivre cette lutte" en 2013.

Pourtant, selon l'analyse de l'INSEE, ce progrès serait surtout mécanique et lié à un "effet de génération". "L’amélioration des résultats globaux des 18-65 ans, est due, en premier lieu, à l’exclusion du champ de l’enquête 2011, de la génération née avant 1946 présentant un taux élevé de personnes en difficulté (un tiers), ainsi qu'à la prise en compte de jeunes nés après 1986, pour lesquels ce taux est relativement plus faible (soit 10 %)". Selon l'INSEE, le recul du taux d'illettrisme serait avant tout le reflet du développement de l’accès à l’enseignement secondaire, qui s’est généralisé dans les années 1960. L'action menée par l'ANLCI et les régions n'aurait eu qu'un effet secondaire.

L'efficacité de l'ANLCI fait débat

Certains acteurs font un pas de plus et critiquent directement l'existence d'une agence "nationale" chargée de résoudre un problème qui nécessiterait un traitement de proximité. Pour Michel Latchoumanin, professeur de sciences de l’Education à l'Université de La Réunion, non seulement l'ANLCI ne serait pour rien dans les progrès de la lutte contre l'illettrisme, mais elle aurait eu des effets négatifs en stigmatisant les personnes illettrées.

"Aujourd’hui le temps me semble venu pour que l’on mette fin aux errements d’une stigmatisation organisée en faisant l’économie d’une structure nationale de laquelle aucune région ne peut se vanter d’avoir engrangé une quelconque plus value" a-t-il écrit dans une lettre ouverte à G. Pau Langevin datée du 13 juin dernier.

Selon l'auteur d'Illettrisme ou littératie (Océan éditions, 2010), l'ANLCI s'est contentée de répertorier des "bonnes pratiques" sans s'interroger sur leur pertinence locale. Or aucun système ne fonctionne indépendamment de son contexte de production. C'est pourquoi "la solution ne consiste pas à extrapoler les pratiques qui marchent, mais bien à s’emparer du problème là où il se pose en tenant compte des représentations et aspirations des acteurs en présence".

Pour rompre avec "une gouvernance parisienne qui a montré ses limites", Michel Latchoumanin appelle à créer dans chaque région une Agence régionale de littératie (ARLI).

Le site de l'Agence Nationale de la Lutte Contre l'Illétrisme, ici.

L'analyse de l'INSEE sur les personnes en difficulté face à l'écrit (décembre 2012) est disponible ici.

La lettre ouverte de Michel Latchoumanin à George Pau-Langevin, ici.

Raphaël Groulez

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